Chapitre 6 : Étrange diamant.

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La fin du rite funéraire arriva bien plus vite que Nuha ne l'aurait cru. La cérémonie avait dû être écourtée en raison de la soudaine insolation du Prêtre Royal. C'était presque trop beau pour être vrai. Le prêtre était tombé comme une mouche au sol. Certains avaient vu ça comme un signe du déclin du royaume ou encore de l'abandon de la déesse mais pour la jeune reine, il en était tout autre. Elle avait soufflé un doux merci au soleil, complice pour la première fois avec l'astre ardant. Il était amusant de voir un prêtre se faire punir par la déesse qu'il était sensé servir.

- Nuha, je suis désolé de te parler de diplomatie en ce triste jour mais c'est important.

C'était Sâd qui d'un pas discret s'était approché de sa sœur qui s'apprêtait à monter sur son chameau. Le palais n'était qu'à quelques mètres et elle ne tenait pas à s'enfermer dans une boîte mouvante pour un si court trajet.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en voyant le regard préoccupé de son frère.

- C'est propos du mariage. La nouvelle de la mort de Muna est parvenue jusqu'aux royaumes voisins.

Nuha se mordit la lèvre inférieure. Elle devait prendre une décision dans les plus brefs délais, dans le cas contraire elle risquait de lourdes représailles venant de Saltar. La paix n'était que faible et en rompant la promesse de mariage elle deviendrait inexistante.

- On a reçu quelque chose ?

- Oui, une lettre rédigée par le Roi lui-même afin que la rumeur ne s'ébruite pas. Il exige des explications et en prenant en compte la distance à parcourir pour rejoindre notre capitale la lettre doit datée de quelques jours déjà.

Nuha passa sa main dans ses cheveux blonds foncés faisant tomber le voile autour de son cou. Cela voulait tout dire : quelqu'un avait informé le Saltar de la mort de Muna avant même qu'elle ne le soit vraiment.

- Cela ne peut être que les prêtres... souffla-t-elle.

- C'est ce que je me suis dit également.

Le volume avait légèrement baissé entre le frère et la sœur. Ils étaient à l'affût de la moindre ombre qui viendraient interrompre leur discussion.

- Sâd, tu pourrais envoyer un messager en mon nom pour Saltar. Je n'ai pas d'autre choix que de résoudre ce conflit moi-même et sans tarder. Demande à ton homme le plus discret, le Prêtre Royal ne doit se douter de rien.

- Bien, je vais faire ça.

Les traies du visage de Sâd s'étaient détendu, il offrit un large sourire à sa sœur. Sa peau tannée par le soleil était couverte de cicatrices, Nuha ne connaissait personne de plus bave que son frère ni de plus compréhensif. Il avait toujours était son modèle et encore aujourd'hui il était la personne en qui elle avait le plus confiance.

- Sois prudente, lui glissa-t-il avant de l'embrasser sur le front. Que la Déesse te protège.

Pour la Déesse on repassera, pensa-t-elle. Malgré tout, elle lui sourit avec la même intensité avant de monter sur le chameau.

- Ce soir je te donnerai la lettre pour que tu puisses ne pas l'envoyer trop tard, ajouta Nuha avant de donner une tape au chameau.

La bête se leva non sans un long râle. La jeune reine rabattit son voile sur sa tête et se cramponna au siège alors que le chameau partait en direction du palais.

***

Le nuit était tombée, Nuha avait remis la lettre à son frère depuis plusieurs jours déjà et avait continué ses enseignements avec une assiduité exemplaire. Elle s'était rendue dans les jardins, sans aucun doute son lieu préféré de tout le palais. Quand elle se trouva complètement seule, elle fit quelque pas de danse sans trop réfléchir, laissant son corps s'exprimer pour elle. Elle était triste soudainement. Peut-être était-ce cette fichue lettre ? Pourtant elle avait tout fait pour l'oublier, elle s'était plongée dans la lecture d'un livre de conte du royaume de Saltar qu'elle aimait beaucoup. C'était l'histoire d'un jeune garçon qui s'était lié d'amitié avec un dragon et quelque part, elle avait l'impression d'en apprendre un peu plus sur le dragon qui habitait le sous-sol de sa bibliothèque en lisant ce genre d'histoire. Ce qui restait un mystère pour la jeune femme, c'était cette adoration que vouait ce peuple à ces créatures légendaires. Même si elles étaient stupéfiantes, elles n'en restaient pas moins dangereuses et cruelles.

Les Histoires EntrelacéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant