Chapitre 3

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- Le père du futur bébé ou le père de Sonia ?

- Je parle du père du bébé ;

- Ok, il s'appelle Stanley.

- Très bien, donnez-moi le nom de famille.

- Gobi

Je relève la tête et le stylo tombe de mes mains. Je m'adresse de nouveau à la dame accompagnatrice. Il semble que mes oreilles ont mal entendu.

- Madame, répétez-moi le nom s'il vous plaît ; je n'ai pas bien entendu.

- Stanley Gobi, selon ce qu'elle m'a dit.

Je reprends mon souffle ; il se peut que ce soit une coïncidence ; plusieurs personnes peuvent porter le même nom. En plus mon mari n'est pas un coureur de jupons ; non, mon Stanley est très sérieux. Cela fait treize bonnes années que je le connais et sept ans que nous vivons ensemble comme mari et femme. Je n'ai jamais eu à le soupçonner.

Mon homme ne fait pas ces bêtises-là. Ce n'est certainement pas lui. Alors, je fais l'effort de ne rien laisser paraître ; mais mieux vaut complètement s'en assurer ; alors je continue de poser les questions à la dame :

- Quelle est sa profession ?

- Elle est Secrétaire

- Ok, quelle est la profession du fiancé ;

- Ingénieur agronome je crois, en tout cas, il est dans l'agriculture selon ce qu'elle m'a dit.

Là, je deviens toute pâle ; est-ce encore une coïncidence ? Il ne faut pas surtout que mes appréhensions se transforment en certitude. Je m'adresse à nouveau à la dame :

- Je voudrais avoir le numéro de téléphone du fiancé pour le mettre dans les dossiers ;

En fait, je n'avais pas besoin du numéro ; c'est juste pour être certaine que cette histoire n'a rien à voir avec mon mari.

L'accompagnatrice de Sonia me répond :

- Je ne sais pas ; laissez-moi voir dans son téléphone portable, en espérant qu'elle n'a pas mis un code.

Elle fouille le téléphone de Sonia et lentement mais sûrement, je l'entends énumérer les huit chiffres que comprend le numéro de téléphone de mon mari.

Là, je suis complètement bouleversée. Je m'excuse auprès d'elle et je rentre dans la salle. Mon regard croise celui de Sonia qui haletait toujours. Je la dépasse et me retire un moment dans les toilettes pour être seule. J'ai comme l'impression que je suis dans un rêve. Je passe ma main au visage, puis dans mes cheveux. Non, ce n'est pas un rêve : Stanley Gobi, Ingénieur Agronome et numéro de téléphone 10203040 ! C'est bien lui ! Franchement, je ne comprends rien ; mon regard se trouble ; je commence à voir flou. C'est un rêve ; je crois que je vais bientôt me réveiller.

Assise sur le pot des toilettes, je reste pensive ; mille questions s'entrechoquent dans ma tête. Stanley et moi n'avons aucun problème ; nous venons même d'avoir une séance d'amour très plaisante. Pourquoi voyait-il une autre femme dehors ? Mon Dieu ! Je pensais que cela n'arrivait qu'aux autres.
J'entendais Sonia qui criait toujours et m'appelait au secours. Le bébé qu'elle porte est celui de mon mari ! Et elle m'appelle pour l'accoucher ! Non, je ne vais pas faire cet accouchement ! Peu m'importe s'il lui arrivait quelque chose ! Je m'en fiche et alors là, royalement.

Je reste muette aux cris de Sonia. Elle commence vraiment à m'agacer. Je m'avance vers elle et je lui crie dessus !

- Tais-toi, bordel ! Je veux entendre.

Sonia surprise, se tait un instant. J'imagine qu'elle est étonnée que la Sage-femme gentille qui vient de l'accueillir ait changé de ton aussi brusquement. Oui, les données ont changé ; il suffit d'un instant pour que cela change ; pourquoi et comment pourrais-je être gentille avec elle ? Elle est la maîtresse de mon époux ! Elle va même lui donner un bébé ; et tout à l'heure même ! Je ne ferai jamais un tel accouchement ! Elle est une proie venue se livrer dans la gueule du loup. Je ne vais pas la rater.

Un si lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant