De A à Z (1/2)

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Agrippée à son volant et frôlant l'excès de vitesse, Éris se rendit derechef dans le gymnase, seul bâtiment pas trop moche du quartier. Au moment où elle franchissait le seuil de l'entrée, une sonnerie annonçant la pause résonnait dans tous les couloirs, toutes les classes et toutes les oreilles. Les étudiants ne prirent pas longtemps pour sortir des salles de cours, les uns discutant, les autres courant en direction des toilettes. Lorsqu'Éris vit la chevelure lumineuse de son acolyte, elle s'approcha d'elle, soulagée de ne pas devoir parcourir une nouvelle fois les nombreuses pièces de l'établissement. Celle-ci la vit également et, bien qu'occupée à porter des livres jusqu'à un casier, elle se dirigea à son tour vers elle.

— Comment va Marion ? s'inquiéta l'étudiante. Dites-moi qu'elle va bien. Elle n'est quand même pas...

Des rumeurs sur la découverte macabre de la veille semblaient s'être répandues plus rapidement que prévu. Elle ne répondit rien, mais son silence parlait pour elle. La fille l'enlaça, toute sanglotante, comme si elles avaient été amies depuis le plus jeune âge.

— J'ai besoin de savoir une chose, dit l'inspectrice d'un ton sérieux, presque inquiétant. D'où tenez-vous l'adresse de Marion ?

Emma, qui ne semblait pas bien comprendre où l'inspectrice voulait en venir, sécha ses larmes, reprit ses esprits et, sans poser de questions, la prit par la manche pour la conduire à travers l'école. Deux escaliers plus tard, elles se retrouvèrent nez à nez avec une porte, là même où la détective avait obtenu l'identité de la première victime.

— C'est ici, dit-elle. Quand vous êtes partie, je me suis rendue vers notre professeur de chimie, monsieur Haschot, pour lui demander où habitait Marion. Au départ, il pensait que ça ne servirait à rien, mais à force d'insister, il me l'a écrite sur le papier que je vous ai donné.

— Lors d'une enquête, tous les indices peuvent servir, on dirait que vous l'avez mieux saisi que lui. Je vais aller lui toucher deux mots à ce sujet.

La détective poussa la porte, mais ne trouva personne à l'intérieur. Marion lui expliqua que c'était la pause et que l'homme qu'elle cherchait allait sûrement revenir dans un instant. D'après elle, il ne quittait presque jamais sa salle de classe, même s'il n'était pas en train de donner des cours. Elle ne put pas rester beaucoup plus longtemps avec l'inspectrice : la pause n'allait pas durer éternellement et elle devait être de retour avant que celle-ci ne s'achève.

Le Deux de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant