Chapitre 7

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Depuis cette soirée, tout avait changé. Elle avait perdu la confiance de Séraphine. Sa mère était de plus en plus présente, ne la lâchant pas d'une semelle quand elle était à la maison ; elle méprisait chacun de ses gestes, elle la regardait comme une criminelle, l'enfermait même dans sa propre chambre. Parfois, elle l'entendait dire qu'elle avait hâte qu'elle s'en aille.

Depuis cette soirée, elle n'avait plus vu Charles. Elle se languissait de lui et lui d'elle. Ils ressentaient comme un besoin vital de se voir même si ce n'était que pour une petite minute, de se sentir l'un près de l'autre. Elle pouvait seulement lui parler en empruntant un téléphone à l'une de ses camarades. Cette situation était dure et compliquée à vivre et la dépassait. Parfois, elle pleurait en se rejetant toute la faute.

Les vacances d'été étaient maintenant arrivées. Abigaëlle était partie à l'Ambassade pour régler quelques détails avant le départ de Marie-Anne et ne pouvant pas l'emmener, l'avait une nouvelle fois confiée à Séraphine ; cette dernière s'était promise de bien la garder et ne pas céder à ses caprices pour éviter le pire. Ce qu'elle ne savait pas, c'était que la jeune fille avait plus d'un tour dans sa manche. Peu importait ce que sa mère aurait à dire et  la gouvernante, elle sortirait. De toute façon, elle allait bientôt partir et ce serait sans doute son dernier moment avec Charles avant longtemps.

Il lui disait tout le temps qu'il l'attendrait toujours au pied du manguier jusqu'au jour où il apprendrait qu'elle avait prit l'avion vers cette terre étrangère. À l'idée de l'absence de sa mère, elle était très excitée à l'idée de le revoir.

Il était encore tôt quand Abigaëlle laissa la maison : dès lors, la gouvernante était venue dans sa chambre, lui tenir compagnie. Cela n'était qu'un prétexte pour avoir un œil sur elle. Les histoires qu'elle racontait à la jeune fille n'était guère intéressante pour elle. Ses éclats de rire étaient faux contrairement à ce que croyait la vielle qui se réjouissait d'enchaîner ses récits. Depuis quelque temps, elle lui parlait rarement de Charles et elle ne savait pas si elle devait s'en inquiéter ou non.

— Marie-Anne, tu sais, je ne te déteste pas, lui dit-elle tendrement.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle avec une impatience modérée.

— Charles, te manque ? ignora-t-elle sa question.

La réponse, elle le connaissait. Énormément paraissait être un mot trop faible pour décrire le manque qui grandissait de jour en jour en elle. Elle voulait plus que tout le voir, le toucher, l'embrasser.

— C'est pour ton bien, ma fille, ramena-t-elle la tête de Marie-Anne sur son épaule. Ce que vous avez fait a été la goutte de trop.

Elle ne disait rien. Tout ce qui l'intéressait était de voir sortir Séraphine afin qu'elle puisse attraper sa valise dans laquelle elle avait mis ce dont elle aurait besoin et laisser cette maison pour retrouver le garçon.

— Cela aurait pu avoir des conséquences sur votre avenir, sur le tien en particulier, caressa-t-elle doucement la cuir chevelure de la jeune fille. Tu m'entends ?

— Oui, souffla-t-elle.

— Tu vas partir et tu oublieras toute cette histoire.

Il lui était clair qu'elle ne savait pas ce qu'elle disait. Oublier était impossible.

— Tu rencontreras et aimeras quelqu'un d'autre.

Elle faillit bondir en entendant cela. Séraphine ne savait vraiment rien. Elle aimait Charles du plus profond d'elle-même : après lui, il n'y aurait personne d'autre.

— Séraphine, tu peux aller chercher de l'eau pour moi, s'il te plaît ? l'interrompit-elle pour ne plus entendre, ce qu'elle appelait des «sornettes».

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