Une fin heureuse, mais pour qui ? (1/2)

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— Oui allô ?

— Bonjour Monsieur, Éris à l'appareil. Je tiens notre meurtrier, il s'appelle Marc Haschot et habitent à la rue des Figuiers 6. Je m'y rends à l'instant.

— Très bien, je vous y retrouve avec une patrouille.

Il ne fallut que quelques minutes à l'inspectrice pour arriver à destination : deux véhicules de police, dont les gyrophares bleu et rouge s'alternaient, y étaient déjà. Les agents montaient la garde devant la porte de l'immeuble et attendaient sa venue. Parmi eux se trouvait son supérieur qui, en l'apercevant, vint l'interpeller.

— Ma chère, je vous félicite d'avoir mené cette enquête à son terme aussi prestement. Cependant, j'espère que vous êtes certaine de vous, car, si nous arrêtons un innocent , les médias vont nous tomber dessus. N'oubliez pas une chose : si je coule...

— Si vous coulez, je coule avec vous, le railla-t-elle. Ne vous en faites pas, je n'ai nullement l'intention de perdre mon poste, vous pouvez y aller.

Le chef fit un rapide geste de la tête en direction de ses collègues, leur donnant ainsi la permission d'y aller. En quelques secondes seulement, les six individus étaient à l'intérieur de l'habitation, prêts à en découdre avec le meurtrier. C'est l'inspectrice Éris qui menait la marche jusqu'à l'appartement de ce dernier. Elle toqua trois coups, mais rien ne se passa. Les commissaires voulurent lui prêter main-forte : chacun frappa plus fortement que le précédent, transformant presque l'arrestation en concours de force.

— Police municipale, ouvrez-nous ! cria la détective.

— J'ai rien à vous dire, foutez-moi le camp, répondit l'homme reclus.

Monsieur Oliviard s'approcha du plus grand et lui chuchota quelques mots. Ce dernier se précipita aussi rapidement hors de l'immeuble, avant de revenir avec un bélier entre les mains. Tous se mirent à sourire en voyant arriver l'imposant outil et c'est volontiers qu'ils s'écartèrent pour que leur pair puisse aisément œuvrer. Celui-ci se mit à faire des va-et-vient réguliers, entrecoupés par les bruits sourds des chocs contre la porte. À ce rythme-là, elle ne tiendrait pas longtemps. Elle était étonnamment solide pourtant, au point où de la sueur se mit à couler en abondance sur le front du grand gaillard. Mais après maints coups enfin, la porte finit tout de même par céder.

Il était là, debout, paralysé comme une biche emprisonnée dans les phares assassins d'une voiture. Mais là, c'était lui l'assassin. « Il était peut-être assez fort pour étrangler de jeunes filles et transporter des cadavres, mais pas suffisamment pour vaincre la justice » se dit Éris, voyant cet homme pitoyable se raidir devant elle. Admettant sa défaite, il se rendit sans résister. Les quatre agents entouraient l'homme qui les regardait le menotter en silence. Ils le conduisirent jusqu'à l'une des voitures stationnées en bas.

Que ce soit dans les fictions ou la réalité, les salles d'interrogatoires ne sont pas connues pour être particulièrement accueillantes. Un éclairage rustique et un ameublement restreint étaient en général légion. L'endroit où fut amené Marc Haschot ne dérogeait pas à la règle : une ampoule grisonnante illuminait pitoyablement une table poussiéreuse tandis que le reste était plongé dans une obscurité inquiétante. On assit l'individu sur une chaise grinçante, dont la peinture s'écaillait progressivement, laissant des résidus blanchâtres sur les doigts de quiconque la saisissait trop fermement. Pendant ce temps, monsieur Oliviard et Éris prirent place en face de lui. Ça y est, le moment qu'Éris redoutait était arrivé. Quel genre d'atrocité cet homme allait-il bien pouvoir leur dire ? Allait-il leur raconter la façon dont il les avait tués ? Le plaisir qu'il avait ressenti ? Elle n'osait pas prendre la parole. Quelles raisons allait-il donner pour justifier de tels actes ?

Le Deux de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant