Chapitre 13

459 23 0
                                    

Je ne souffre point car c'est Dieu ma force ; pourquoi devrais-je être triste si je sais que bientôt, je serai hors d'ici ? - C'est bien, j'admire cette sérénité ; allons voir votre visiteur. Nous nous rendons dans la salle de visite et je vois un homme que je ne semble pas connaître mais dont j'ai déjà vu le visage une fois. - Bonjour Madame Raissa ; - Bonjour monsieur ; - Vous ne me reconnaissez pas ? - Non, nous nous sommes déjà rencontrés ? - Oui, à une cérémonie et Stanley nous avait présenté ; - Ah ! je vois, vous connaissez donc Stanley ? - Oui, nous avons fait le collège ensemble ; j'étais aussi présent à votre mariage civil ; - Ok, que puis-je pour vous ? - Je suis venu juste voir comment vous allez ; vous avez dû constater que malgré les conditions déplorables de vie, vous êtes placée dans l'une des meilleures cellules et que vous êtes seule. C'est moi qui ait donné cet ordre ; Ses propos m'intriguent. Je ne comprends pas alors je l'interroge : - Eh bien ! Je n'ai pas visité les autres cellules pour savoir si la mienne est la meilleure. Et comment se fait-il que vous donnez d'ordre ici ? - C'est moi le Commissaire que Stanley a appelé pour venir vous arrêter ; ce soir-là, je devais prendre un vol car j'avais une formation d'un mois à suivre en Suède. C'est pour cela que c'est maintenant que je viens vous voir. A cette révélation, ma mine change. - Monsieur le Commissaire, pourquoi venez-vous me voir ? Est-ce normal ce que vous avez fait ? Vous avez envoyé vos éléments m'arrêter sans preuves ; juste parce que vous êtes l'ami de Stanley ! - Raissa, si vous me permettez de vous appeler ainsi ; c'est justement parce que Stanley est mon ami que j'ai envoyé des policiers vous chercher en même temps ; non pas pour vous faire du mal mais pour votre bien. - Comment ça pour mon bien ? Le Commissaire soupire. - Tel que Stanley m'a parlé au téléphone, je me devais pour votre sécurité d'agir immédiatement ; en fait, je ne devrais pas le faire sans preuves. Mais le connaissant, j'ai jugé bon d'outrepasser la loi pour votre propre sécurité ; sinon, si vous rentrez avec lui, il pourrait vous tuer ; - Vous plaisantez j'espère, Monsieur le Commissaire ; - Non, je connais Stanley depuis longtemps et c'est pour cela que je ne le fréquente pas ; est-ce que vous m'avez jamais vu lui rendre visite ? Je me contente d'être son ami à distance et même là aussi, c'est parce que j'ai une dette morale envers sa défunte mère, qui a un certain moment de ma vie m'a porté secours. ; quand Stanley est en colère, il a des attitudes imprévisibles ; c'est d'ailleurs ce qui lui a fait faire la prison par le passé. - Quoi ! Stanley a fait la prison dans sa vie ? - Oui, deux fois quand nous étions au collège puis quand il était à l'université ; Cette conversation devient intéressante. J'interroge le Commissaire : - Et pour quelles raisons a-t-il séjourné en prison ? - La première fois, pour un viol et la deuxième fois, pour coups et blessures graves. - Quoi ! - Oui, tout ce que je vous dis est vrai ; avez-vous un Avocat ? - Oui ; - Envoyez le vers moi ; je vais lui donner tous les éléments pour prouver que Stanley est de mauvaise moralité ; d'ailleurs votre Avocat n'a qu'à demander à avoir accès à son casier judiciaire. - Commissaire, je n'arrive pas à le croire. - Raissa, je pense que je vous ai aidé du mieux que je peux. A bientôt ; si vous avez besoin de moi, n'hésitez pas. Surtout, ne dites jamais à Stanley que je vous ai donné de telles informations. Je rejoins ma cellule, très dépitée ; si le Commissaire dit la vérité, c'est que j'ai vécu pendant des années avec un inconnu ; Stanley ne m'a jamais dit qu'il a séjourné en prison pour viol et pour violences sur la personne d'autrui. Quelles facettes cachées de mon mari ! Un véritable hypocrite ! Jusqu'à cette nuit où je rencontrais Sonia, j'avais toujours pensé que Stanley était un bon père et un mari exemplaire. Si c'est ainsi, alors que Dieu soit loué de ma présence ici ! Autrement, comme le Commissaire le dit, il aurait pu me tuer ! Alors que je pensais qu'être ici était un malheur, Dieu savait que c'était pour me protéger. Décidément ! On ne peut prétendre connaître quelqu'un ! Il n'y a que Dieu qui sonde les cœurs et c'est pour cela qu'il m'a fait découvrir Sonia afin de me révéler une face cachée de l'homme que j'ai épousé ; malheureusement, je n'ai pas su me contrôler. Je suis impatiente que Maître Justine arrive. Ça, c'est ce qu'on appelle révélations Scoop ! Stanley a un passé si sale et il veut me faire la morale ! Je suis bien meilleure que lui ! Mais qu'importe ! Mon but n'est pas d'être meilleure que les autres, mais d'être meilleure que la personne que j'étais hier. Ce qui est intéressant dans cette histoire, ce sont des informations qui ne vont pas à l'avantage de Stanley. Cela fait quatre jours que Maître Justine m'a parlé de la libération sous caution ; vivement que la procédure s'accélère ! J'attendais la visite de Maître Justine avec impatience ; à son arrivée, c'est donc avec beaucoup d'empressement que je lui annonce tout ce que j'ai appris du Commissaire. - Maître Justine, j'ai quelque chose de très important à vous dire. - Ah oui ? - Mon mari a fait la prison deux fois dans sa vie. Maître Justine ouvre grandement ses yeux et se prononce : - Qui t'en a parlé ? - Son ami le Commissaire qui a envoyé les policiers m'arrêter. Je lui rapporte exactement ce que ce dernier m'a révélé. Maître Justine répond : - Je vais demander à accéder à son casier judiciaire ; et j'en saurai plus sur cette affaire ; il est de mauvaise moralité et il ose t'accuser ! Il a déjà perdu d'avance. Je remercie le Seigneur d'avoir mis ses éléments en ma possession. Maintenant, j'ai une bonne nouvelle pour toi. - Laquelle ? - Je viens de déposer ta décision de libération sous caution à l'administration de la police ; d'ici deux jours, tu seras libre. Je saute de joie. Je suis si contente ! Je vais enfin voir mes enfants. - Maître Justine, je n'ai aucune envie de retourner dans la maison de Stanley ; - Je ne te le conseille d'ailleurs pas ; - Mais je fais comment pour mes enfants ? - J'ai également obtenu l'autorisation pour que tu les voies autant que tu veux ; mais pour ta sécurité, il vaut mieux que tu sois souvent accompagnée ; ou que je te les emmène à ton lieu de résidence puisque j'en ai reçu l'autorisation. - Merci pour tout. - Je t'en prie ; je ne fais que mon travail. Par contre, je n'arrive plus à joindre ta patiente Béatrice ; son téléphone est fermé ; - Et pourquoi ? - Je ne sais pas ; mais j'ai comme l'impression qu'elle a des choses à dire. Sais-tu où elle habite ? - Non mais je peux remonter à elle. Elle est la femme d'un ami à un des fils d'une vieille dame que je connais ; si j'arrive à retrouver ce fils, je pourrai avoir des informations sur elle. - Ok, dans tous les cas, les bons puzzles se mettent en place pour ta défense ; - Je ne vois encore rien de consistant ; mais bon j'ai confiance ; l'homme de Dieu qui me visite souvent m'a dit qu'avoir la foi, c'est monter la première marche, même si on ne voit pas tout l'escalier ; - C'est une citation de Martin Luther King, un pasteur baptiste afro-américain qui a été jusqu'à sa mort un militant non violent pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, pour la paix et contre la pauvreté. J'aurais souhaité que le corps de dame Sonia soit encore disponible afin que je fasse faire une autopsie. - Et pourquoi parlez-vous au conditionnel Maître ? - Le corps a déjà été enterré ; - Par qui ? - Tu n'es pas sans ignorer que dans notre pays, un corps non réclamé peut être inhumé par l'Etat à travers ses services compétents, lorsque la famille ne s'est pas manifestée dans les trente jours qui suivent le décès. Dans son cas, elle a été mise dans le lot enterré dernièrement. Si tu avais parlé dès son décès, l'autopsie aurait pu être faite. Mais ce n'est pas grave ; maintenant que tu es en liberté provisoire, je vais œuvrer pour faire traîner le procès afin de disposer du temps nécessaire pour rassembler les éléments nécessaires à ta défense. - Merci Maître Justine. - Surtout continue de prier ton Dieu, Raissa, il est le meilleur Avocat. Deux jours après, mon frère Abdoulaziz vient me chercher et me conduit chez lui. C'est là où, je vais habiter pour un moment ; ayant obtenu l'autorisation de rendre visite à mes enfants, je me rends chez Stanley, accompagnée par mon frère. Je ne le trouve pas à la maison ; je ne trouve que la femme de ménage, qui manifeste sa joie de me revoir. - Bienvenue Madame ; je suis contente de vous revoir ; - Merci bien, où sont les enfants ? - La grande est dans sa chambre ; les autres sont au salon devant la télévision ; - Comment vont les filles ? - Elles sont très tristes madame ; - Et Chris ? - Je m'occupe bien de lui. Mais il pleure beaucoup parce qu'il veut vous voir. Je continue et je me dirige vers le salon. Je vois mes deux dernières filles et Chris sagement assis dans les canapés ; dès que les enfants me voient, ils se lèvent précipitamment pour s'agripper à moi et manquent même de me renverser. Je ne sais même pas qui prendre en premier ; cet instant d'émotion fait échapper des larmes de mes yeux. Ma deuxième fille âgée de sept ans s'adresse à moi. - Mais, maman, depuis quand voyages-tu sans nous prévenir ? Tu ne nous téléphones même pas. Et la dernière ajoute : - C'est vrai, maman, tu n'es pas gentille. C'est donc ce que Stanley a raconté aux enfants. C'est tant mieux d'ailleurs, je n'aurai pas aimé que les enfants sachent que j'ai été en prison. Je leur réponds : - Il n'y avait pas de téléphone là où je suis partie et j'y suis allée de façon imprévue ; mais maintenant je suis là sauf que je ne vais pas rester ici. - Comment ça maman ? - Je vous expliquerai ; allons voir votre grande sœur d'abord; Je me dirige dans la chambre de ma fille ainée, suivie des autres enfants ; elle a eu dix ans la semaine dernière et je m'étais arrangée avec mon frère pour qu'un cadeau lui soit offert de ma part. Une fois dans sa chambre, je ne la vois pas et je remarque le cadeau déposé au bas de son lit ; elle ne l'a pas ouvert. Je sens de l'eau coulée dans la salle de bains et je comprends qu'elle y était. Je décide de lui faire une surprise en m'asseyant sur son lit. Les autres enfants s'installent près de moi et ne veulent plus me lâcher. Cinq minutes plus tard, ma fille sort et me voit. Elle était surprise mais ne manifesta aucune joie ; je m'étonne et l'interpelle : - Carine, tu n'es pas contente de me revoir ? Elle ne me répond pas. Je me lève et m'avance vers elle. Je touche son épaule. Elle réagit vivement : - Ne me touche pas, criminelle. Mon Dieu ! Quel choc ! Je suis totalement bouleversée ; néanmoins, je garde mon sang-froid et je lui parle : - Carine ; je suis ta mère ; pourquoi tu me parles ainsi ? - Mon père m'a dit que tu as tué deux personnes, une femme et son bébé ; je ne veux plus que tu sois ma mère et je n'aurai plus aucun respect pour toi; Je mets ma tête entre mes deux mains ; Stanley a monté ma fille contre moi ; je la regarde hébétée, ne sachant pas quoi dire, tellement j'étais dépassée ! Elle s'adresse encore à moi : - Papa ne veut pas que mes sœurs le sachent mais à moi il a dit la vérité ; maintenant tu as fait de moi la fille d'une criminelle et après ton jugement, mes camarades me pointeront du doigt et se moqueront de moi. Reste loin de moi. Entendre ma fille prononcer des paroles aussi dures me fend le cœur ; Stanley est allé loin, très loin. Comment peut-il raconter des choses pareilles à un enfant de dix ans ?

Un si lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant