Chapitre 3

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Il l'avait porté jusqu'à sa chambre. Comme une princesse avait-il pensé, la seringue ayant endormie la jeune fille dans ses bras. Pourtant, le traitement qu'il allait lui infligé n'avait rien de royal.

Par chance, les couloirs étaient déserts à cette heure tardive et sa chambre se trouvait dans un lieu plutôt isolé de l'internat. Il avait donc réussi, avec succès, à passer inaperçue, une jeune fille inconsciente logée dans ses bras.

Désormais, il se trouvait dans sa petite chambre d'étudiant. L'adolescente, Liz Thornton, reposant sur son lit.

Il sortit d'un tiroir de sa table de nuit le mot qu'il avait écrit deux heures auparavant lorsqu'il avait décidé de passer à l'acte. Sur ce bout de papier était écrite cette simple phrase : « Je passe la nuit chez A. S. Bonne nuit ♥ ». Il fourra sa main dans la poche de la veste en jean de la jeune fille et trouva sa clé. Elle était accompagnée de deux porte-clés : l'un portant l'inscription « C27 », le numéro de sa chambre qu'elle partageait avec une autre élève, l'autre était un cliché de l'adolescente avec un garçon du même âge portant une coiffure jugée démodée.

Il quitta la pièce et ferma la porte à clé par précaution, laissant Liz seule, puis se rendit à la chambre numéro 27. Après avoir déverrouillé la serrure, il rentra à pas de loup dans celle-ci, ne sachant pas si Suzy, la colocataire de Liz, s'y trouvait. N'entendant aucun bruit synonyme d'une présence, il traversa la pièce et déposa sur un des deux lits le bout de papier. Il ne s'attarda pas dans la chambre des étudiantes et repartit.

Revenu dans la sienne, il replaça les clés de Liz dans sa veste. Il pénétra dans la kitchenette de sa chambre et réapparut une trentaine de minutes plus tard, un plateau sur lequel était disposé du matériel scientifique étonnant pour un lycéen étudiant les arts. Des gants, des compresses, un liquide désinfectant, des pansements, une nouvelle seringue ainsi qu'un minuscule flacon contenant une substance sombre...

Il prit une chaise et s'assit au chevet de la lycéenne. Il enfila des gants blancs en latex puis s'affaira sur la jeune fille. Il enleva les quelques bracelets imposants qu'elle portait au poignet gauche. Il nettoya à l'aide d'une compresse l'intérieur de son poignet, là où on pouvait observer plusieurs veines. Il retira avec délicatesse le bouchon de la fiole et préleva une partie du liquide noir avec la seringue dans son autre main. Une fois celle-ci remplie, il tapota de ses doigts la douce peau du poignet de la jeune fille. Il y trouva une veine satisfaisante. Alors, il inséra l'aiguille dans cette dernière et poussa le piston. Le liquide s'évapora du corps de la seringue pour rejoindre celui de Liz Thornton. Il retira l'aiguille de la veine de sa victime lorsque toute la substance fut administrée. Il colla un discret pansement sur le petit point que l'aiguille avait laissé sur la peau de la jeune fille.

Son travail était achevé.

Il remit de ses mains gantées les bracelets au poignet de la lycéenne prenant soin de cacher le pansement en dessous de ceux-là. Il replaça son matériel de scientifique dans une mallette noire.

Durant le reste de la nuit, il rangea ses diverses affaires d'étudiant dans des cartons. Décorations, babioles, vinyles : toutes ces affaires finirent emballées. Il enleva de son armoire ses vêtements puis les plia, les mains toujours protégées par le latex blanc, afin de les disposer dans ses valises. Quelques fois, il se surprenait à jeter des coups d'œil à la fille étendue sur son lit. En la regardant, il ressentait une certaine fierté l'envahir.

A l'aube, il brûla sa montagne de papiers administratifs.

Sa carte d'identité s'embrasa en quelques secondes puis, il la jeta comme les autres dans un sac plastique servant de poubelle. Malgré le plastique roussi, on pouvait déchiffrer sur celui-ci le nom : Aidan Sangster.

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