Chapitre 8

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Tout le monde a une histoire, un passé parfois douloureux peut affecter l'avenir. Couchée sur le côté dans un grand lit, une jeune femme pleurait chaudement. Des mèches de cheveux venaient se coller sur son visage à cause de ses larmes abondantes.

Elle n'avait jamais voulu de cette vie. Quand une personne l'approchait, ce n'était que pour la juger et la traiter de sans cœur. Les gens sont ainsi, ils se permettent de faire des commentaires sur votre vie sans prendre le temps de vous connaître réellement. Ce qu'ils voyaient n'était que ce qu'elle montrait. Au fond, elle souffrait.

Elle essuya ses larmes d'une main rageuse. Cela faisait longtemps qu'elle s'était promise de ne plus en verser une goutte. Sous son oreiller, se cachait une photo. Une photo, brûlée sur les rebords qu'elle conservait affectueusement depuis des années. Tant de souvenirs lui remontaient en regardant le visage de cette personne qui avait jadis occupé une place importante dans sa vie et dans son cœur. Puis, un jour tout s'est envolé. Une maladie cruelle l'avait emporté au pays où le retour est impossible.

Jacques, se prénommait-il. Il aurait pu être sauvé, songea-t-elle. Sa mort pesait sa conscience et lui rappelait qu'elle était coupable. Dix-huit ans, avaient-ils. Ils s'étaient détestés, aimés, adorés, désirés. Lui seul avait eu le don de ramollir son cœur de jeune fille acariâtre vivant dans les hauts quartiers.

Mutuellement, ils se vouaient une haine rien qu'aux premiers regards. Parce qu'il était un produit du guettho et elle, une fille à papa très gâtée. Il avait intégré son collège grâce à une bourse et c'était ainsi que débutèrent de temps à autre des lancements de piques. Elle le rabaissait à cause de son rang, il la rabaissait à cause de sa médiocrité intellectuelle.

Ils étaient destinés à s'aimer pour un certain temps. Leur querelle avait pris fin par une punition. Il s'était retrouvé mêler malgré lui à une des bêtises de la jeune fille au comportement désagréable. Il avait fallu seulement deux heures, un lundi du mois de Mars, pour que leur haine diminue petit à petit. Le premier sourire sincère de cette fille a suffi pour débloquer la machinerie sentimentale de son cœur.

À présent, il n'était plus là. Cette photo qu'elle tenait entre ses mains était le dernier souvenir matériel qui lui restait. Elle avait eu « l'audace » d'aimer un garçon qui ne pouvait même pas manger correctement. Elle avait brisé les règles établies par son père. Son père, pensa-t-elle avec un rictus de colère. Cet homme qu'elle haïssait au plus profond d'elle-même. Cet homme qui avait tout gâché.

Non, elle n'était pas coupable. Elle avait l'argent mais cet homme qui était son géniteur a tout brûlé et les médecins dont les billets économiques étaient prioritaires l'avaient laissé mourir. Elle avait tout perdu ce jour-là, le seul être qu'elle avait aimé sincèrement.

Contre son gré, une larme roula encore le long de sa joue. Elle la balaya rapidement. Elle ne devait plus pleurer. Son premier amour avait laissé ce monde beaucoup trop tôt. Plusieurs fois, elle avait pensé à le rejoindre. Elle espérait son bonheur là où il était, quoique croyante elle n'était pas.

Avec lui, elle avait vécu. Elle avait profité de chaque seconde que la vie lui avait offerte auprès de lui. L'image souriante de ce jeune homme à la peau d'ébène, au cœur pur, au sourire franc ne disparaîtraient jamais de son esprit et cet amour qu'elle ressentait encore, jamais de son cœur qui avait changé depuis son départ soudain.

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Une nuit d'Avril, une petite fille dont l'arrivée n'était pas attendue par tous, naquit dans une grande maison située à Fermathe. Lorsqu'on la présenta à sa mère, cette dernière avait détourné son regard. On pouvait lire clairement le mépris dans ses yrux.

Discover Love - InnocenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant