Chapitre 9

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La jeune femme se mit à tourner en rond dans la pièce comme une tigresse enfermée dans une cage. Marie-Anne se cachait derrière Séraphine, avec la crainte de possibles rebondissements de sa mère.

— Tu viens de déshonorer le nom de cette famille une nouvelle fois. N'as-tu donc pas pensé aux conséquences ? Où sont passées les valeurs que je t'ai inculquées ?

De la colère étincelait dans ses yeux d'un marron clair et son regard perçant pouvait vous donner froid au dos. La jeune fille se faisait toute petite.

— Tu n'as que 16 ans Marie-Anne ! Tu es encore une enfant. Enfin, plus maintenant. Tu pourrais mourir en mettant au monde cette chose.

— C'est mon enfant, hoquea-t-elle.

— Tu n'as même pas honte ! l'attrapa-t-elle brusquement par le bras.

Elle essaya vainement de se défaire de cette emprise douloureuse.

— Il a été conçu par amour, fit-elle d'une petite voix.

— Par amour, sécria-t-elle avec dégoût, en la secouant. Que sais-tu de l'amour ? Tu pureté est partie le jour où tu t'es donnée à ce moins que rien et là tu me parles d'amour.

À un certain moment, elles pensaient que des éclairs allaient sortir de ses yeux tant elle fulminait.

— Tu ne vas pas le garder, décida-t-elle.

La gouvernante laissa échapper un hoquet de sursaut, Marie-Anne retira vivement son bras et recula.

— Non ! Je ne te laisserai pas faire.

— Avec quoi tu vas l'occuper, petite sotte ?

— Madame je crois que...

— Séraphine je ne t'ai rien demandée. D'ailleurs je devrais te renvoyer depuis bien longtemps car je t'avais demandée de surveiller Marie-Anne. Si elle a pu faire tout cela, c'est en partie de ta faute.

Elle la regarda encore une fois avec mépris, ce n'était pas la jeune fille qu'elle espérait, ce n'était plus celle pour qui, elle avait de grands projets.

— Qu'ai-fait pour avoir une telle déception ? Regarde-toi. Que vas-tu faire maintenant ?

Sur ce, elle tourna les talons et sortit en direction du bureau de son mari, qui ne se doutait de rien. Sans frapper, elle entra dans la pièce. Surpris, il mit rapidement fin à son appel.

— Que veux-tu ? lui lança-t-il.

Sans lui répondre, elle le toisa et exprima sa frustration et sa colère sur un vase qu'elle renversa.

— Qu'est-ce qui te prend ? se leva-t-il de son fauteuil pour regarder les dégâts causés par la jeune femme.

Sa bouche s'ouvrit grandement en découvrant les morceaux éparpillés sur le sol ciré. Il plissa ses lèvres et se tourna vers elle avec un doigt accusateur.

— Tu es folle, ma parole ! Il m'a coûté une fortune, s'énerva Jean-Claude.

— Oh tais-toi ! héla-t-elle. Ce n'était qu'un stupide objet !

— Si tu voulais une autre carte de crédit, tu aurais pu me le dire, s'éloigna-t-il de ce qui restait du vase.

Elle se laissa choir sur l'un des fauteuil en fixant furieusement celui qui se tenait à côté d'elle. Elle avait vraiment la fâcheuse habitude de le faire dépenser. Mais là, ce n'était pas le cas. 

— C'est quoi ton problème, Abigaëlle ?

Jean-Claude faisait partie des personnes qu'elle détestait le plus. Elle le haïssait pour avoir accepter de l'épouser alors qu'elle lui avait imploré de refuser. Leur mariage était un arrangement, elle ne le voulait pas. Elle n'avait que 22 ans à l'époque et issue d'une famille bourgeoise tout comme son mari, elle fut obligée de se marier avec lui car son père avait fait faillite. Il était criblé de dettes et la seule façon de s'en sortir n'était que par ce moyen.

Discover Love - InnocenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant