Chapitre 3

476 17 0
                                    

[Mia]


Justin était revenu, sans relâche, tous les jours qui avaient suivi sa première visite au restaurant. Il prenait toujours la même table, à la même heure, avec le même sourire charmeur accrocher au visage et toujours la même casquette visé sur la tête. S'il continuait de cette façon, il risquait de se faire surprendre par des fans et nous créer une émeute au sein du restaurant.

- Tu t'ennuis dans ta jolie maison ? Tu n'as rien d'autre à faire que de venir ici tous les jours ? Lui demandais-je alors qu'il était encore assis à cette table.

- Les pizzas sont terriblement bonnes, il faut se l'avouer, me répondit-il taquin.

Voyant que son numéro de charme ne m'atteignait pas, il reprit son sérieux.

- Je voudrais ton numéro, finit-il par me dire.

- C'est pour ça que tu viens ? Tu sais, tu aurais fait une livraison, tu m'aurais sûrement vu aussi.

- Oui, je sais, mais le temps passe lentement dans ma jolie maison, vois-tu.

- Tu as de la chance que personne ne t'est encore reconnue, tu prends des risques. Comment fais-tu d'ailleurs ?

- Je sais me fondre dans la masse. Mais c'est principalement le talent inné que je possède.

Était-il sérieux ? Apparemment non, vu le sourire qu'il faisait. Je dois bien avouer que je le trouvais marrant.

J'attrapai mon carnet de commandes et commençai à griffonner dessus. Lui, me regardait avec des yeux pétillants. J'arrachai ma feuille de commande, rangeai mon carnet et lui posa la feuille sur la table avant de repartir vers le comptoir le sourire aux lèvres.

- 54 ? Me questionna-t-il.

- Ce sont les deux premiers chiffres de mon numéro après le 06.

- Et le reste ? Me demanda-t-il amusé.

- Je ne sais pas, peut-être demain, dis-je mine de réfléchir.

Il avait souri malicieusement, avait fini sa pizza et était reparti comme chaque fois qu'il venait. J'avais fini de travailler, entre le service en salle et la livraison, nous avons eu du mal à tout gérer ce soir. Il faudrait vraiment que la patronne engage quelqu'un de plus pour nous prêter main-forte.

Le lendemain il était là, tout sourire, assis à sa table. Je savais ce qu'il voulait maintenant. Les jours qui suivirent furent pareils jusqu'à ce qu'il ait mon numéro en entier. Il avait mis une semaine entière à l'avoir. Ça n'aurait pas été drôle s'il l'avait eu tout de suite. Aujourd'hui, il avait eu le dernier chiffre de mon numéro. Je venais de finir mon service, j'étais en train de changer de t-shirt quand mon téléphone vibra sans grande surprise.

[Coucou jolie brune
J'ai enfin ton numéro.
Puis-je savourer ma victoire ?]

Je rigolai au message que je venais de recevoir. Il n'avait pas perdu de temps.

[Il faut bien savoir se faire désirer
de nos jours]

Je sentais que lui et moi allions bien nous amuser et qu'il n'arrêterait pas de m'envoyer des messages tout de suite. Il n'avait pas fait tous ces efforts pour arrêter ensuite, je suppose. T-shirt enfilé, sac sur l'épaule et casier fermé, je me dirigeai vers la salle pour vérifier une dernière fois que tout était bon pour pouvoir partir. Quelle fut ma surprise en voyant au travers de la vitre de la salle, une tête blonde adossée au mur juste en face. La clef tournée, la porte fermée, il vint se placer à côté de moi.

- Pourquoi tu n'es pas chez toi ? Lui demandais-je surprise.

- Je te raccompagne.

- Je peux rentrer toute seule, tu sais.

- Oui, je n'en doute pas, mais il y a des gens dangereux dans les rues à cette heure-ci, on ne sait jamais.

- Tu peux dire que t'avais envie de me voir, rigolais-je, ça aura fait l'affaire aussi.

Il avait ricané et nous avions commencé à marcher. Près de quinze minutes plus tard, nous arrivions en bas de mon immeuble. Rien de très glorieux a coté de son petit chalet.

- Bon et bien voilà, nous sommes arrivés, lui annonçais-je. Merci de m'avoir raccompagné, c'était gentil de ta part.

- Mais je vous en pris madame, ce fut un plaisir, rigola-t-il en faisant une révérence.

- Rentre bien Justin, lui souris-je.

- Merci. Bonne nuit à toi.

Il avait tourné des talons et avait repris sa route, les mains dans les poches. Il était plus sympathique que ce que je m'étais imaginé. Il était loin d'être la très célèbre pop star comme nous nous le sommes tous imaginer. Il était plus calme, moins prétentieux, et il prenait moins la grosse tête que ce que j'aurai pu croire.

PizzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant