Chapitre 19

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Avec l'aide de deux gaillards, je l'installe à l'arrière de la voiture ; elle saignait mais elle était encore consciente ; elle souffrait beaucoup. Je démarre en trombe car chaque minute comptait.
J'arrive à l'hôpital avec une vitesse d'éclair. Malgré ma rapidité, elle sombre dans un coma profond avant mon arrivée. Dès que les médecins sont informés, elle est prise en charge sans tarder. Il ne fallait pas qu'elle perde la vie. En effet, c'était Hermione qui était dans un état inconscient ; heureusement que je passais par là sinon le temps que les gens ne finissent de faire des photos et de commenter l'accident avant d'appeler l'ambulance, elle serait morte.
Dès que Hermione est installée aux urgences de l'hôpital, je téléphone à Maître Justine.
- Allo
- Maître, c'est grave.
- Calme-toi Raissa ; qu'est-ce qui est grave ?
- C'est Hermione ;
- Qui est Hermione ?
- L'amie de Sonia qui refuse de parler ;
- Ah ok ! Que se passe t-il avec elle ?
- Elle a fait un accident et est dans un état critique.
- Ah ! Comment est-ce arrivé ?
- J'aurais vraiment aimé venir au Cabinet tout vous expliquer mais je ne peux pas ;
- Pourquoi ?
- Je préfère rester ici, surveiller pour être certaine que l'on s'occupe bien d'elle.
- Ecoute Raissa, voici ce que tu vas faire ; appelle Colette pour qu'elle prévienne sa sœur ; puis tu viens me voir ici ; et conduis prudemment car c'est inutile de t'affoler ; Hermione survivra ;
- Comment pouvez-vous en être si sûre ?
- Viens me voir maintenant.
La réaction de Maître Justine m'étonne. Comment peut -elle garder son sang-froid face à une telle situation ? Néanmoins je fais exactement comme elle a dit ; je préviens Colette puis je me rends au cabinet d'avocat.
La Secrétaire me faire patienter un moment car Maître Justine recevait une personne ; pendant que je patientais, j'implorais Dieu de faire survivre Hermione ; il le fallait ; quelques minutes plus tard, un homme d'environ la quarantaine sort de son bureau et la Secrétaire me fait entrer.
- Bonjour Maître Justine ;
- Bonjour Raissa ; alors, Hermione est dans un état critique ?
- Oui, quel malheur !
- Sois sereine ; elle survivra ;
- Etes-vous Médecin ? Vous ne l'avez même pas vu.
- En tout cas Raissa, je ne sais pas pour toi ; mais moi j'ai prié Dieu plusieurs fois la concernant et je pense que c'est la réponse à mes prières. Donc, il n'y a pas de raison pour qu'elle meure.
- Je ne saisis toujours pas ;
- Réfléchis un instant ; Hermione fait un accident et comme par hasard tu passes par là pour la sauver ; c'est le plan de Dieu pour qu'elle te soit redevable ; tu lui as sauvé la vie et par gratitude, elle va vouloir te rendre la pareille ; c'est simple.
Je commence à comprendre et à me rappeler ma prière précise d'hier soir. C'est vrai, c'est une réponse à mes prières ; en effet, sans m'en rendre compte, j'ai sauvé Hermione.
- Maître, je pensais que c'est peut-être celui qui la menace qui a voulu la faire tuer et j'ai paniqué ;
- C'est possible mais j'en doute ; on en saura plus bientôt ;
- Comment ?
- Tu as vu l'homme qui est sorti de mon bureau pour que tu y entres ? C'est le détective qui est sur l'affaire ; il ne lâche pas Hermione d'un pouce ; alors si une voiture la suivait pour causer cela, il l'aurait compris ;
- Le conducteur a fui, paraît-il ;
- Oui, sauf que le détective a eu le temps et la présence d'esprit de relever sa plaque ; il vient d'ailleurs de me donner toutes les informations. Avec cela, nous pouvons retrouver l'intéressé ; mais de toi à moi, cela m'étonnerait que ce soit celui qui le menace ; c'est un pur hasard que nous allons appeler providence de Dieu afin qu'Hermione puisse accepter de parler.
- Je me suis souvenue d'un enseignement sur la foi et j'ai fortement prié hier soir ;
- Je faisais de même, Raissa. Je suis confiante que Hermione, une fois rétablie, parlera. Sa vie qu'elle avait tant peur de perdre, tu le lui as sauvé ; Dieu est puissant.
Maintenant je souris ; je n'ai effectivement plus à m'inquiéter ; Hermione s'en sortira. Maître Justine poursuit :
- J'ai interrogé à nouveau toutes tes collègues ;
- Oui, Safiétou m'en a parlé ;
- Ok, je ne suis pas Dieu, mais par expérience, je suspecte deux d'entre elles ; je les tiens donc à l'œil.
- Qui suspectez-vous ?
- Excuse-moi Raissa, mais pour ta propre sécurité et pour ton propre bien, il vaut mieux que je ne dise pas certaines choses ; on ne sait jamais, tu pourrais en parler sans savoir que tu fais mal. Tu sauras tout cela en son temps.
- Bien Maître, maintenant que j'ai le cœur tranquille, j'y vais.
Effectivement, quelques jours plus tard, Hermione reprend ses esprits. Colette me donnait des nouvelles qu'elle prenait de sa sœur. Maître Justine m'avait conseillé de ne pas du tout l'approcher car on ne sait pas si la personne qui la menace nous observe ; surtout que c'est une collègue.
Alors, je me tiens bien loin d'elle pendant son séjour à l'hôpital. Maître Justine négocia avec le directeur de l'hôpital pour que Hermione soit transférée dans un autre hôpital pour y poursuivre le reste de ses soins. Le Directeur n'a pas trop compris pourquoi mais il a accepté. Il fallait être plus prudent que jamais.
Hermione a déjà appris que c'est moi qui lui ai sauvée la vie. Elle en aurait été très surprise. Lorsqu'elle sort de l'hôpital, nous convenons de ne pas la voir mais de lui parler au téléphone ; on ne sait jamais, l'autre complice pourrait nous espionner. Je sais que nous étions surveillés comme du lait sur le feu.
La date de mon procès approche à grands pas ; rien ne se dessine encore du côté de mes deux principaux témoins, Béatrice et Hermione. Mais je garde espoir et je reste optimiste. Ne dit-on pas que l'optimisme est la foi qui mène à la réussite ?
Trois jours plus tard, c'est avec beaucoup de bonheur et de reconnaissance à Dieu que j'ai appris quelques jours plus tard que Béatrice est prête à témoigner au procès et à raconter tout ce qu'elle a entendu. Je me rappelle encore du moment où mon Avocate me l'annonçait :
- J'ai une bonne nouvelle pour toi, Raissa ;
- Laquelle ?
- Devine ;
- Tout est prêt pour ma défense!
- Mieux encore !
- Je ne vois rien d'autre.
- Béatrice s'est décidée.
- Quoi !
- Effectivement, Dieu est formidable ; c'est lui qui fait fondre les cœurs en notre faveur. Mais nous avons besoin du témoignage d'Hermione pour que cela soit plus complet ;
- J'ai espoir aussi de son côté ; mais Hermione vous a -t-il relaté les faits ?
- Malheureusement non ; elle ne veut toujours rien dire ;
- Mais pourquoi ?
- C'est sa décision et je veux la respecter ; en attendant qu'elle change d'avis ;
- Et si quelque chose lui arrivait entre temps ?
- N'aie pas d'idées négatives ; de toute façon, elle m'a même demandé si toutes tes collègues seront au procès et témoigneront en ta faveur.
- Mais pourquoi ne veut-elle rien dire malgré le fait que je lui ai sauvé la vie? Cela m'inquiète ;
- Tu fais une bonne action et tu attends une récompense ! Oublie ça. La vraie philanthropie consiste à faire le bien sans attendre une récompense. Je t'ai déjà dit d'être sereine ; nourris ta foi de la parole de Dieu et ta peur va mourir de faim. Ce n'est pas à Hermione, ni à moi que du dois faire confiance, mais à Dieu. Elle ne veut pas encore parler. Alors, on attend, Raissa.
- Mais le procès approche. C'est dans une semaine !
- Béatrice témoignera pour que nous puissions démontrer au Juge que Sonia a été envoyée dans l'au-délà et que ce n'est pas ta faute si elle est morte ; c'est largement suffisant ; le témoignage d'Hermione aurait été plus complet et servirait juste à connaître son complice. Parlons maintenant du dossier de divorce ; j'ai rencontré hier l'Avocat de Stanley ; il voudrait que le divorce soit prononcé à tes torts et réclame la garde de tous les enfants sauf celui adopté. Il ne veut même pas que tu aies un droit de visite vu que tu es une criminelle ; j'ai fait comprendre à son Avocat que tu n'es pas encore déclarée coupable donc il n'a qu'à calmer ses ardeurs; Stanley devra donc attendre le procès.
- Le grand jour de ma victoire arrive ; on verra bien ; lui qui pense que même avec Dieu pour Avocat, je ne m'en sortirai pas.
- Ce qui est sûr, quand on défie Dieu, on est couvert de honte et d'ignominie ; il ne sait pas que le respect de Dieu est la base de la sagesse.
- Maître, je ne le calcule même plus. Mon problème est d'être innocentée et que ma fille aînée revienne à de meilleurs sentiments.
- As-tu une autre patiente qui pourrait publiquement témoigner pour toi, à part Béatrice ? Si tu peux avoir une deuxième patiente, ce serait bien.
- Oui, je pense à une autre dame que j'ai accouché ce soir-là ; j'ai son adresse exacte et son numéro de téléphone dans nos dossiers.
- Ok, comment elle s'appelle pour que je puisse la contacter ?
- Mairi Diallo épouse Camara.
- Je vais donc la contacter ; en attendant le procès dans une semaine, mange bien, dors bien, relaxe- toi et prie beaucoup.
- Merci Maître Justine.
- Alors, comment se porte le petit Chris ?
- Très bien, il est très content d'être avec moi.
- Continue de bien en prendre soin ; ne tient pas compte du fait que c'est l'enfant de Stanley et de Sonia. Dieu te récompensera abondamment ;
- Justement, je n'en tiens pas compte, sinon je ne serai pas aller le chercher ; il est le fils que je n'ai pas eu ; il croit que je suis sa mère.
- C'est très bien ; au fait, nous avons pu arrêter le chauffard qui a cogné Hermione et a provoqué l'accident ;
- Qui est-ce ?
- Un certain Monsieur Semondzi Ezéchiel ; il a été interrogé à la police ;
- Est-il suspect ?
- Non, c'est même pas lui au volant mais son fils et il a fui. La voiture appartenait au père. Finalement, nous avons négocié à l'amiable ; d'ailleurs, Monsieur Semondzi a décidé de rembourser toutes les dépenses de la famille d'Hermione relatives à ses soins. Mais apparemment, c'est un pur hasard ; Monsieur Semondzi est un homme respectable et chef d'entreprise ; ce n'est en aucun cas un tueur ; son fils vient à peine d'avoir son permis de conduire ; ce dernier a pris l'une des voitures de son père à son insu. D'ailleurs, Monsieur Semondzi viendra d'un instant à l'autre.
Comme quand on parle du loup, on voit sa queue, Monsieur Semondzi se présente à peine que nous ayons fini de parler de lui. Bel homme, très stylé, il a la classe. Jusque-là, je me disais que c'est la personne qui menace Hermione qui a provoqué l'accident mais quand je l'ai vu, j'ai compris que je me trompais. C'est une personne qui inspire le respect. Son fils l'a juste jeté dans les problèmes.
Monsieur Semondzi nous salue ; Maître Justine lui demande de prendre place. Je me propose de les laisser discuter mais mon Avocate s'y oppose.
- Non, Raissa, reste, il n'y a rien de confidentiel à dire ici ;
- Merci Maître Justine.
- Monsieur Semondzi Ezéchiel, je vous présente Madame Raissa Gobi ;
Le beau Monsieur tourne le regard vers moi, sourit légèrement et me tend la main. Il est vraiment mignon avec sa silhouette élancée et svelte. Sa fière allure ne laisse pas de marbre.
- Ravi de faire votre connaissance, Madame ; vous pouvez m'appelez Ezéchiel, tout simplement.
- Le plaisir est partagé, Ezéchiel.
Ezéchiel s'adresse à nouveau à Maître Justine.
- Voilà, Maître comme convenu, un chèque couvrant toutes les dépenses de Mademoiselle Hermione.
- Merci, je le lui remettrai. Votre fils nous a vraiment fait paniquer.
- Je m'excuse encore pour l'incident, comme je vous l'avais expliqué, il a profité de mon absence pour prendre la voiture ; oh cet enfant va me montrer de toutes les couleurs !
- Il finira par s'assagir, c'est l'adolescence ;
- Je le souhaite vivement ; il vient à peine d'avoir dix-huit ans et il a la fougue de la jeunesse.
J'interviens dans la discussion :
- Demandez à sa mère de lui parler ; elle saura s'y prendre.
- Malheureusement, elle n'est plus dans notre monde depuis des années maintenant.
- Oh ! Je suis désolée ;
- Vous voyez que je suis père et mère. Merci Maître pour l'accueil, je vais devoir m'en aller ;
Ezéchiel sort du bureau et je reprends ma conversation avec Maître Justine.
- Ce monsieur a l'air bien éduqué ;
- Oui, dès ma première entrevue avec lui, je l'ai constaté. Bien, à partir de demain, nous allons commencer à travailler ton attitude au procès ; comment tu dois répondre aux questions posées par le Juge, etc.... Tu diras les choses telles qu'elles se sont passées ; tu restes positive surtout. Je te donnerai des détails demain.
- D'accord Maître Justine ; à demain donc.
Je quitte le cabinet et je me dirige chez mon frère. Malheureusement pour moi en chemin, la voiture s'arrête au beau milieu de la route : un souci mécanique. Je descends et des gens m'aident à pousser la voiture sur le trottoir ; je compose le numéro de mon mécanicien et l'appel ne fonctionne pas. J'essayais encore à nouveau quand une personne s'adresse à moi :
- Sage-femme, qu'est-ce qui ne va pas ?
Je tourne la tête et je constate que c'est le directeur de l'hôpital où je travaille.
- C'est ma voiture qui a un problème, Monsieur le Directeur ;
- As-tu appelé ton mécanicien ?
- C'est ce que j'essaye de faire sans succès.
- Ok, si cela ne marche pas, je peux t'appeler le mien ;
- Non, Monsieur, je ne veux pas vous déranger.
- Je t'en prie, c'est un plaisir pour moi de t'aider.
Mon directeur téléphone à son mécanicien qui vient assez diligemment et s'occupe de la voiture ; comme cela allait prendre du temps, le directeur me propose de me déposer chez moi. J'accepte et je donne mon contact au mécanicien qui m'apportera la voiture, une fois réparée. La directeur de l'hôpital m'a assuré que je peux faire confiance à son mécanicien.
Pendant le trajet, le directeur me parle de façon familière et me donne beaucoup de courage pour le procès ; jusque - là ce sont des relations professionnelles qui nous lient; jamais nous n'avons conversé en privé;au cours de notre discussion, j'ai l'occasion d'apprendre qu'il est veuf avec deux enfants. Décidément, j'ai rencontré deux veufs au cours de cette journée ! L'un très beau, l'autre très gentil.

Un si lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant