C h a p i t r e 1 0

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Nous avons fini par faire le tour des Champs Élysées en silence. C'est bien la première fois que ni Louis, ni ma conscience n'avaient envie de parler. Sa déclaration m'avait ébranlé et pas que moi. Je crois que l'être diabolique dans ma tête ne s'en est pas remise encore.

Nous avons même pu assister au départ d'une âme vers une nouvelle vie. Un spectacle que je n'avais jamais pris la peine d'observer avant l'arrivée de mon invité. C'est ainsi qu'il a appris que son phénomène d'étoile filante n'était nulle autre que la fin de vie d'une âme. Il m'a remercié à mi-voix de ne pas l'avoir détrompé l'autre soir et je n'ai rien répondu à cela. Il ne souhaitait pas que je le fasse d'une façon ou d'une autre.

Nous sommes revenus à la maison. Il est monté tout de suite à sa chambre sans manger et n'en ressortira probablement pas avant demain. Je m'assois sur mon canapé et je fixe le feu en train de mourir dans le foyer. Les flammes orange lèchent les derniers morceaux de bois en apportant une chaleur confortable dans la pièce, mais pas dans mon corps. Je me sens juste très seule.

Je ne pensais pas dire cela, mais que Louis me demande de le tuer m'a beaucoup perturbé. Je n'ai pas envie de le faire. Mes yeux sont lourds et je finis par m'endormir avec toutes mes questions.

*****

Je me réveille le lendemain, une couverture est posée sur moi. On m'a couvert pendant la nuit, surement Louis. Quelle perspicacité dit donc!, raille ma conscience. Visiblement elle est de mauvaise humeur. Non mais ce n'est surement pas Cerbère, il n'est pas assez intelligent pour ça. Je lève les yeux au plafond et vois une tasse de thé bien fumante devant moi avec une note posée juste à côté.

« Parti aider Lux. L. »

Un mot bien froid pour un seul morceau de papier. Je soupire. Je me demande si on allait s'éviter bien longtemps. Je déteste ce genre d'atmosphère. Je bois mon thé et je décide de me préparer, les méchants m'attendent au Tartare.

Ayant perdu mon entrain habituel, je me traine les pieds jusqu'à la salle de bain où je prends une douche. L'eau chaude coule sur mon corps et ça ne me fait même pas de bien.

Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas vu ça sous cet angle plus tôt. Pourquoi ça m'a pris un humain pour m'ouvrir les yeux?

Je sors de la douche et me gifle mentalement. Je dois me reprendre. Depuis quand je m'apitoie sur moi-même? Je m'habille et prend le chemin du Tartare.

J'entre dans le bâtiment, on me remet le dossier de la personne à être châtiée. Je parcours rapidement les papiers. Un américain, tueur en série cannibale, condamné à 30 000 ans de prison. 30 000 ans sérieux? C'est ce qui m'épate chez les juges qui sont en charge des condamnations. Comment peuvent-ils arriver à donner une aussi longue sentence alors qu'un humain vit en en moyenne jusqu'à quoi... 85 ans, voire 90 ans si on est bien optimiste. Ça leur donne quoi de leur donner une sentence qui dépasse le nombre d'année qui leur restent à vivre? C'est à croire qu'ils pensent qu'on va les endurer aussi longtemps que ça en enfer. Une fois qu'ils ont passé par moi et qu'ils se choisissent une nouvelle vie, ils ne vont pas renaitre en prison. C'est insensé. Je soupire.

Les États-Unis sont stricts sur leur sentence. Mais le pays qui remporte la palme du ridicule c'est le Canada avec sa province du Québec. Je vous raconte vite fait l'histoire. Un québécois avait violé sa fille de 5 ans. Il a écopé que de dix ans de prison et il a été libéré sur parole au bout de 3 ans! Trois ans! Il est arrivé ici parce que son karma l'a rattrapé. Son ex l'avait tiré à bout portant dans la rue tout près de la prison. Je peux même vous dire que je n'ai pas été très douce avec lui. Il a eu que ce qu'il méritait!

DamnationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant