Chapitre XXVI

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"Elle était jalouse de vous Miana."

Lorsque Miana se réveille ce matin-là, c'est le cœur léger. Tristan l'a soudainement invitée au restaurant puis ils sont sortis sur les quais au bord de la Seine. Vous pensez que c'est romantique ? Ça aurait pu l'être. Mais, comme à chaque fois, les petites piques que s'envoient ces deux là à longueur de temps a brisé le charme.
Repensant à cette merveilleuse soirée, elle se demande si tout va bien du côté d'Erinne et Thibault. D'après les dires de Tristan, la jeune femme était vraiment au plus bas et cela l'inquiète plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Après tout, dès le collège, les deux jeunes filles se sont bien entendues. Elles sont même devenues inséparables au fil du temps. Mais, les événements de fin de seconde ont tout remis en question. Elle se rend compte que Thibault avait été un frère pour elle cette unique année où elle l'avait rencontré. Le geste du gentleman lui revenant en mémoire lorsque son père a été emmené, lui prouve qu'il l'a toujours été malgré ces deux ans de folie. Il est resté ce jeune homme protecteur, d'autres événements le prouvent. Comme ce moment, juste après que Tristan lui ai annoncé brutalement que sa mère était dans le coma à cause d'elle et qu'elle avait tué sa sœur. Le jeune homme l'avait relevée puis il lui avait répété qu'elle n'était pas elle-même à ce moment là. Bref, il avait agi comme un frère.
Elle repense aussi à sa relation avec Clara. Les deux jeunes filles ont toujours été proches. Pourtant, lorsque Miana a revu la rouquine après deux ans, serrée l'une contre l'autre, elle a réalisé que celle-ci allait être la personne la plus présente pour elle à partir de maintenant. Et elle l'a été. Jusqu'au bout. Une voix la sort de ses pensées. Tristan, plongé dans son sommeil, se tord dans tous les sens en gémissant.

- Non, non je vous en supplie.

Miana se rapproche de lui et lui caresse le front en lui murmurant.

- Chh, je suis là.
- Non ! Père, mère. S'il-vous-plaît, laissez-la.
- Mais de qui parles-tu Tris'.
- Non non non ! Miana, non ! Espèces d'ordures. Pourquoi vous voulez m'enlever tout ce qu'il me reste hein ? Je ne suis pas assez bien pour vous ou quoi ?!Vous voulez me faire payer ma naissance ?
- Oh, Tristan ! Réveille-toi.

Miana secoue le rebelle de toutes ses forces. Celui-ci se réveille en sursaut, le visage déformé par la colère et le front trempé de sueur. Aussitôt, la jeune fille le prend dans ses bras en murmurant.

- Je suis là. C'est bon.
- Ils m'ont tout pris.
- Ils ne me prendront pas à toi.
- Mikael est mort.
- Je sais.
- Eli a été vendu à la société pour animaux handicapés des parents de Mathys.

- Pardon ?
- Ils ont jugé que je n'étais plus apte à m'en occuper.

La blonde s'écarte les mains sur la bouche, horrifiée. Si elle n'avait pas fait tout ce mal, Tristan aurait toujours son berger allemand avec lui. Une vague de culpabilité l'emporte. Elle a fait tant de mal. C'est au tour de Tristan de la consoler. Il la prend par les épaules et plonge ses yeux cendrés dans ceux délavés de la jeune fille.

- Eh, c'est bon Miana. Ils auraient trouvé une autre excuse pour me le prendre. Genre qu'il était trop vieux donc fallait le piquer ou un truc du genre. De toute façon, grâce à Mathys, je le voyais assez souvent et plus d'une fois il l'a sauvé de la mort. Je sais qu'il prendra soin de lui.

Ils se serrent mutuellement l'un contre l'autre. Ils ne veulent plus revenir sur le passé. C'est trop douloureux. Et, même si Miana s'amuse à faire des jeux de mots avec le mot « fou », tous les souvenirs restent ancrés dans sa mémoire comme une balle que l'on n'aurait pas enlevé et qui serait donc sous la peau.
Ils décident de se lever après mainte protestations du rebelle. La blonde se rend compte qu'elle s'est vite ré-habitué à la couleur d'origine des cheveux de son copain.
Alors qu'ils sont tous les deux dans un bain moussant, Miana entre les jambes du jeune homme, sa tête reposant sur son torse, demande.

- Tristan ?
- Oui lilliputienne ?
- Eh c'est quoi ça encore ?
- Quoi ? Tu préfères que je t'appelle microbe peut-être ?
- Je savais que tu te foutrais de ma taille espèce de grande perche.
- Quelle insulte, j'en ai le cœur brisé ? Que voulais-tu me demander ?
- Je voulais savoir. Pourquoi as-tu décidé de reprendre ta couleur d'origine ?
- Ça ne va pas vraiment te plaire.
- Oh, Inès.
- Miana, tu sais que c'est toi que j'aime.
- Écoute Tristan. Je-je ne veux pas qu'on se dispute.
- Tu dis ça alors que tu vas aller chercher les embrouilles, réplique Tristan, agacé et sans doute voulant se protéger d'une quelconque douleur remontant à la surface.
- Alors toi, tu vas arrêter déjà avec ton petit air supérieur. Je voudrais d'ailleurs te signaler au passage que contrairement à ce que tu penses j'ai entendu ta foutu dispute avec Rinne. C'est a cause de votre discussion de gens hautains que y a une ambiance pourris. Oui ! Oui je sais que tu m'aimes. Mais je veux savoir si tu l'aimes encore. Je veux savoir si il y aura encore ma sœur entre nous.
- Miana, arrête ça.
- Non.
- Mais c'est quoi cette crise de jalousie bordel ?
- Jalousie ? Mais parfaitement monsieur. Mais tu verras le jour où la personne que t'aime sera amoureuse d'une morte. Tu verras si tu ne seras pas jaloux.
- Miana, mais bon sang c'est de toi dont je suis amoureux.

Folle à LierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant