Folle à Lier

Chapitre V

"J'étais si indispensable dans vos vies ?"

En voyant l'état dans lequel Miana se met devant cette terrible révélation, l'opinion de Thibault change du tout au tout. Miana n'est pas folle. Son père a raison depuis le début. Depuis deux ans il est le seul à avoir vu la vérité. Elle n'est pas folle. Juste devenue violente à la suite d'on ne sait quels événements. Il en est persuadé.
Le jeune homme bouscule Tristan et pose une main réconfortante sur l'épaule de Miana. Celle-ci est secouée de violents sanglots.

- Merci pour cette intervention Tristan. Très délicat, vraiment, très intelligent de ta part.

- J'avais prévenu, bougonne l'intéressé en arquant un sourcil.

Le nouveau venu force la lycéenne à le regarder dans les yeux et lui affirme d'une voix qu'il veut le plus ferme possible.

- Miana, calme toi d'accord ? Tu ne l'as pas voulu. Tu n'as pas voulu la tuer. Et les médecins disent que ta mère a de très grandes chances de se réveiller d'accord ?

- Cela fait deux ans qu'il nous sorte ça, grommelle Edward lançant un regard coupable à sa fille faisant redoubler ses pleurs.
- Vous êtes aussi attentionné que ce crétin Monsieur. J'aurais cru mieux de votre part.

- C'est ma femme qui est sûr un lit d'hôpital.

- Et votre fille qui a été enfermée deux ans sans aucun contact humain alors qu'elle appelait juste à l'aide, d'une manière assez violente je vous l'accorde. Elle mérite autant d'attention que votre femme d'accord ?

- En effet... Tu as raison Thibault.

Miana fixe l'échange, surprise que cet inconnu la protège. Elle détaille son preux chevalier. Cette manie à répéter ce mot, « d'accord », lorsqu'il est persuadé d'avoir raison lui rappelle quelque chose dans les tréfonds de sa mémoire.

La musique explosa dans mes écouteurs. Quelques notes passèrent avant que je n'arrête de me contenir. Danser. Voilà ce que je faisais, sans réellement voir le regard surpris des passants. A vrai dire, seul mon arrivée dans un nouveau collège occupait mon esprit à cet instant. Loin de tous les autres personnages que j'avais pu côtoyer lors de ces trois dernières années. Loin d'elle.
Soudain, le trottoir heurta mon pied. Une seconde plus tard, j'étais étalée sur le goudron, laissant mon portable s'écraser à quelques centimètres de mon visage. Je grimaçai en sentant mon genou me lancer et fixai consternée l'écran de mon téléphone dans un état lamentable.

- Bien fait ! La voilà qui se croyait dans une comédie musicale !

Je me décomposai en me tournant vers les trois jeunes filles qui me fixaient d'un air moqueur.

- Peut-être puis-je te venir en aide ?

Je levai la tête découvrant un parfait gentleman. Deux yeux, l'un marron, l'autre bleu, me regardait avec une infinie gentillesse, des mèches ébènes tombant sur son visage. Je le détaillai un peu plus alors qu'il me proposait sa main pour me relever. L'élégance de ses habits étaient parfaitement en accord avec son langage distingué.

- Merci, moi c'est Miana.
- Thibault à votre service, dit-il avec un sourire. Je ne t'ai point vu les autres années ici.
- Je suis nouvelle, dis-je un peu gênée. D'ailleurs, cela te dérangerait-il de m'accompagner ? Je suis un peu perdue.

Thibault sourit à ma demande. Il m'aida à remettre mes affaires dans mon sac pendant que je ramassai mon portable, consternée. Il me poussa légèrement dans le dos, m'encourageant à pénétrer dans l'établissement, tout en m'expliquant son fonctionnement.