Un lien fatal ? (1/2)

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Cette nuit-là, Éris dormit très mal. L'idée d'affronter à un double meurtre l'inquiétait. Les indices n'étaient pas assez nombreux et le lien entre les deux victimes trop flou. La soirée fut éprouvante tant elle se sentait hantée par les adolescents morts. C'était de son devoir de les venger en découvrant ce qui s'était passé, de rétablir la justice. Toutes ces pensées bourdonnaient dans sa tête, se cognant contre les parois comme un insecte qui n'arriverait pas à s'échapper d'un bocal. De temps à autre, elle se réveillait, croyant ou plutôt « espérant » que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, avant de se rendormir, lentement. Épuisée, éreintée même, elle ne bougea pas de son lit jusqu'au lever du soleil et y serait bien restée davantage si un nouvel appel téléphonique ne l'en avait pas sortie. Une voix calme qu'elle ne connaissait pas s'exprimait :

— Bonjour madame, Pierre Beaulac, de la police médico-légale. Je vous appelle concernant la victime que vous avez trouvée hier : il y a du nouveau.

— Ah bon ? Qu'y a-t-il donc ? demanda-t-elle, espérant que ce ne soit pas qu'une fausse piste.

— Sauf votre respect, pourrions-nous en reparler plus en avant aux laboratoires ? Il me sera plus aisé de vous montrer directement ce que nous avons découvert.

— Très bien, j'arrive de ce pas.

Jusqu'à présent, elle avait rarement eu affaire à la police scientifique et elle ne s'en portait pas plus mal. « Ils croient que la résolution d'une enquête ne dépend que d'eux. Mais trouver une empreinte et une tache de sang ne suffit pas. S'il n'y a personne pour raisonner sur ces découvertes, elles ne servent à rien. » Il y a quelques années, l'inspectrice s'était prise de bec avec l'un d'entre eux qui, justement, lui faisait le raisonnement inverse. Aujourd'hui cependant, elle devait mettre sa fierté de côté, car elle ne pouvait pas se passer d'eux.

Le centre médico-légal était une bâtisse impressionnante. Par son architecture moderne, il contrastait avec la majorité des constructions d'un style bien plus traditionnel et de dimensions modestes. Le soleil encore bas dans le ciel et caché par l'immensité de l'institut projetait au sol une ombre large de plusieurs dizaines de mètres. L'inspectrice entra dans la construction où deux hommes l'attendaient. Bien qu'elle reconnut l'un, monsieur Oliviard, l'autre ne lui disait rien. Au vu de sa blouse blanche, elle comprit rapidement qu'elle avait à faire à Pierre Beaulac, celui qui l'avait conviée en ces lieux.

Le Deux de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant