Papa,
Ce soir, je crois que j'ai besoin d'ouvrir les vannes et je sais que ça va être un triste bordel, que les mots vont s'emmêler, que mes pensées vont se mélanger. Et surtout que rien n'aura de sens. Parce que sans toi, ma vie n'a plus de sens. Sans toi, je n'ai plus de sens. Je suis vide comme un robot. Mais un robot qui pleure ta disparition.
À vrai dire, ce soir, je n'ai rien de plus à te dire. Mais j'ai ressenti le besoin de te parler. Ça fait longtemps que je t'écris, mais j'ai l'impression d'écrire une nouvelle lettre à chaque fois. Ma main ne cesse de trembler.
Tiens, tu vois, j'ai à peine commencé que c'est déjà n'importe quoi.
Cette nuit, je t'écris. Pour me lâcher. Parce que je ne peux pas tout garder en moi. Parce que je veux parler de toi. Dis, tu ne trouves pas bizarre que je t'écrives pour te parler de toi ? Quelle ironie tragique.
Tu sais, j'ai tellement de choses à te dire que les mots ne viennent pas. Et surtout pas dans l'ordre.
Chacune de mes lettres racontent quelque chose, celle-ci ne raconte rien. À part le fait que tu me manques et que j'ai besoin de te parler. Pourtant, ce n'est pas facile de te parler. De parler de toi. Parce que ce n'est pas facile de parler de ce qui fait mal. Mais je ne peux m'empêcher de parler de toi. Tiens, ça aussi, c'est une ironie tragique.
Il est trois heures du matin, et je n'arrive pas à dormir. Je suis restée allongée dans mon lit, fixant le noir, à penser. Mais tu vois, là, il faut que je couche mes pensées sur papier. Il faut que je te parle, parce que tu me manques. Que je te parle de ce que je n'ai jamais pu te dire. De ce que j'aurais dû te dire. De ce que je n'ai pas eu le courage de te dire. Et surtout, de ce que je ne pourrais plus jamais te dire.
Ce soir, je pense à toi mais je me panse de ton absence. Du vide que tu as laissé en moi.
Papa, mon papounet, mon Pap's, tu me manques. Tu me manques, bordel ! Tu me manques tellement que ça me rend folle. Aujourd'hui, tu me manques plus qu'hier mais moins que demain. Ces derniers temps, j'ai l'impression que te manquer était tout ce que j'étais. Je viens de répéter le mot « manquer » à tord et travers. Et même si ce ne sont que des mots, ce sont mes maux.
Je regrette plein de choses, parce que je suis un brouillon raté. Mais, la chose que je regrette le plus au monde, c'est toi.
Tu devrais être là, Papa. Tu devrais être là.
Je t'aime fort.
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Dear Dad
Non-Fiction« Dear Dad » Ce recueil contient de nombreuses lettres. Lettres destinées à mon père. Cet homme emporté par le cancer bien trop tôt. J'ai commencé à lui écrire depuis sa mort, et je n'ai jamais vraiment cessé depuis. J'ai décidé de les publier par...