Chapitre 7

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86 arz avant la fin du mois froid.

Nyah, étant rentrée plus tôt du travail, commençait à préparer le repas du soir quand Lucas rentra de l'école.

Exceptionnellement, elle n'était pas allée le chercher, car l'hébergeuse d'un de ses amis l'avait raccompagnée.

L'écolier souffla, enleva son manteau et le jeta sur le canapé. Il se déchaussa ensuite négligemment avant de sauter sur le fauteuil.

La hyarkitienne était très souple niveau éducation envers Lucas.

Qu'est-ce qu'elle pouvait lui reprocher ?

Oui, il n'en faisait qu'à sa tête et ne l'écoutait jamais. À chaque fois qu'il était seul dans une pièce, c'était un miracle si tu ne retrouvais pas tout sens dessus dessous.

Mais il rentrait toujours avec des notes pas plus basses que seize, ses professeurs ne se plaignaient jamais de lui – même s'ils ne pouvaient pas étant donné qu'ils étaient inférieurs – et il avait été parfait avec les journalistes.

Alors quand tu comparais ses défauts et ses qualités, tu ne pouvais qu'assurer que c'était un enfant presque parfait.

" Alors, l'école, c'était comment ? demanda l'hébergeuse.

- Oh, comme d'hab'... Ah si ! J'ai fait virer une enseignante."

Les sourcils de Nyah se froncèrent.

Voilà le seul défaut des M.E.

 Les années passaient et ce défaut se renforçaient de plus en plus. À force d'être plus riche et plus puissant que les V.A, les citoyens se croyaient supérieurs et croyaient en une "race suprême".

Ceux qui pensaient comme cela étaient des aveugles pour Nyah. Car pour l'instant, la chance mais surtout Lui était avec eux. Mais à force de se croire tout-puissant, Il se retournera contre eux et se sera la fin des années de gloire des M.E.

"Qu'est-ce que tu as fait encore, Lucas ? Je t'ai déjà dit d'arrêter de faire ça ! Ta pauvre enseignante ne méritait pas ça.

- Si elle le méritait, elle était ennuyante et je ne suis pas le seul de la classe à le penser ! Et puis on s'en fout, c'est une adulte, elle est aussi importante que les animaux qu'on a dans notre assiette."

Ne pouvant plus en entendre plus, Nyah laissa en plan la casserole encore fumante, pour se diriger vers le petit inconscient.

Elle ne pouvait pas admettre qu'un jeune qu'elle avait éduquée depuis son arrivée en M.E pouvait avoir des pensées aussi contraires que les siennes.

Ce n'était pas possible.

Inconcevable même.

La hyarkitienne n'arrivait plus à penser clairement, elle ne voulait qu'une chose : faire passer l'envie à Lucas de penser de telles atrocités.

Devant lui, elle leva sa main et avant de l'abattre sur sa joue, trois coups à la porte résonnèrent dans la pièce.

Nyah abaissa immédiatement sa main devant les yeux effarés du petit.

Si ces trois coups ne s'était pas fait entendre, elle aurait eu un acte qui lui aurait valu beaucoup d'ennui. Elle s'en sentait soulagée et elle remerciait mille fois intérieurement la personne se trouvant derrière cette porte.

Nyah éteignit d'abord la plaque chauffante avant d'aller ouvrir la porte d'entrée.

Elle reconnut tout de suite Elan, qui n'avait pas l'air au mieux de sa forme.

D'énormes cernes entouraient ses yeux qui étaient autrefois d'un beau marron chocolat. La guide avait l'habitude de la pâleur de la peau du président, mais cette fois si, elle prenait presque une teinte cadavérique. S'en était troublant.

Voyant son état, Nyah comprit que quelque chose de grave se passait.

"Lucas ? dit-elle en se tournant vers le jeune. Ce soir, tu vas dormir chez les SHANO.

- Chez Eric ? demanda-t-il.

- Oui, allez, et tu t'excuses de ne pas avoir prévenu avant."

Le petit, tout heureux de dormir chez un ami, partit en courant préparer ses affaires pour la nuit.

Pendant ce temps, Elan était rentré et s'était assis sur le fauteuil en silence, la guide elle, commençait à préparer la table.

Quand Lucas fut parti, le repas était prêt et ils se mirent à table.

Le dîner se déroula de la même façon, dans un mutisme total. 

Mais ce n'était pas ce silence qui rendait les gens gênés, c'était plutôt un silence apaisant.

C'était toujours comme cela quand le président rendait visite à Nyah : elle lui préparait un bon petit plat comme elle savait les faire puis ils le mangeaient en silence et il repartait.

Mais là, cette fois, ce n'était pas le cas.

Nyah le sentait. Le silence qui était apaisant devenait de plus en plus lourd et étouffant.

Elle connaissait Elan par cœur et avec seulement la façon dont ses yeux partaient sur le côté pour ne pas la regarder, ses doigts qui tremblaient en coupant la viande et ses fausses expressions de joie à chaque bouchée, avec tout cela, elle pouvait deviner qu'il n'allait pas bien.

Et la hyarkitienne avait raison. Après le repas, au lieu de partir, Elan se coucha sur le canapé.

"Fait-moi de la place, dit la guide, cassant ce silence."

Il leva le haut de son corps la laissant s'asseoir et posa sa tête sur ses jambes. Nyah jouait avec ses cheveux d'habitude souples et soyeux mais désormais ternes et cassants. Elan lui fermait les yeux, l'air paisible.

Et c'est au moment où un sanglot s'échappa de la gorge de celui-ci, qu'elle se décida enfin à lui demander ce qu'il se passait.

" Je ne sais pas, répondit-il les larmes aux yeux. Je me sens..."

Le cœur de Nyah se brisa en entendant à nouveau un sanglot s'échapper de ses lèvres.

Elle n'avait qu'une envie c'était de le prendre dans ses bras et lui dire que peu importait ses maux, tout allai bien se passer. Cependant, elle continua ses caresses en attendant qu'il continue.

Voyant qu'il ne poursuivait pas, la guide décida de changer de sujet.

"Lucas a fait renvoyer son enseignante aujourd'hui, et quand j'essaye de lui faire réaliser sa connerie, il rabaisse les adultes à l'état d'animaux. Il faut vraiment que tu changes les mentalités Elan.

- C'est facile à dire ça, la majeure partie des politiciens pensent comme lui. Et puis je ne vais pas leur dire : "Écoutez, maintenant vous ne devez plus pensez que nous sommes la race suprême !". Ils me riraient au nez !"

Nyah fut heureuse de voir que juste le temps d'un instant, l'ombre d'un sourire sur le visage du président.

" Les journalistes arrivent bientôt ? questionna-t-il.

- Sûrement.

- Alors je vais te laisser, il se releva et attrapa son manteau, surtout ne raconte rien à Mélanie. Tu la connais, elle va s'inquiéter et ne me laissera pas respirer une seconde !"

Elan avait beau feindre d'aller mieux, la hyarkitienne ressentais toujours cette tristesse dans ses paroles. Elle le rattrapa avant qu'il ne ferme la porte derrière lui. Il se stoppa et la fixa attendant qu'elle lui parle.

Et le silence reprit place entre les deux jeunes.

Le président, voyant l'inquiétude sur son visage, posa légèrement sa main sur la joue de son amie avant d'appuyer ses lèvres sur le front de celle-ci.

C'était comme cela que ça marchait entre eux.

Les gestes valaient mieux que la plus belle des phrases.

M.EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant