TIES

Chapitre 10

OLIVER

« Ça se transmet par le toucher… Si un être contaminé vient à toucher une quelconque personne, cela veut dire leurs peaux directement en contact : elle devient elle aussi contaminée. Si je me base sur les enregistrements que je vais vous montrer, chaque personne peut en être porteuse.

-Comment savoir si nous sommes contaminés ? questionnais-je en me replaçant nerveusement sur le plan de travail me servant de siège.

-Je comprends que c’est dur de se souvenir car ce sont des gestes que nous faisons sans s’en rendre vraiment compte mais as-tu été en contact avec Liz ? demande M. Miller retournant les rôles de chacun d’entre nous dans cette discussion.

-Bien sûr. Hier Liz m’a touché…

-Je-je ne savais pas, bégaye-t-elle sous la pression, je suis dés…

-Et c’est tout à fait normal Liz, ne t’inquiètes pas, la rassure l’infirmier.

-Donc j’ai été contaminé, reprenais-je. Puis, Alex, tu m’as serré la main.

-J’ai aussi été en contact avec d’autres personnes, avoue ce dernier.

-Alors moi aussi… murmure Mademoiselle Powell, j’ai-j’ai pris le visage de Liz entre mes mains il y a quelques minutes…

-Et vous ? conclut ma meilleure amie à l’adresse de l’infirmier.

-Je ne pense pas. Je garde ma paire de gants sur mes mains à longueur de journée, c’est impossible que j’ai pu être contaminé.

-C’est comme un cercle vicieux... ajoute la professeure de biologie. Tout le monde peut le contracter…

-Oui. Cette chose est extrêmement puissante par la manière dont elle se transmet. Sans le savoir, chaque jour nous sommes en contact direct avec d’autres personnes des dizaines de fois surtout dans lieu clos comme ici. Cependant, ce qui est le plus intéressant mais effrayant à la fois, c’est qu’elle semble également être intelligente. Les souris ont éprouvé le besoin de se toucher, ça avait l‘air d’être un besoin vital.

-Ça contrôle notre cerveau ? interroge Alex perdu et dépassé par la situation.

-Je ne pense pas qu’elle le contrôle mais elle a assurément une emprise sur celui-ci. La preuve, elle peut contrôler nos besoins. Venez jetez un œil aux vidéos. » ajoute M. Miller en s’approchant de la vieille télévision posé quelques tables plus loin.

L’infirmier effectue alors une action disparue depuis de nombreuses années : il introduit la petite cassette contenant le film de l’expérience dans son vieux lecteur poussiéreux. Le son et l’image de la télévision reliée à celui-ci grésillent quelques secondes avant de laisser apparaître une banale boîte transparente où était enfermés deux petits rongeurs.

Nous nous avançons, Mademoiselle Powell, Liz, Alex et moi, du téléviseur démodé par son design et nous plaçons à quelques mètres de celui-ci, laissant un des nombreux plan de travail en marbre présent dans cette pièce nous séparait. Nous regardons ensemble des images assommantes des occupations des deux souris défilant à grande vitesse en raison du doigt ganté de M. Miller sur le bouton «accélérer » de la télécommande avant que celui-ci ne stoppe la vidéo afin de la remettre en marche quelques instants plus tard à une vitesse normale.