Chapitre 8 - Fuite

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Anthémis se racla la gorge.

- Bonjour ? émit-elle, peu sûre que la Pythonisse lui réponde chaleureusement.

- Qui êtes-vous ? rétorqua cette dernière.

Sa voix était faible mais claire et douce ; au vu ce qui lui restait de visage, elle ne devait pas avoir plus de trente ans.

- Êtes-vous venus en demandeurs d'oracles ? continua la femme.

- Non, nous voulions simplement savoir qui vous étiez réellement, répliqua Edel. Tout le monde à Lunaria aime se raconter des histoires à votre propos, mais personne ne sait vraiment qui vous êtes ...

La Pythonisse marqua une pause, se contentant de garder la tête haute, mais restant silencieuse.

- Je ne suis personne, finit-elle par déclarer. Je ne suis là que pour rassurer le peuple. Je ne suis que la Pythie de Lunaria, c'est-à-dire personne.

Anthémis ne comprit pas où la femme voulait en venir ; elle se tenait pourtant là, devant elle, en chair et en os, quoique les yeux manquants. Elle-même avouait être la « Pythie de Lunaria », comment pouvait-elle se juger comme n'étant personne ?

- Si vous n'êtes pas ici en demandeurs d'oracles, je vous demanderais de vous en aller, annonça-t-elle d'une voix autoritaire.

- Vous avez pourtant l'air seule, ici. Si peu de gens viennent vous voir régulièrement ? insista Anthémis.

- Ma vie ne concerne que moi.

- Tu devrais la laisser tranquille, elle n'a pas l'air d'humeur à être interviewée, chuchota Edel.

À contrecœur, Anthémis se décida à lésiner sur les questions jugées trop indiscrètes. La Pythonisse ne comptait apparemment pas à ce que les deux jeunes gens restent dans sa demeure s'ils ne quémandaient aucun oracle.

- J'ai une demande, déclara-t-elle.

Edel la regarda, interrogatif, tandis que la Pythonisse acquiesça, l'incitant à continuer sur sa lancée.

- Puisque vous dites être en mesure de nous offrir des oracles, est-ce que vous pouvez savoir ce qu'est devenue ma sœur ?

- Comment s'appelle-t-elle ?

- Ambroisie Vanderguel.

La femme sembla réfléchir pendant quelques instants. Le silence retomba sur l'immense salle, tandis que, tête baissée, la Pythonisse se concentrait, invoquant intérieurement les divinités. Edel en eut des frissons ; il pouvait presque sentir leur présence l'encercler, et il lui sembla entendre de faibles murmures, sans que personne n'ait bougé les lèvres.

- Je suis désolée, finit par déclarer la Pythonisse.

- Quoi ? Pourquoi êtes-vous désolée ? s'empressa de demander Anthémis, paniquée.

- Les divinités ne peuvent répondre à votre appel aujourd'hui.

La jeune fille soupira de soulagement, ayant cru que la prêtresse allait lui donner ses condoléances.

- Pourquoi ne peuvent-elles pas ?

La Pythonisse tenta tant bien que mal de se concentrer ; elle baissa la tête jusqu'à ce que son menton finisse par toucher le haut de son thorax, mais n'attint pas son objectif.

- Je n'arrive pas à entrer en contact avec elles. J'en suis confuse ...

Elle semblait sincèrement désolée, mais Anthémis n'en fut que davantage frustrée. Elle n'avait pas de religion, et ne voyait pas comment on pouvait croire de telles sottises, et encore moins pourquoi certains osaient encore, de nos jours, diffuser de pareilles idées, alors qu'au vu de leur situation actuelle, il était évident qu'aucune divinité ne comptait se mettre en jeu et tous les sauver d'Hodei.

Reflétés T1 - LunariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant