" I could hurt, someone like me "

283 10 0
                                    

Quelle idée j'avais eu de lui offrir une place pour Grease putain. Si mon paternel et moi on avait eu plus d'imagination, je serai pas dans une salle de spectacle à regarder une comédie musicale pour gonzesse. Seulement voilà, on a aucune imagination et elle n'avait plus de place dans les placards avec les mixeurs, machines à café, aspirateurs .. que je lui achetais chaque année et comme elle m'avait dit aimer Grease, j'ai sauté sur l'occasion en me disant que mon père irait avec elle. Le problème c'est que mon père est encore moins courageux que moi et a inventé une réunion avec son chef demain pour pas venir. Il me le revaudra.

Me voilà vautré, avec un costume qui gratte, dans un des sièges bleus du zénith toulonnais, me faisant particulièrement chier.

Je dis pas hein, ils chantent bien,mais rien que l'histoire .. sincèrement c'est vraiment un truc de gonzesse. Une fille qui rencontre un mec, le retrouve dans son lycée, a son pauvre petit cœur brisé parce qu'il l'ignore, une bande de connasses en rose, des mecs avec plus de gel que le Nekfeu dans ses bons jours, tout ça sur fond de musique où tout le monde est grave heureux. C'est fatiguant, c'est absolument pas réaliste et je me demande vraiment ce que ma mère, qui a les yeux qui brillent et qui applaudit à tout bout de champ, peut bien trouver à ces faux chanteurs de Broadway.

There are worse things I could do,

Than go with a boy or two.

Even though the neighborhood thinks I'm trashy,

And no good, I suppose it could be true,

But there are worse things I could do.

Je relevais la tête et regardais la petite garce, chef du groupe des connasses en rose si j'ai bien compris, chanter les premières paroles de sa chanson. Je ne l'avais pas vraiment remarquée avant, je n'avais pas suivi le truc surtout, mais là, je ne pouvais que suivre. Elle me perturbait au plus haut point.

Il y avait une ambiance autour d'elle, on ne voyait qu'elle, c'est limite poétique mais bien que je ne sois pas ce genre de gars, il n'y avait pas d'autre définition pour ce qu'elle chantait. C'était elle et elle était la chanson.

I could flirt with all the guys,

Smile at them and bat my eyes.

Press against them when we dance,

Make them think they stand a chance,

Then refuse to see it through.

That's a thing I'd never do.

Il y avait une sorte de sarcasme dans sa dernière phrase, je ne savais pas si c'était la chanson qui le voulait ou si elle était sarcastique pour elle-même.

Toute la chanson, je l'ai observée, perturbé, mais ravi. Je venais enfin de trouver un intérêt à toute cette comédie, sans mauvais jeu de mots : j'avais retrouvé l'inspi.

Ça faisait des semaines que je n'écrivais plus rien ou alors rien de constructif et là, elle venait, avec quelques notes et ses airs de connasse, de me redonner l'inspi. J'avais plein de paroles, ça fusait de partout, j'en avais limite mal à la tête. J'essayais de me souvenir de tout puisque ma mère m'aurait tué si j'avais osé sortir mon portable pour écrire.

Qui qu'elle soit, je la remercie. Elle a rendu heureuse ma maman avec son interprétation « magique, ça m'a transportée » et moi, elle m'a inspiré.



IncendioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant