Chapitre 13

11 2 0
                                    

18 : 31


144. 145. 146. 147. 148. 149. 150. 151. 152. 153. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161...

Tel était le nombre croissant de personnes entant dans le grand réfectoire : lieu où se tenait la réunion de crise organisée une heure plus tôt par le proviseur du lycée. Les élèves entraient dans la salle bondée, silencieusement, les uns après les autres, sans interruption. Quelques minutes avant la prise de parole du dirigeant de l'établissement, une vague de murmures s'éleva et déferla sur la pièce lorsque, M. Miller et Liz Thornton suivie de deux autres garçons y pénétrèrent en toute simplicité. Les dizaines de paires d'yeux de celle-ci se tournèrent vers la jeune fille entourée comme protégée par les trois hommes.

La plupart des élèves avaient vu ou entendu parler de sa « crise » et de l'étrange phénomène ayant fait couler une substance noire de ses paupières tremblantes, il y a quelques jours. Les interrogations s'étaient donc tournées, jusqu'à l'arrivée du proviseur Goldfish, vers la liaison entre cet événement et cette soudaine réunion. Ce dernier entra quelques minutes plus tard dans le réfectoire déjà comble.

Nombreux étaient ceux qui manquaient à l'appel, mais ne voulant ou plutôt ne pouvant patienter plus longtemps, le proviseur du lycée se résolut à commencer cette réunion s'annonçant atrocement difficile. Un sinistre bouche à oreille serait assurément opérer pour les absents de celle-ci.

Le quinquagénaire effectua au micro de la petite estrade, installée pour l'occasion, quelques raclements de gorge afin de capter l'attention de tout son auditoire. En raison du caractère jugé assez mature, le silence se fit rapidement entendre entre les élèves âgés d'environ quinze à dix-huit ans. Il présenta brièvement, d'une voix hésitante compte tenu de son implication dans cette situation déplorable, la cause de se rassemblement de dernière minute avant de laisser la parole à l'infirmier du lycée. Le proviseur ne devait effectivement pas laisse paraître sa connaissance supérieure sur le virus les affectant. En savait-il vraiment davantage ? Lui-même en doutait après la terrible révélation de l'infirmier quelques heures auparavant.

Kyle Miler conta alors les différentes épisodes anormaux depuis la journée d'hier, présenta cette chose étant venue frapper à la porte de son infirmerie par l'intermédiaire de Liz Thornton, énonça les informations et découvertes qu'il avait fait pendant ses dernières quarante-huit heures, mentionna à plusieurs reprises, comme il l'avait fait avec le proviseur Goldfish, l'expression « mortel » puis conclut en employant le terme « virus ».

Les élèves, composant la majorité de l'assemblée, avaient réagi de manière modérée face à cette terrible nouvelle. Ce fait peut paraître étonnant et inconscient de la part de ces adolescents mais quelle réaction peut-on avoir si quelqu'un nous annonce que nous vivons probablement les dernières heures de notre vie ? Eclater de rire en traitant gentiment son interlocuteur de « cinglé » ? Pleurer toutes les larmes présentes dans notre corps même si aucune information ne nous certifie cette révélation ? Crier à la Terre entière que sn jugement est injuste en sachant pertinemment que ces ébats sont vains ?

Liées à leurs réactions, vers qui ou vers quoi leurs pensées s'étaient tournées à cet instant ? Leurs familles résidant aux quatre coins du pays ou, come leurs regards, leurs amis présents à leurs côtés ? Vers le matin qui, un jour, ne se lèvera plus jamais puisque la nuit précédente était la dernière où ils s'endormaient ? Vers ce sentiment de vie auquel ils étaient insensibles car trop habitués ? Vers les gestes anodins car entrepris au quotidien qu'ils seront pourtant incapable de reproduire une fois que la mort les aura paralysé ? Vers leurs rêves irréalisables par le silence auquel elle les aura réduits ?

Vers les essentiels mais probablement bientôt révolus soulèvements de leur cage thoracique. Vers le souffle chaud l'accompagnant. Vers la vie. Puis vers la mort. Imminente.

Ces questions sont universelles. Quand je vous parle de ces jeunes, je vous parle de vous et de votre adolescence passée ou actuelle et de « moi-même. Nous avons beau être tous différents, nos cerveaux ont parfois les mêmes réflexions et réactions face à des situations aussi marquantes que celle-ci. Face à la mort.

Elle est un être sournois nous capturant d'un jour à l'autre. Subitement ou après des mois même des années de combat, tout peut s'arrêter avec l'interminable son aigu de l'électrocardiogramme. Cette réalité est l'une des plus effrayantes : l'humain passe sa vie entière à se développer pour que stopper dans son élan ou lors de son achèvement, il soit emmener de l'autre côté.

Cette mort que l'on aperçoit brusquement au coin de son œil s'approcher avec sa démarche diabolique. Ou celle que l'on attend. Des sueurs froides dans le dos, des spasmes secouant le corps, la tête douloureuse, les yeux fatigués rivés sur une montre tenue dans une main craintive.

Une fois les longues mais cruciales explications de l'infirmier du lycée, un élève de dernière année se leva, la main pointée vers le plafond du grand réfectoire, et s'exclama afin que chaque individu présent dans la pièce puisse l'entendre :

-« Pourquoi ne laissez-vous pas partir ceux qui ne sont pas encore contaminés ?! Vous sauveriez des vies !

-Et comment sais-tu que tu n'es toi-même pas déjà porteur du virus.

-N'est-ce pas possible de les isoler afin de limiter la contamination ? enchaîna une autre élève en effectuant le même geste que son camarade.

-Non. Hé, s'il vous plaît ! aboya l'infirmier en tapant dans ses mains afin de réveiller son auditoire de leurs stupides idées. Nous parlons d'êtres humains, nous parlons de vos camarades ! Ils ne sont pas différents de vous et donc aptes à être traiter autrement. Est-ce que c'est bien compris ?

-...

-J'ai besoin d'un « oui » », réitère M. Miller.

Il se contenta alors de quelques réponses attendues mêlées à des soupirs exaspérés.

-« Et maintenant ? interrogea une élève se trouvant près de l'estrade où se tenait l'infirmier et le proviseur du lycée. Nous devons attendre les bras croisés que la mort vienne nous chercher ?

-Nous ne disposons pour l'instant d'aucun moyen de communication en raison de l'absence de réseau téléphonique et internet dans l'endroit où nous sommes ainsi que de l'interdiction d'appareils technologiques dans l'établissement », répondit ou plutôt répéta Owen Goldfish.

En effet, cette information était déjà connue de ses élèves puisqu'ils avaient dû accepter ces termes afin de se scolariser dans l'établissement.

-« Nous devons également prendre toutes les précautions nécessaires envers la propagation du virus, continua M. Miller. Il est impossible et interdit de quitter l'enceinte.

-Peut-être pouvons-nous créer quelque chose qui nous permettrait de contacter l'extérieur ! s'écria un élève, sans cacher son enthousiasme malgré la gravité de la situation les rassemblant, adossé contre un mur vers le fond de la salle.

-Ça pourrait effectivement être une idée intéressante... » murmura l'infirmier dans le petit micro.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

TIESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant