Chapitre 2

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Stanley me répond par un large sourire, signe qu'il n'est plus fâché. Ce beau moment d'amour a baissé l'adrénaline qui montait en lui. Moi-même, j'étais heureuse que la tension soit dissipée. Je prends ma voiture, direction hôpital. Je reste de bonne humeur durant le trajet ; évidemment, c'est ainsi ! Les femmes sont toujours heureuses après une bonne séance de câlins. Faire l'amour est bon pour le moral et préserve du stress ; mais il ne faut pas oublier que ce bonheur n'est permis que dans le cadre du mariage. Autrement, c'est la fornication.

J'arrive à l'hôpital et ma collègue Juliette qui devait me passer le témoin s'impatientait. Elle avait déjà été avertie par Anne-Marie que c'est moi qui devrait assurer la garde ce soir.

- Dis donc Raissa, tu en as mis du temps ;

- Je suis désolée Juliette, je suis là maintenant.

- Ok, voici la situation : il y a une dame en travail, elle va accoucher si tout va bien dans deux heures. Elle s'appelle Mairi. Il y a une autre qui a un début de travail, son prénom est Béatrice. Je l'ai mis sous perfusion pour accélérer le travail.

- Très bien ;

- Ok, Raissa, bonne garde et à tantôt.

Je rentre dans la grande salle où nous avons l'habitude d'installer les femmes en travail ; je fais un examen rapide à Mairi qui est proche d'accoucher, puis à Béatrice, en début de travail. Mairi dont le travail est déjà avancé, pousse de grands cris à chaque contraction : « ooooh ! ma maman ééééééé ! qui m'a même envoyé ? Abdoulaye ééééé ! où es-tu ? Ce que nous avons fait ensemble me fait mal ooooh ! Abdoul ééééé ! Abdoul ééééé !»

En même temps que ces soupirs me font rire, je la comprends ; l'étape du travail dans un accouchement fait vraiment mal ; les contractions sont douloureuses au fur et à mesure que le col de l'utérus s'ouvre. Je l'examine encore et je constate qu'elle a froid aux mains et aux pieds. Elle se plaint aussi de nausées et de bouffées de chaleur. J'ai envie de l'aider à surmonter la douleur mais la technique de péridurale n'est pas encore offerte chez nous ; d'ailleurs, personnellement, je trouve que la femme devrait faire un effort. Dieu n'a-t-il pas dit que nous enfanterons dans la douleur ?

Pendant que ma patiente souffre et appelle sa maman et Abdoulaye, ma deuxième future maman rit puis s'énerve. Au fur et à mesure que sa voisine de salle pousse des cris, elle devient irritée et réagit vivement :

- Mais, madame, contrôlez-vous ; n'est-ce pas la même chose que je ressens ? Pourtant je supporte ;

Sa remarque me fait sourire ; elle n'a rien compris ; elle est encore au début ; quand elle sera à la même étape, je verrai si elle pourra encore me montrer ses dents. Néanmoins, je lui réponds :

- Béatrice, calme-toi, tu n'as pas encore traversé la rive et tu te moques de celui qui se noie ?

- Excusez-moi, Sage-femme, mais elle me casse le tympan avec ses cris.

- Ma chérie, patience ; ton tour arrive. J'espère juste que tes cris ne seront pas plus perçants.

- Jamais, moi, je suis courageuse.

- On verra bien ; maintenant tais-toi.

Peu de temps après, j'examine à nouveau ma première patiente ; le col s'est suffisamment dilaté pour qu'elle accouche ; je lui demande de monter sur la table d'accouchement.

Quelques minutes après, un beau garçon naît. Il est robuste et en bonne santé ; je mets le bébé sur le ventre de la mère un instant ; c'est une pratique que nous les Sage-femmes observons à chaque fois. Ce contact peau à peau du bébé et de la mère à la naissance, favorise sa découverte et le sécurise. Le contact peau à peau aide aussi le corps de la mère à libérer l'ocytocine, une hormone qui permet à l' utérus de se contracter, ce qui diminue les risques de saignements excessifs. Ce contact est aussi bénéfique pour le bébé, car il aide à stabiliser sa respiration et sa fréquence cardiaque après l'accouchement, tout en le gardant au chaud.

Un si lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant