Chapitre XVIII

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"On se défonce les poings contre les murs pour avoir mal autre-part qu'au cœur, c'est ça ?"

Tristan s'effondre contre le mur. Après avoir été jeté comme un malpropre dans une cellule, Madeleine a réussit à lui rendre visite. Elle avait quelque chose d'important à lui dire. Les tristes paroles de la vieille dame résonne dans la tête du jeune homme.

- Tristan, assieds-toi mon grand.
- Neineine ? Tu vas me faire sortir ?
- Non. J'ai essayé mais ces petites ordures ont refusés. Écoute je sais que je devrais attendre mais cela me semble vraiment important.
- Ça va Neineine ? Tu as l'air vraiment pas bien.
- Oui. Ne t'inquiète pas mon garçon. Tristan. Tu as reçus un appel vers 21h. Vu que tu n'étais pas là je me suis permise de décrocher pensant que c'était tes parents. C'était l'hôpital psychiatrique.

Je retins mon souffle. Cela ne me faisait revenir qu'un seul et même prénom en mémoire. Une seule et même personne. Mikael.

- La maladie l'a emporté sur ton frère. Il s'est tué peu après le dîner.

Je restai de marbre. Je ne pouvais pas, je n'arrivais pas. Mon cerveau ne voulait pas enregistrer ça, cette terrible nouvelle. Je me levai. Madeleine reprit inquiète.

- Tu comprends Tristan ? Mikael est mort. Je suis vraiment désolé mon grand.
- Madame, il faut partir. Nous ne vous avions accordé que dix minutes.
- Non attendez !
- Madame s'il-vous-plaît.

Ma tutrice repartit à contre-cœur, me lançant un dernier regard que je ne remarquai pas. Je restai immobile, calme d'apparence. Pourtant, à l'intérieur, ça s'agitait en grandes bourrasques de vent.

Tristan reste à genoux, les mains crispées sur le sol lisse. Une larme, deux larmes. Le béton se couvre de petites tâches sombres. Depuis combien de temps n'a-t-il pas pleuré ? Longtemps. La dernière fois, ç'a été au diagnostic de Mikael.
Tristan se relève, chaque membre de son corps prit de violents spasmes. Il essuie rageusement ses larmes avant d'écraser son poing contre le béton armé en poussant un cri de frustration. Puis il continue, encore et encore.
Une insulte plutôt crue et criée avec force raisonne dans sa cellule. Il n'entend rien, continuant cette mutilation inconsciente. Une petite voix se fait entendre à côté de lui. Au départ elle lui paraît lointaine. Puis enfin il comprend les paroles.

- Tristan. Calme-toi je suis là. Je suis avec toi. Tristan !

Il continue. Soudain, une phrase qu'il ne connaît que trop bien le sort de sa torpeur.

- On se défonce les poings contre les murs pour avoir mal autre-part qu'au cœur, c'est ça ?
- Line. Qu'est-ce que tu fous ici.
- Je te retourne la question.
- T'occupes. T'as fait quoi comme connerie cette fois ?

La jeune fille aux cheveux de jais est coupée par l'entrée du policier. Tristan lâche.

-
Il est quelle heure ?
- 22h36.
- C'est pas a toi que j'ai demandé ordure.
- Quelle coïncidence. Le frère et la sœur dans la même cellule le même jour. Il ne reste plus que l'autre. Oh, mais j'oubliais. Il est déjà dans une cellule.

Tristan se lève brusquement et pèse de tout son poids sur la grille qui le sépare de l'horrible personnage. Comprenant que ses efforts sont vains, il crache venimeux.

- Parle encore une fois de mon frère et je te refais le portrait sale pourriture. C'est quoi ton délire ? Me faire payer le casier judiciaire que je me suis battit ?
- Moi qui pensais que tu m'avais oublié. Tu sais bien que je ne t'aime pas. Surtout depuis que tu t'es amusé avec ma petite fille il y a quelques mois.
- Je n'étais plus moi-même. J'étais un salaud, ne me rappelle pas mes erreurs.
- Tu avais encore un cerveau. Tu aurais dû l'utiliser.

Le policier sort alors que Tristan crispe ses mâchoires. Une petite main se pose sur son épaule. Line lâche d'une petite voix brisée.

- Mikael est mort.
- Je sais ma puce.

Il se retourne et trouve sa sœur les traits déformés par la tristesse. Il se fiche de l'image de sans-cœur qu'il a donné pendant tout ce temps. Il entoure Line de ses bras alors qu'elle éclate en sanglots contre son torse. Il pose son menton sur le haut de son crâne, une lueur de douleur passant dans ses yeux.
Lorsque la jeune fille se calme, il l'assoit sur la petite banquette puis il la fixe. Ils ont tous les deux le même regard d'acier.
Après quelques minutes de silence, Tristan lâche durement.

- Qu'est-ce que t'as fais Line ?
- J'ai piqué la carte bleue d'un type.
- Tu as volé ? Tu es sérieuse ?
- Oh c'est bon. Tu n'es pas un saint toi non plus.
- Justement ! Tu veux finir comme moi ou quoi ? Mais Line, tu n'es qu'une gamine bordel.

Folle à LierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant