Chapitre huit : Destins

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Suite à leur découverte sur le potentiel meurtrier, Shadow, Méliandre et Anthéa en étaient arrivés à la seule conclusion qui s'imposait. Agir sans réfléchir n'aurait pas été pertinent et il valait donc mieux avertir Sorène de leur déduction avant toute chose. Le maître de San Francisco choisirait la méthode d'action qui lui paraitrait la plus appropriée. Et il aurait davantage les moyens d'effectuer des recherches grâce à ses acolytes.

Ainsi, Méliandre avait proposé d'aller faire un rapport au vampire pendant que les autres resteraient à Hayes Street. Lucinda n'avait daigné redescendre au salon que pour signifier qu'elle sortait pour chasser avec sa meute quelques heures. Anthéa, épuisée par son jogging dans la ville, avait fini par monter s'allonger à l'étage.

Shadow s'était donc retrouvé seul. Ce qui ne lui posait aucun problème !

En furetant au rez-de-chaussée, il avait découvert une porte à l'arrière de la maison qui donnait sur un petit jardin privatif. Le bloc formé par les bâtiments alentours abritait cette cour. Chaque résident avait donc un petit espace de verdure réservé derrière son logement. Séparé de ses voisins par une haie d'ifs, le petit terrain herbeux avait enchanté Shadow. Des plants de fleurs bigarrées à l'oranger séculaire de 8 mètres, tout était parfaitement agencé et respirait la vie.

Sorène devait faire entretenir cet endroit très régulièrement. Pas une fleur fanée, pas une feuille sur l'herbe fraîchement coupée. La perfection du maître vampire se reflétait dans cet endroit splendide.

Shadow avait sauté délicatement sur une des branches graciles de l'arbre centenaire pour s'y installer. Le parfum d'agrume se répandait dans les feuilles, sucré et acide. S'appuyant contre le tronc à l'écorce rugueuse, le jeune vampire ferma les yeux pour apprécier le calme auquel il avait aspiré toute la journée. Dire que la nuit dernière il se trouvait dans un séquoia en pleine nature... Cela lui paraissait avoir eu lieu depuis une éternité.

Il se demandait s'il aurait l'occasion de retourner flâner au mont Tamalpais dans les prochains jours... Il lui faudrait évidemment songer à se nourrir. Mais avec le danger que représentait le meurtrier de San Francisco, il doutait qu'on lui autorise une virée solitaire. Il devrait certainement se faire escorter et cette idée le répugnait. D'abord parce qu'il savait que la seule personne susceptible de pouvoir l'accompagner dans les bois serait Lucinda ; mais aussi parce que le fait de devoir se nourrir devant témoin le rendait malade. Il avait l'impression que sa liberté n'était plus qu'un souvenir.

- Retour à la case départ, marmonna le prédateur. Me revoilà en prison !

- Il y a pire comme geôle, tu ne trouves pas ?

Shadow ouvrit les yeux en entendant la voix ronronnante qui venait de s'adresser à lui. Il leva la tête dans la direction d'où elle lui était parvenue et aperçut un gros chat roux. Le félin l'observait, nonchalamment étendu sur une branche voisine, les paupières mi-closes. Ses iris verts chatoyaient, comme amusés.

- Tu ne trouves pas cet arbre confortable ? s'enquit à nouveau la voix ronflante.

- Si, admit le vampire avec un petit sourire.

Le chat sortit ses griffes pour gratter l'écorce avec volupté, les moustaches frétillantes.

- C'est mon territoire, ici, tu sais... fit-il remarquer en ouvrant les yeux pour fixer son interlocuteur. Et je n'aime pas qu'on s'y installe d'ordinaire.

- Tu veux que je m'en aille ? proposa Shadow doucement.

- Non... Je te tolère pour l'instant.

Le matou agita sa queue d'un air princier avant de poursuivre :

- Quel genre de créature es-tu pour pouvoir parler à Spike d'égal à égal ?

L'Ordre et le Chaos tome 1 : Nuit et OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant