Envoûté

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  Lorsque Nightmare entra dans la bibliothèque de bonne heure le matin, il fut surpris d'y trouver Error entouré d'une dizaine de livres, en train de lire un vieux journal poussiéreux.

-Error ? 

   Le squelette beugué ne réagit pas et continua de marmonner des paroles en lisant.

-It can’t be...Simon...it can’t be real...

   Le Prince des Cauchemars s’approcha de son ami et lui tapa gentiment sur l’épaule.

-Error ? Tu...tu pleures ?...

   Il sursauta doucement et se retourna. Son regard semblait se perdre ailleurs, dans un autre temps, tandis que des larmes dorées coulaient le long de ses joues, suivant les marques bleutées.

   Error passa une main sur ses joues et fut surpris d'y sentir de l'eau. Il les essuya rapidement et regarda le bazar autour de lui, comme si de rien n’était.

-Désolé, s’excusa-t-il bêtement. Je vais ranger.

-Tu avais l'air pris dans ton histoire, remarqua la négativité incarnée, un peu inquiète.

-C'est un journal passionnant, approuva le destructeur. Je voulais savoir si les personnages qui y étaient mentionnées étaient réelles donc j’ai mis un peu de bazar... Mais je n’ai rien trouvé... Je vais ranger.

   Avant que Nightmare n’ait pu dire un mot, le squelette aux os noirs fit apparaître ses fils et replaça les livres sur leurs étagères respectives.

-Je te laisse j’ai quelqu'un à aller voir. Merci pour tout, fit-il en se téléportant.

   Nightmare resta un moment figé, à la fois inquiet et intrigué. Jamais il n’avait vu Error dans cet état, si calme et soucieux des autres, surtout de l’artiste.

     Il remarqua alors le petit journal par terre. Il le ramassa et commença à le feuilleter juste avant qu'il se ne transforme en poussière. Le Prince des Cauchemars haussa un sourcil. Un livre qui tombe en poussière ? Au cours de sa longue vie, il avait vu bien des choses mais c’était assez insolite.

    Seul Error en connaissait le contenu...Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

    Encre avait raccompagné Suave dans sa chambre, le pauvre majordome étant trop effrayé par Vlad pour rester en service. Le peintre l'aida à se calmer et le força à se coucher sur son lit.

    La pièce était assez grande et les meubles étaient en bois précieux. Fallacy prenait soin de ses serviteurs et cela plaisait beaucoup à Encre. Le vampire traitait les gens en égales, pas en fonction de leur classe sociale.

    Suave commença à sommeiller, ses nerfs l'ayant plus qu'épuisés. Le français avait été surpris en entendant les recommandations de Fallacy.

    Ne pas sortir et rester avec le jeune majordome.

   Il avait suivi ces consignes jusqu'à ce qu'il entende un vacarme assourdissant venu du salon de réception où se trouvaient Simon, Orion et les quatre vampires.

    S’assurant que Suave dormait, il ouvrit discrètement la porte et sortit voir ce qu'il se passait. Mais il eut la très mauvaise surprise de tomber sur Vlad dans le couloir. Il savait que c’était lui, de par les nombreuses descriptions faites par Fallacy.

   Grand, les cheveux noirs, les yeux rubis...et d’une beauté à couper le souffle.

    Encre ne bougea pas lorsque le regard sanglant lui transperça l’âme. Il ne le pouvait pas. Il ne le voulait pas. Vlad dégageait une sensation tellement douce et apaisante...rêveuse...Il était transporté dans une léthargie bienfaitrice... Le vampire s’approcha lentement de lui et passa une main sur sa joue, sa voix mielleuse caresssant ses sens.

-Voilà ce que Fallacy cachait donc dans son château, sussura le prince en délassant la chemise du peintre et en glissant sa langue sur sa colonne vertébrale, au niveau des cervicales. Une créature pleine de magie...

   Encre n’avait plus aucune volonté, il ne voulait plus qu'une chose, que le vampire lui ordonne. Il lui ordonnait de rester immobile, calme et de se taire.

   Il le faisait.

Vlad approcha ses canines des cervicales du français, prenant un malin plaisir à le faire languir, lentement...

    Puis il eut un hoquet de surprise. Sa gorge était couverte de sang.

   Son sang.

   Derrière lui, Fallacy avait la main tendue, maculée du liquide vermeil. Son visage exprimait une colère comme jamais l’artiste n'en avait vu. Une haine profonde. Comme sortant d'un long sommeil, Encre émergea, désenvouté, contemplant avec horreur le sang et la haine.

-You don’t deserve any mercy, clama le roi des vampires avec un regard plus noir que la nuit, saisissant le traître à la gorge. Now you will know the real hell !

-Fallacy !

   La seule chose qui fit changer le comte d’avis, ce fut le regard implorant du peintre. Sa fureur disparut d'un coup et il laissa sa victime s'effondrer sur le sol, crachotant son sang.

-Leave this castle. Now. And don’t come back or you will never see your land again. Is that clear ? 

-Très clair, hoqueta Vlad en se levant et en sortant, définitivement.

   Les minutes se passèrent ainsi sans que ni l’un ni l’autre des deux squelettes ne disent un mot, et Fallacy sentit son coeur céder à un sentiment qu'il n’avait plus éprouvé depuis des siècles...

   Jasper et Charlos arrivèrent bientôt dans le couloir, suivis de Simon et Orion. En voyant le sang sur les mains de son père, le jeune vampire sursauta et tenta d’obtenir des explications.

    Sans plus un mot, le comte s'en alla et répartit dans ses appartements.

   Encre, encore secoué, remonta le col de sa chemise et regarda Simon avec un regard explicite.

    Il voulait en apprendre plus sur les vampires.

    Plus sur Fallacy...

    Lorsque Ink se réveilla, il se sentit tout de suite en forme. Il se leva et s’aperçut que ses douleurs et ses fissures aux os avaient disparu.

    Un peu chancelant, il réussit quand même à se lever et aperçut une longue écharpe bleue traîner sur le sol. Avec un mince sourire, il la ramassa et la posa sur le dossier d'une chaise, avec l'intention de la rendre à son propriétaire. Puis il se dirigea vers la cuisine et eut la surprise de trouver Dream assit, l'air très sérieux.

   Un peu inquiet, l’artiste s'assit en face de lui en prenant un croissant, affamé.

-Ink il va falloir qu'on parle.

   Le gardien des Univers avala de travers. Si le Prince des Rêves parlait si sérieusement, c’est que la situation n’en était pas moins grave.

-Qu'est-ce qu'il y a, Dream ? Tu m'inquiètes...

-C'est à cause de tes rêves... Il ne viennent pas de ton esprit. Mais de ton âme.

Je t'aimerai pour toujours et à jamais...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant