Chapitre 5 - Oliver

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Elle avait hanté mes pensées toute la nuit. Elle et sa dernière phrase. Ma conscience s'était forcée à comprendre pourquoi n'était-elle jamais revenue.

Hier soir. Elle s'était absentée le temps d'acheter des boissons.

Elle n'avait jamais ressurgi dans la grande pièce où se tenaient nos répétitions. Qu'est-ce qui avait pu l'en empêcher ?

Le lycée était entouré de murs immenses, elle ne pouvait pas s'être enfuie mais où était-elle ? Ces questions m'avaient torturé durant le reste de la répétition et la nuit entière. J'étais sorti dans le couloir, au bord de la crise de nerfs, pour constater par moi-même la disparition de Liz. Suzy était venue me réconforter par ses habituelles paroles innocentes et nous avions terminé cette répétition virant au cauchemar.

Ce matin, je l'avais attendu, anxieusement, en me rongeant les ongles, devant la porte de sa chambre comme chaque matin depuis notre arrivée dans ce lycée, l'année dernière. Elle n'en ait jamais sortie.

J'avais tambouriné conte sa porte jusqu'à ce que mes poings rougissent. Mais personne de l'autre côté n'avait prêté attention à cette violente manifestation. La seule réponse que j'avais obtenue était les regards intrigués des élèves se baladant dans l'internat.

J'étais reparti bredouille, les mains dans la poche et le moral dans les chaussettes.

Je m'étais présenté en retard en cours. Malgré cela, la chaise à côté de moi était restée vide jusqu'à la fin de la matinée. On m'avait à plusieurs reprises demandé où se trouver Liz. J'avais répondu pour me soulager intérieurement qu'elle devait être malade.

J'étais sorti, étrangement solitaire, dans le couloir principal à l'heure de la pause. J'avais rangé mes affaires sans bruit, puis avait tristement claqué la porte de mon casier. Derrière celle-ci, je l'avais vu arrivant en courant vers moi. A cet instant, j'avais voulu me taper la tête contre la rangée de casier s'étendant devant moi par stupidité de m'être inquiéter et de m'être inventer tous les scénarios possibles sur sa disparition.

Pourtant, elle était bel et bien devant moi. C'est son rayonnant sourire qui avait disparu. Une expression terrifiée l'avait remplacé.

Elle s'était approchée et avait pris mon visage entre ses mains. Liz l'avait minutieusement caressé sous tous les angles.

Cette démonstration publique d'affection m'avait intrigué. Ce n'était pas son caractère. De plus, quelque chose en moi d'indescriptible s'était figée voire même gelée lorsque nos deux corps avaient été en contact direct.

En étudiant son visage, j'avais remarqué qu'elle ne ressentait pas ce que j'éprouvais. Cet acte habituellement amoureux semblait plutôt vital pour Liz.

Au bout d'une minute, ce câlin avait pris une affolante tournure. Les parties visibles de la peau de mon amie étaient devenues sombrement zébrées. Des dizaines de vaisseaux noirs se divisaient puis se réunissaient afin de se lier. Ensemble, ils formaient un inquiétant labyrinthe veineux. Oui. Ce semblant de tunnels de tiges, de racines ou de plantes grimpantes constellant son corps était bien ses veines.

Puis soudainement, elle avait perdu connaissance.

Désormais, je soutiens son corps totalement relâché de mes frêles bras, l'agitation du couloir nous entourant.

-« Liz ! appelais-je. Est-ce que ça va ? »

Ses paupières sont lourdes, elle peine à rester éveillée. Sa tête, elle, balle de droite à gauche.

-« Liz ! réitérais-je, en lui donnant une petite claque sur les joues. Tu m'entends ? »

Faiblement, elle hoche la tête.

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