Chapitre 12

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Les jours s'étaient terminés en semaines et les semaines en mois. Laetitia était encore portée disparue. Le pire, Abigaëlle l'empêchait d'aller à sa recherche. Séraphine avait tout essayé de son côté, sans résultats. Elle demeurait introuvable. Marie-Anne sentait que plus rien ne l'accrochait à ce monde. Elle était toujours enfermée dans sa chambre et ne sortait pas. Malgré les menaces de sa mère, rien ne changeait. Elle refusait de continuer à suivre les cours, estimant qu'ils ne lui servaient à rien.

Un manque, un abandon baignaient son cœur. Elle était devenue même dépressive. Elle avait même tenté deux fois de se suicider. Au milieu de la nuit, elle poussait des cris de rage mêlés de pleurs qui parvenaient jusqu'à son père qui n'arrivait pas à dormir.

Cette situation devenait de mal en pis. Il voulait continuer à l'ignorer mais il n'arrivait plus. Alors, un soir, il décida de se rendre dans la chambre de la jeune fille. Cependant, arrivé, il resta figé devant la porte derrière laquelle sa fille pleurait bruyamment. Il plissa ses lèvres, leva sa main pour la déposer sur la serrure. Il n'osait pas la tourner. Finalement, il retint son geste pour aller de préférence dans celle de sa femme qui dormait avec des bouchons aux oreilles.

— Abigaëlle, réveille-toi, la secoua-t-il.

Elle ne bougea pas ou plutôt, faisait de ne pas sentir sa présence. Elle savait déjà ce qu'il avait à dire et cela ne l'interessait pas.

— Abigaëlle, tenta-t-il une nouvelle fois.

Il la secoua cette fois plus fort et cette dernière sortit de son sommeil, énervée.

— Quoi encore ? enleva-t-elle un bouchon.

— Cela ne peut plus durer. Elle a l'air de vraiment souffrir.

— Jean-Claude, je ne te le répèterai pas. Ne viens plus me déranger quand je dors. Si tu as envie qu'elle se taise, emmène-la dans un centre de psychiatrie.

— Comment peux-tu dire de telles paroles ? Tu n'as pas compris ?

— Depuis quand tu t'intéresses à ce qui lui arrive ?

— C'est ma fille !

— Tu t'en rends compte maintenant ? C'est nouveau ça ! fit-elle semblant de s'étonner.

— C'est vrai que durant ces dernières années, je n'ai jamais été là pour elle ni donné mon attention mais la voir dans cet état me fait tellement mal.

— J'ai presque les larmes aux yeux. C'est si émouvant, persifla-t-elle.

— C'est aussi ta fille...

— Elle ne l'est plus, le coupa-t-elle sèchement. Si elle en est là aujourd'hui, c'est de sa faute. Elle ne pouvait pas attendre, elle a été trop pressée. Elle a donné naïvement l'accès à son corps et voilà le résultat. Je t'ai assez entendu. Laisse-moi dormir maintenant et ne remets plus jamais les pieds dans ma chambre.

Après ces paroles, elle s'enroula dans sa couverture en marmonnant. Le malheur de sa fille ne l'atteignait point. Jean-Claude finit par laisser la pièce avec le soupçon pesant sur sa femme. Il la suspectait concernant la disparition du bébé. Il lui avait demandée si elle en était responsable mais cette dernière l'avait affirmée le contraire.

Le temps suivait normalement son cours avec la même routine triste pour la jeune fille. Abigaëlle se montrait de plus en plus insensible et la culpabilité n'avait pas tardé à frapper Jean-Claude. Il ne savait absolument pas quoi faire exactement pour aider sa fille. Il tournait en rond tous les jours et nuits sans se décider devant la même pièce.

Un beau matin, il prit son courage pour la rendre visite. Il ne devrait pas reculer, cette fois, il était temps pour lui de lui faire part de sa présence. Il n'était pas encore trop tard pour devenir son père et de ne plus être vu uniquement comme son géniteur. Il frappa mais elle ne répondit pas. Il décida donc de rentrer, après des minutes d'attente.

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