Chapitre XXI

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"Cela ne peut pas être cette personne tu comprends ?"

Miana est seule. Sur le lit blanc, elle caresse du bout de ses chaussures le mur capitonné. Elle a toujours aimé cette sensation, le toucher. Ignorant ce qu'elle provoque à l'extérieur, la jeune fille fixe les néons blancs qui, comme d'habitude, rendent ses yeux clairs aveugles.
Tiens. Les voix. Cela faisait longtemps. Elle entend leurs rires. Elle les ignore comme elle l'a appris, seule. Elle a refusé toutes visites.

- Miana. Quelqu'un veut te voir.
- J'ai dis que je ne voulais plus voir personne, répond-t-elle la voix cassée.
- C'est ton père.

Elle n'a plus de père. Elle rejette le gardien qui ressort ayant peur des crises de la jeune fille. Une voix qu'elle sait dans sa tête la surprend.

Bravo Miana. Tu nous as battu. Tu dois être fière de toi. Peut-être que nous n'existons pas, mais tu ne peux nier ce qu'il s'est passé.

Elle entend encore leurs rires puis plus rien. Elles sont parties pour de bon cette fois. Elle pense qu'au moins, elle a combattu la maladie. Mais elle restera quand même ici. Dans son enfer personnel. Soudain un souvenir lui revient. Elle hurle en se redressant brusquement. La tête lui tourne et sa vision s'obscurcit soudain. Mais elle n'en a rien faire. La voilà qui pleure. Non. Non non non et non. Elle se recroqueville sur elle-même se balançant d'avant en arrière. Elle répète inlassablement.

- Non ! Ça ne peut pas être toi. Pas toi.

Elle se souvient de tout maintenant. La porte s'ouvre. Elle redresse brusquement la tête découvrant Edward.

- Miana.
- Je me souviens de tout maintenant.
- De quoi te souviens-tu ?
- Tout. Dégage. Barre-toi d'ici.

Elle hurle de plus en plus fort ces mots alors que son père s'approche d'elle.

Pendant ce temps-là. Tristan arrive pour son habituelle visite. Au loin, il entend les cris de Miana.

- Qu'a-t-elle ?
- Elle doit être en pleine crise. Son père est avec elle il va gérer la situation, lâche la geôlière en haussant les épaules.

Tristan ne le voit pas de cet œil. Depuis le début il soupçonne Edward de battre sa fille. Et maintenant, les voilà tous les deux, seuls.

- Je veux aller la voir.
- Vous n'êtes pas de la famille monsieur.
- Mais vous ne comprenez pas qu'elle est en danger là ?

Il pousse violemment la gardienne et court dans les couloir. Il passe à la vitesse de l'éclair devant la cellule de sa bien-aimée.

- Laisse-la espèce d'ordure !
- Que fais-tu là toi ?
- Je vous l'ai dit. Je viens tous les jours la voir. Miana ? Tu vas bien ?

La blonde est recroquevillée dans un coin. Elle se sert contre le mur. Le rebelle s'accroupit devant elle.

- Bonjour Mimie. Ça fait longtemps hein.
- Je ne voulais plus que tu viennes. Je ne voulais pas que tu me vois comme ça.
- Comment ? Pour moi tu es toujours Miana.
- Plus pour longtemps.
- Mimie, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je me souviens de tout. Je sais qui m'a fait mal.
- Qui ? demande vivement Tristan près à bondir sur Edward si jamais c'est lui.
- Je ne peux pas dire. Cela ne peut pas être cette personne tu comprends ? Je ne l'aimais pas beaucoup mais ça ne peut pas être cette personne.
- C'est Edward ?
- Je ne peux pas dire.
- Pourquoi ? Pourquoi Mimie ?
- Parce que je ne veux pas que ce soit cette personne.

La sécurité arrive, arrachant Tristan aux bras de Miana. Il est jeté dehors en deux minutes, vociférant des insultes toutes aussi garnies les unes que les autres.

- Monsieur Riddle, j'ai une bonne nouvelle de la part de l'hôpital, lâche un gardien alors qu'ils ont refermé la porte de la prisonnière.
- Oui ?
- Votre femme s'est réveillée.

Le visage du vieil homme s'illumine. Il en verse des larmes de joies. Lorsqu'il se retourne pour voir Miana par la petite ouverture de sa porte, il découvre celle-ci recroquevillée sur son lit face au mur. Tant pis pour elle. Puisqu'elle ne veut rien dire, elle restera ici.

- Edwar lâche Camilla faiblement en le voyant arriver.
- Camilla, mon amour.


Il l'embrasse tendrement en versant des larmes mêlées de joies et de la peur qu'elle lui a faite. La femme ressemble étonnamment à Miana. Celle-ci demande presque en murmurant.

- Que s'est-il passé ?

Alors Edward entreprend de tout lui raconter. La folie de Miana, la mort d'Inès. Il lui raconte sa version. Or, quelqu'un n'est pas de cet avis. Thibault et Erinne entrent, ayant apprit par des commérages du personnel, le réveil de Camilla.

- Stop Monsieur. Arrêtez de raconter ce que vous vous pensez. Madame, en vérité, c'est beaucoup plus grave que ce que prétend votre mari.
- En effet, Miana est enfermée alors qu'elle a combattu la maladie. Je ne sais pas si vous vous souvenez de Tristan.
- Son petit ami d'abord à elle puis à Inès.
- Et bien, ils sont de nouveau ensemble. Il a assisté à la chute votre fille chaque jour en allant la voir. Aujourd'hui, Miana s'est souvenue de son bourreau. Beaucoup d'entre nous pensent que c'est Edward. Nous aurions besoin de savoir si vous vous souvenez de quelque chose.
- Non. Ce n'est pas Edward enfin.
- Peut-être Inès ? Votre autre fille.
- Non. Elles se chamaillaient souvent mais... Non je ne pense pas.
- Merci madame. Rétablissez-vous bien.

Le couple sort. Qui a bien pu faire du mal à Miana si ce n'est aucun de leurs suspects ? Erinne propose.

- Peut-être qu'elle ment ? Après tout c'est son mari et sa fille dont on parle.
- Ou peut-être ne se souvient-elle pas ?

Ils soupirent. Seule Miana détient la vérité.

Celle-ci se tourne et se retourne dans son lit. Elle repense au moment où elle a envoyé sa mère a l'hôpital. Elle repense au moment où Inès est tombée. Au piège qu'elle a refermée sur les pattes d'Eli. Au visage violacé de Jonathan. Puis elle repense à la personne qui l'a rendue comme ça.

Je mis la musique en marche. Il n'y avait plus que ce moment-là que je devais maîtriser. Je connaissais tous les pas du cygne noir et du cygne blanc dans le célèbre ballet du
Lac des cygnes. Je travaillais dur depuis maintenant deux semaines sur la dernière scène, le suicide.
Cette fois-ci, je la faisais entièrement. J'avais répété encore et encore chaque pas.
La musique défila alors que je dansais, essayant de ressentir les émotions du personnage.
Il n'y eut plus de bruit. J'avais réussis. Après tout ce temps passé.
Des mains claquèrent lentement dans mon dos me faisant me retourner, terrifiée. Non. Pas encore.

- C'est d'une ironie cette situation, tu ne trouve pas ? Cette scène est aussi macabre que ce qui va suivre à présent.


Je fus projetée contre le mur, m'écroulant au sol. Allongée sur le ventre, alors que j'essayais de me relever, ma tête me tournant, un pied nu me plaqua sur le parquet.
Je sentis la chaleur du pique servant à repousser les braises avant même qu'il me touche. Puis une vive douleur s'étira de la nuque au bas de mon dos. Je gémis de douleur, me mordant la lèvre inférieure afin de ne pas hurler et éclater en sanglots en même temps. Alors qu'un liquide chaud coulait sur toute la longueur de mon dos, une voix autoritaire me dit.

- Je t'interdis de recommencer cette danse. Compris Miana ?

Après tant d'efforts. Ce n'était pas possible. Non. Pourtant je répondis au bord des larmes.

- Oui maman.

Folle à LierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant