CHAPITRE 16

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Nous sommes à présent dans un avion, direction les États-Unis.

Depuis qu'on a décollé, Percy est tendu. Il se lève très souvent pour aller aux toilettes, et fait un geste étrange, qui a quelque chose d'ancien : il porte trois doigts sur son cœur, et les envoie vers l'avant.

Annabeth tente de le calmer, mais sans grand succès. Elle lui prend la main, et lui murmure je ne sais quoi à l'oreille, avant de l'embrasser sur la joue.

Matt et Anaëlle sont assis côte à côte, et rigolent tout bas toutes les trente secondes. Ils ont l'air bien ensembles. Je me demande s'ils sont officiellement en couple.

Quant à moi, et bien, je suis coincée côté hublot, avec Annabeth au milieu et Percy à côté d'elle, au bord de la rangée.

Autant vous dire que je me sens de trop.

En proie à la solitude, je réfléchis à la prophétie. Je peux relativement comprendre le "tu iras jusqu'à la maison des dieux", mais le reste...

Par exemple, qui est cette déesse mère ? Héra ? Et qu'est-ce que l'Oracle voulait dire par "tu tenteras de t'élever vers les cieux ?" Et qui est le père ?

Je repense aussi à ce que m'a dit Chiron, par rapport à Echidna : "tu la rencontreras quoi qu'il arrive".

En gros, je dois rencontrer la mère de tous les monstres alors que je ne sais absolument pas où elle est, puis je dois aller à l'Olympe, et je ne sais pas pourquoi non plus, tout ça en m'élevant vers les cieux, sachant que je vais me faire ratatiner par terre par "le père".

Génial.

Je sens soudainement un poids s'affaisser contre mon épaule : c'est Annabeth qui s'est endormie.

Je ferme les yeux à mon tour, et plonge rapidement dans un profond sommeil. Mais qui dit sommeil dit rêve...

Cette fois, je ne suis plus sur la falaise, mais dans une grotte sombre, au plafond voûté. L'humidité me fait frissonner, mais pas autant que la vision qui se trouve devant moi.

En effet, Shay est là, enchaîné aux roches du fond, ses vêtements sales et déchirés, et inconscient.

Je tente de me précipiter vers lui, mais mes jambes refusent encore une fois de m'obéir.

C'est alors que le garçon aux boucles blondes et à la peau matte de la falaise apparaît, une épée étrange dans la main : elle est à moitié en acier, à moitié en bronze. Et je connais suffisamment Percy Jackson pour savoir à qui elle appartient...

Il s'approche de Shay, et lui donne un coup de pied dans les côtes. Celui-ci gémit doucement, et mon cœur se serre.

Boucles d'or lui redonne un coup, et Shay ouvre les yeux. L'autre prend alors la parole :

- Alors ? Tu ne veux rien avouer ?

- Avouer quoi ?

Il lui redonne un nouveau coup, et Shay serre les dents.

- LA PROPHÉTIE !

- Je ne sais rien, bredouille mon bel Apollon.

- C'est ça, c'est ça. Tu riras moins dans une semaine. Quand tu auras fini de servir d'appât, nous nous débarrasserons de toi.

Quoi ?!

Mais mon rêve s'arrête brusquement là, puisque Percy me secoue soudainement par les deux épaules.

- Nous sommes arrivés.

***

Nous sommes maintenant à Frisco. Et je dois avouer que je trouve pratique le fait de pouvoir parler anglais.

Je ne sais pas exactement ce que nous cherchons. Peut-être pour l'instant uniquement un endroit où dormir.

Nous passons devant un panneau "HÔTEL SAN FRANCISCO - 100 MÈTRES".

- Allons ici, décidé-je.

C'est ainsi que nous nous retrouvons tous les cinq, dans un hôtel quatre étoiles. Heureusement, Annabeth et Percy ont eu la présence d'esprit de prendre de l'argent mortel en partant.

Nous entrons dans l'immense hall. Ici, tout n'est que dorure, et marbre, et dorure. Je ne me sens pas à ma place au milieu de tout ce luxe, avec ma tenue de sport.

Un groom s'approche de nous, et nous toise d'un œil hagard, comme qui dirait "tiens ! Des SDF qui squattent l'hôtel !" D'ailleurs, ses pensées se rapprochent pas mal de ça, en fait...

- C'est pour une chambre classique ?

- Deux, en fait. Et plutôt des suites, s'il vous plaît.

Tiens, prends ça, pensé-je.

Il a l'air surpris, mais il pianote quelques instants sur son ordinateur, avant de nous tendre des badges d'accès pour nos suites.

  - Bonne journée, dit-il avec un bon vieux sourire hypocrite.

  - À vous aussi, je réponds avec un sourire tout aussi commercial.

***

Je me réveille à nouveau par un bruit étrange. Ça commence à être un peu chiant...

Je me redresse. Tout à l'air normal dans la suite : Anaëlle ronfle, et Annabeth marmonne des phrases incohérentes, du genre "gneuh-raviolis-choux de Bruxelleeeuuuh".

Mais je remarque rapidement une lueur bleutée dans le coin de la pièce.

Je m'approche, et vois un filet de brume dans l'obscurité. Et dedans, écrit en lettre d'or flottantes comme de la fumée, "veuillez accepter l'appel". Heu... ok.

Je passe une main dans le mini-brouillard, mais la demande se réitère aussitôt.

  - J'accepte la demande, dis-je, pour la forme.

Et c'est alors qu'un visage se forme dans la brume bleue.

Un visage incroyablement familier.

Escape, one time [PERCY JACKSON] (Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant