03, beauté

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janvier, 2

nous, débris des rues, humides de torrents et sales de poussière, ne connaissons plus le beau, car ce qui l'est, nous le ternissons, le bafouons, l'encrassons. car d'un doigt, caresse infime sur blanche peau couleur proie, plus rien n'existe qu'un noir, noir plus noir que noir. putride teinte des bas-fonds de l'enfer où nous veillons, le soir, comme dans un foyer ; brûlant à petit feu à l'image de celui qui jamais ne nous réchauffera. car l'homme est égoïste et garde le confort entre ses habiles souillées, pour tiédir ses chemises en coton blanc, pour adoucir cette haine qui dans son esprit se fait grimpante. rage envers nous, animaux de ces cages oubliés dans l'ombre d'un chapiteau abandonné.

les hommes haïssent les bêtes.

les bêtes haïssent les hommes.

et pourtant ce sont tes mimines sur mon corps dont je rêve depuis des nuits. ce sont tes lèvres sur mes maux auxquelles je songe ce soir. ce sont tes battements contre mon torse pour lesquelles je vis dans le noir. ce sont tes pupilles dans ma peau pour lesquelles je me perds en insomnies.

alors mains à l'abandon, pieds ensorcelés, nous déambulons. rythmiques endiablées dansant à vif contre nos chairs, tribulations de basses nous faisant vaciller, et puis les voix montant, noyant, submergent le monde entier ; je m'abandonne à nos chaleurs. les hommes nous fixent, envie d'intrusion dans nos vies sauvages. et je veux sauter. dans le néant absolu, loin, loin, tellement loin, de leurs petits esprits effarouchés, de leurs jugements sans but, de leurs yeux criards, blafards.
je veux qu'ils me laissent, qu'ils me laissent me frotter contre ton corps brûlant, ji-min, qu'ils me laissent embrasser tes lèvres ardentes, je veux qu'ils se taisent, qu'ils s'en foutent, qu'ils se cassent.

qu'ils me laissent t'arracher aux hommes, je n'en demande pas plus à ce tas d'infâmes pupilles.

j'aimerais leur dire de retourner rire, inhaler ou peiner leur mort prochaine, leur fin certaine, que leur parfait ne m'intéressent pas. ils me le crâchent à la gueule, m'en narguent de leur bouche.
leurs toxiques ne m'atteindent plus, leurs maudites ne me tentent plus, car c'est toi auquel je suis maintenant pendant. à peine une nuit, à peine un geste, à peine un souffle, je suis déjà à ta merci. sous ton contrôle délicieux, aux ordres de ton corps, aux besoins de ton cœur, aux désir de ton âme. d'un ni homme, ni bête. hybride moderne, croisement entre mâle et loup.

« ne les regarde pas. » tu me chuchotes, passant ta langue sur ma peau.

« il n'y a que toi. » je te souris, serrant entre mes doigts ton joli haut.

les hommes et les bêtes ne s'aiment pas.
leur race leur interdit. ils n'ont pas le droit, à cause de ceci et de cela, sans que personne ne sache vraiment pourquoi. les hommes n'aiment qu'eux-mêmes. les bêtes aiment leurs pareils.

mais ce soir, un homme embrassa une bête.
et ce soir, le pur embrasa l'infect.
car le diable habitait ces deux corps fait de chairs pourrissantes, car ce qui est beau, nous le détruisons ;

j'ai noirci cette nuit l'âme de l'idéal.

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