Savoir persévérer (1/2)

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Éris frappait à chaque porte, entrait dans toutes les classes et suivait le même rituel : elle se présentait, parlait du meurtre et demandait si quelqu'un connaissait la victime, tout en montrant le fameux cliché. Mais chaque fois, la réponse était « Non », de temps à autre suivi d'un « Désolé ».

« Quelqu'un doit forcément le connaître », se disait-elle encore et toujours, comme si cette phrase constituait la dernière lueur d'espoir de pouvoir élucider ce crime. Malheureusement, elle eut bientôt interrogé tout le monde. Il ne lui restait plus que les trois salles au sous-sol. La première était vide. Éris cogna contre la seconde porte, mais ne reçut aucune réponse. Elle commençait à perdre confiance. Alors qu'elle s'apprêtait à se diriger vers le dernier local, quelqu'un finit par se manifester. C'était la fille aux cheveux flamboyants de tout à l'heure. Mais alors qu'elle ne la regardait qu'à moitié, une voix grave surgit du fond de la salle.

— Puis-je vous être utile ?

La demoiselle recula pour laisser entrer la détective. L'homme qu'elle avait entendu était appuyé au tableau noir sur lequel étaient inscrites diverses formules chimiques. Il tenait entre son pouce, son index et son majeur une craie blanche. Il avait les épaules larges, très larges même. Un ancien athlète ? Il la regardait d'un air étonné.

— Pardonnez-moi pour le dérangement, mais je suis ici pour une affaire importante. Je suis inspectrice de police et suis spécialisée en criminologie. Cette nuit, nous avons découvert le corps inanimé d'un jeune homme non loin d'ici, dont voici la photo.

Elle sortit l'image froissée de sa poche et la tendit en face d'elle pour que chaque élève puisse la voir. Le silence quasi religieux se brisa. Les réponses négatives (qu'elle avait déjà trop entendues jusqu'à présent) laissèrent enfin place à des « Oui ». Les réactions s'enflammèrent, les émotions chavirèrent et le volume s'emballa. Un brouhaha avait envahi le petit local. Éris essaya de maîtriser cette émeute, sans y arriver. Ce fut finalement la puissante voix de l'enseignant qui y mit un terme. Tour à tour, les élèves dirent à l'inspectrice ce qu'ils savaient.

La victime se prénommait Benjamin. Certains l'appelaient simplement « Ben ». Il avait quinze ans et était censé fêter son seizième anniversaire deux semaines plus tard, un vingt-sept mars. Ses plus proches amis semblaient vraiment vouloir que sa mort soit vengée. Ainsi, ils dévoilaient la moindre information. L'inspectrice découvrit que sa couleur préférée était l'orange, qu'il admirait l'équipe de hockey locale et qu'il aimait les séries télévisées américaines.

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