CHAPITRE 7

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Des milliers de pigeons fondent sur moi en même temps. Qu'est-ce que c'est que ce délire ?

Quelque chose remue sous moi.

- Mais ? Camille ? Qu'est-ce que...

Ah oui, je suis toujours sur Annabeth. Oups.

Je m'empresse de me relever, et frotte mon jean pour enlever la terre qui s'est collée dessus.

- Heu, désolée de dire ça comme ça, mais il y a des pigeons... Beaucoup de pigeons qui nous foncent dessus.

- Hein ?! Des pigeons ?!

Annabeth fronce ses sourcils blonds.
- Et bien, tu n'as qu'à vérifier par toi-même, lui dis-je.

Elle relève alors la tête, et étouffe un juron.

- Effectivement. Vite, va réveiller ton amie, je m'occupe de les distraire. Oh, et prends ça ! dit-elle en me lançant une... épée.

D'accord...

- Et donne ça aussi à Anaëlle ! poursuit-elle en me lançant une sorte de fourchette géante en bronze.

Je cours vers le lit d'Anaëlle et la secoue violemment (quoi ? Je me venge simplement de la fois où elle m'a jeté un verre d'eau glacée sur le visage pour me réveiller !) Elle émerge de son sommeil et tourne une tête de mort-vivant vers moi.

- Hmm, qu'est-ce qu'il y a ?

- Oh, pas grand chose, juste des pigeons démoniaques qui nous attaquent.

Anaëlle prend quelques secondes à réagir, puis, lorqu'elle a assimilé mes paroles, elle se redresse brusquement.

- Ah bon ?!

- Ah oui et, tiens, prends ça, c'est Annabeth qui m'a dit de te le donner, dis-je en lui tendant la fourchette géante.

Anaëlle s'en saisit et murmure, l'oeil brillant d'admiration :

- Wha... Un trident...

Ah oui, c'est vrai, c'est ça le terme politiquement correct. En même temps, fourchette géante, c'était pas terrible.

- Heu... Anaëlle ? Je voudrais surtout pas faire ma rabat-joie, mais y'a une bonne centaine de pigeons-démons qui risquent de nous attaquer à tout moment.

À peine ai-je prononcé ces mots que j'entends un cri. Nous tournons toutes les deux la tête en même temps vers l'endroit d'où il provient et apercevons Annabeth, étendue par terre. Merde...

Et comme si ça ne suffisait pas, les pigeons ont pris de l'élan et nous foncent actuellement dessus.

- Je vais m'occuper d'Annabeth ! je crie par-dessus le bruit sourd des piaillements et des bruissements d'ailes. Toi, tu as une four... un trident, occupe-les !

- D'accord ! dit Anaëlle sur le même ton.

Je cours vers Annabeth et vois l'étendu des dégâts. Elle s'est évanouie et son dos est strié de marques de griffes, comme si les oiseaux les avaient planté dans sa chair. Je ne sais pas du tout ce que je suis sensée faire.

Et puis j'ai une idée. La fille d'Athéna a sans doute du matériel de premier secours, puisqu'elle m'a soignée. Je regarde autour de moi et aperçois un sac à dos, sans doute le sien, posé près de son sac de couchage. Je le fouille et trouve de l'alcool à 70°, un bel assortiment de bandages et de pansements en tout genre, et surtout des sortes de poche alimentaire remplies d'une substance brune, presque dorée, mais solide. C'est sans doute de l'ambroisie, pensé-je en me remémorant Percy Jackson.

L'ambroisie est la nourriture des dieux, mais si un mortel en mange, il en meurt, consumé de l'intérieur. Les demi-dieux, eux, peuvent en prendre pour se remettre d'aplomb, cependant, comme ils ont un côté mortel, si ils en consomment trop, ils meurent également. Il faut que j'en donne un peu à Annabeth, ça la guérira beaucoup plus rapidement qu'avec n'importe quel autre médicament.

Je prends tout le matériel que j'ai trouvé, et reviens à ses côtés. Je relève juste la tête pour voir comment Anaëlle se débrouille seule avec sa fourchette en or (soyons honnêtes, c'est franchement kitch) et l'aperçois en train d'embrocher tous les pigeons qui l'approchent dans un rayon de moins d'un mètre. Je souris malgré moi. Elle a ça dans la peau.

Je me repenche alors sur ma "patiente" et me retrouve face à un léger problème. Je ne peux pas lui faire avaler quoi que ce soit, puisqu'elle est sur le ventre, il faut donc que je soigne et bande ses griffures d'abord.

Bon, quand il faut y aller, il faut y aller. J'observe son t-shirt réduit en lambeaux (en tout cas dans le dos) et décide de déchirer ceux qui sont les plus gênants pour la soigner.

Une fois que c'est fait, je débouche l'alcool et en verse une bonne ration sur ses blessures, avant d'étaler le liquide à l'aide d'un coton. Je sens Annabeth remuer. Bon, en même temps, ça doit faire mal.

J'attrape ensuite des compresses de gaz et du sparadra de tissu blanc et en recouvre ses griffures.

Je me relève enfin et range tout le bordel que j'ai mis, puis retire mon sweat-shirt pour lui mettre sur son dos (son t-shirt est déchiqueté, je vous rappelle), et la retourne tout doucement (pourquoi j'ai Despacito dans la tête en écrivant ça ?!). Il ne me reste plus qu'à lui faire avaler un peu d'ambroisie. Je m'empare d'une poche et en découpe une barre. Je le fais manger à Annabeth, encore dans les vapes, et range le reste dans son sac à dos. Pour finir, je la soulève avec beaucoup de précaution et la pose dans mon lit de camp, avant de l'éloigner du lieu de bataille.

Il est temps d'aller prêter main-forte à Anaëlle. Je ramasse l'épée de bronze et me positionne dos à ma meilleure amie.

  - Il en reste beaucoup ? la questionné-je.

  - Oh, j'en sais rien, une vingtaine, pas plus.

  - Ah ouais, quand-même, tu peux être violente quand tu veux, Anaëllator.

  - Tais-toi, Camille-la-fonceuse, dit-elle sur un ton moqueur.

Nous finissons de tuer les sales piafs restants, et je remarque que lorsque je les pourfends, ils tombent en poussière.

Anaëlle détruit le dernier, et nous jetons nos armes (si une fourchette peut être considérée comme tel) par terre.

  - C'est pas trop tôt, lancé-je.

  - Pas faux. Comment va Annabeth ? demande Anaëlle.

  - Je pense que ça va. Je lui ai désinfecté les griffures qu'elle avait dans le dos, et je les ai bandées. Ah oui, et je lui ai donné de l'ambroisie.

  - D'ailleurs, ça a quel goût ?

  - Comment veux-tu que je le sache ?

  - Ben tu en as mangé, hier.

  - Ah bon ? Je n'étais pas au courant. Bon, je vais aller voir si tout va bien pour Annabeth, tu viens ? demandé-je.

  -Non, je préfère rester là, pour nettoyer mon trident.

  - Comme tu veux, dis-je en haussant les épaules.

Je me dirige vers le lit d'Annabeth, et me rends compte qu'elle dort tranquillement, comme me l'indique sa poitrine qui se soulève à un rythme régulier. Son visage est paisible. Bon, au moins, elle n'a pas l'air de souffrir, pensé-je. C'est la première fois que je la vois aussi détendue, d'habitude elle a les traits tirés et marqués.

Soudain, j'entends Anaëlle pousser un cri de surprise.

  - Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! dit-elle au loin.

Je ferais mieux de retourner voir ce qu'il se passe. Je cours vers elle, et le spectacle qui s'offre à moi me fait lâcher un juron.

  - Mais c'est pas vrai !

Escape, one time [PERCY JACKSON] (Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant