Chapitre 5

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Trois mois s'étaient écoulés. Trois mois avec des hauts et des bas; à un certain moment le jeune couple avait même connu des disputes souvent causés par la jeune fille. Parfois, ils restaient des jours sans se parler; tout cela se résumait à une jalousie.

C'était un jour normal comme les autres. Abigaëlle avait laissé le pays pour une semaine, laissant ainsi sa fille sous la garde de Séraphine sans savoir que ce serait une occasion rêvée pour que Marie-Anne sorte enfin de cette grande maison.

Au même moment où elle avait su le départ de sa mère, elle avertit Charles. Ils devaient se voir sous le manguier, un jeudi, durant le congé carnavalesque. Toute enthousiasmée, elle avait pris la route qui la conduisait vers le garçon qui l'attendait.

Mais en arrivant, son sourire avait disparu lorsqu'elle le découvrît en train de rigoler avec une autre. Ce tableau avait déplu à la jeune adolescente qui accéléra ses pas.

— Je dérange ? intervint-elle durement, les bras croisés.

Le jeune homme l'ayant entendu, s'était retourné pour lui faire face.

— Marie-Anne, sourit-il.

— Qui est cette fille ? fronça-t-elle les sourcils en dévisageant l'autre.

— Je suis Dorothée...

— Je ne t'ai rien demandé. C'est à Charles que je parle.

Le concerné se sentit tout de suite mal à l'aise devant la réaction de sa petite amie. Il ne comprenait pas pourquoi elle parlait ainsi. La douceur constante que reflétait son regard avait disparu pour faire place à une colère qu'il n'avait jamais aperçu.

— Charles, je t'écoute, porta-t-il ses yeux interrogateurs sur lui.

— C'est Dorothée, une amie à moi. Doro, voici Marie-Anne, ma petite amie, fit-il les présentations, gêné.

L'autre jeune fille s'éberlua devant l'annonce de Charles. Elle détailla Marie-Anne un instant avant de regarder le garçon qui avait les yeux baissés. Il ne l'avait jamais dit qu'il avait une petite amie, qui de plus, semblait être mécontente de les voir ensemble.

— Je crois que je dois partir. Au revoir, Charles, dit-elle en allant claquer une bise au jeune homme. On s'appelle.

Ce geste ne manqua pas de faire bouillonner Marie-Anne. Avant de partir, Dorothée lui jeta un dernier regard et elle le toisai sévèrement. Une fois qu'elle fût assez loin, Charles se décida à parler.

— Qu'est-ce qui t'a pris de lui parler comme ça ?

— Qui était cette fille ? l'ignora-t-il.

— Je te l'ai dit, c'est une amie.

— Une amie ? douta-t-elle. Pourquoi tu l'as emmenée ici ?

— Je l'ai trouvée là...

— Ne mens pas, le pointa-t-elle.

— Nous ne sommes pas les seuls à connaître cet endroit, je te rappelle. Bien avant toi, elle y venait.

— Avec toi ?

— Oui ! Avec nos autres amis. Franchement, tu m'as fait honte.

- Quoi ? Que voulais-tu que je fasse ? héla-t-elle. Que je lui dise bonjour comme de bonnes vieilles copines ? Tu étais en train de rire avec elle.

— Et alors ? Entre amis, ce genre de chose se fait.

— Bien sûr. Après, ce sera quoi ? Je vous retrouverai l'un dans les bras de l'autre ? Et je passerai pour l'idiote de service ?

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