Chapitre 6

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Je sortais ma voiture de l'hôpital quand je vois Stanley arriver. Il était surpris de me croiser car pour lui, je dormais paisiblement dans notre lit à la maison. Je gare ma voiture et je descends ; Stanley fait de même. Je m'adosse à la portière de la voiture et je l'observe s'avancer vers moi, complètement troublé. Je souris intérieurement : comment va-t-il m'expliquer sa présence en ce lieu ?
Stanley se râcle la gorge puis s'adresse à moi :

- Mais Raissa, que fais-tu ici ?

- N'est-ce pas l'hôpital où je travaille ? Qu'est-ce qui t'étonne ?

- Mais je pensais que tu serais en train de dormir à la maison !

- Safiétou est venue me chercher pour un problème ; et toi, que fais-tu ici ?

- Je suis venu voir un malade.

- A oui ? Tu as un malade ici et tu ne me dis pas ?

- C'est un collègue ; tu es Sage-femme et non Médecin que je sache. En plus, je ne voulais pas te déranger, vu que tu reposais.

- Ok, allons voir ton malade ensemble.
Stanley est du coup embarrassé ; puis il dit :

- ok, allons-y.

- Dans quelle salle et dans quelle section est-il ?

- Je vais demander à la réception ; d'ailleurs, tu es là, tu vas m'aider.

Comme il veut jouer, je rentre dans son jeu.

- Comment s'appelle t-il ?

- Ebenezer Soulou

Je vais me renseigner et il n'y avait aucun patient de ce nom. Stanley fait l'étonné ;

- Il est peut-être déjà rentré.

Je le regarde étrangement . En ma présence, il fut obligé de repartir. Avant d'entrer dans sa voiture, il m'interroge ;

- Au fait, pourquoi es-tu revenue à l'hôpital ?

- Il y avait une situation ; je te raconte ce soir, je te laisse retourner au travail ;

- A ce soir.

Pendant le trajet du retour, je réfléchissais ; Stanley me montre un double visage ; un véritable hypocrite. Je repense encore aux messages qu'il échangeait avec Sonia et mon cœur se serre. Elle était sa « reine, son cœur, sa lumière, son bébé d'amour ». Mes larmes coulent à nouveau ; j'aurais tellement aimé lui demander des explications mais hélas ! Je suis obligée de me taire, du moins pour le moment ; je ne veux pas aller en prison abandonnant mes filles. Alors bouche cousue !

Mon cœur n'arrête pas de culpabiliser. J'aurais dû m'approcher du Gynécologue et tout lui expliquer. Cela m'aurait évité de toucher Sonia. Mais je voulais juste protéger ma vie privée et m'épargner cette honte car mes collègues et mes supérieurs hiérarchiques ont beaucoup de respect pour Stanley. En plus, le Gynéco intervient pour la césarienne. J'ai pourtant essayé de joindre Safiétou et Juliette sans succès. J'espère juste qu'avec la sim enlevée, personne ne saura qu'elle était en relation avec Stanley ; autrement, le lien serait vite fait. Béatrice était en salle de travail et j'étais seule avec Sonia en salle d'accouchement. J'avais donc la certitude que personne n'a entendu quand je lui criais dessus et personne n'était là pour constater que j'ai négligé de bien la surveiller après l'accouchement.

Toutefois, je me demande pourquoi l'amie de Sonia a fui. Heureusement qu'elle ne sait pas qui je suis. A qui allons-nous remettre le bébé s'il se rétablissait ? Du coup, je commence à avoir pitié de ce petit être qui à peine né, commence déjà à subir les affres de cette vie : il est malade et perd sa mère ; son père ne le sait pas même pas encore.

Un si lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant