Chapitre 8

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-« Hé, tu as besoin d'aide ?

-Oui, répondais-je au garçon à la peau café au lait m'ayant interpellé. Va chercher l'infirmier. »

Ce dernier s'en va en courant, ses bouclettes brunes dansant joyeusement, vers la destination où il sera susceptible de trouver M. Miller.

Je reporte mon attention sur mon amie.

Elle réside toujours dans un état second impénétrable. Ni les secousses, ni les légères claques que je lui inflige ne peut le troubler. Tous ses membres sont tendus jusqu'à ses poings fortement serrés, la peau de ses ongles rentrant dans ses paumes. Au contraire, son visage semble paisible, ses traits sont relâchés. Les seuls mouvements qu'elle effectue sont les papillonnements irréguliers de ses paupières, dévoilant de temps à autre des yeux blancs.

Inquiet de ce second malaise et de son étrange comportement d'aujourd'hui, j'essaye tant bien que mal de la réanimer. Pourtant, au fond de moi, je pense que mon amie est bien éveillée. Consciente.

J'ai l'intuition que ce n'est pas un malaise. Peut-être une sorte de coma... Ou... une hallucination. Je sais qu'elle m'entend. Je suis persuadé qu'elle est plongée malgré elle quelque part...

-« Liz ! Liz, réveille-toi ! lui criais-je au milieu de quelques élèves curieux. S'il te plaît, réveille-toi ! Liz ! Est-ce que tu m'entends ? »

Alors que je tenais son visage entre mes mains, une force invisible semble secouer le corps de ma meilleure amie et le pousser. Elle donne l'impression de recevoir une décharge dans le ventre et de la ressentir petit à petit dans tous ses membres. Liz est désormais prise de convulsions plus ou moins violentes.

Au même instant, ses paupières s'ouvrent grand et laissent apparaître, dans ses deux ronds parfaits, une immensité de blanc. Un blanc cassant et terrifiant. En effet, les si jolies pupilles vert clair de Liz ont disparu... La petite partie, appelée conjonctive bulbaire, les a chassé avant d'envahir la totalité de ses yeux. A peine quelques secondes plus tard, cette couleur blanchâtre se strie de milliers de minuscules marques noires, zébrant l'espace jusqu'à le combler entièrement de cette espèce de fluide obscur. Une petite perle noire vient ensuite déborder de ses globes oculaires et se former au coin de son œil gauche. Acculée par ses paupières se rabattant à cause de leur papillonnement incontrôlable, cette dernière quitte l'endroit où elle s'était logée et roule sur la joue de mon amie. Très vite, elle est rejointe par plusieurs autres gouttes similaires par leur couleur sombre. C'est maintenant abondement que Liz semble pleurer cette substance noire.

En ajout à ses larmes surnaturelles, la peau des mains de mon amie se zèbre à nouveau de vaisseaux sanguins sombres. Toutes ces différentes marques sont les preuves que Liz n'était pas seulement inconsciente. En effet, elle semble vivre une expérience différente de la nôtre, les « spectateurs » de cette scène et moi. Elle seule peut voir, entendre, sentir et peut-être subir ce qu'il se passe dans cet sorte d'autre monde dans lequel elle est coincée.

Cette scène étrange et impressionnante horrifie les personnes se trouvant autour de moi.

Sur le côté, j'aperçois le garçon aux bouclettes revenir, M. Miller sur ses talons, poussant un fauteuil roulant.

-« Réveille-toi ! Liz, REVEILLE-TOI ! S'il te plaît ! C'est moi ! Je t'en supplie... continuais-je en la secouant, des larmes translucides se formant au coin de mes yeux. Liz ! C'est Oliver ! »

Une de mes larmes salées tombe sur la main tachetée de noir de mon amie.

Lorsque la goutte d'eau s'écrase sur sa peau, Liz se réveille en sursaut, les yeux formant à nouveau deux petites soucoupes volantes vertes émeraude...

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