Damnation

C h a p i t r e 1 2

- Alors Lucy, prête pour ta nouvelle victime?

Je n'arrive pas à quitter Louis du regard. Je ne me sens pas bien. Je veux courir vers lui pour le délivrer mais mon frère me coupe le chemin. Je le dévisage avec effroi. Il essaie de prendre contrôle de mon esprit mais je résiste. Avec difficulté, je pose mes yeux sur l'humain. Je n'arrive pas à prononcer un seul mot. Il faudra me passer sur le corps avant que je m'en prenne à mon ami. Nous avons beau être en froid, jamais au grand jamais je vais poser la main dessus. 

- Tu ne réponds pas?

- Je ne ferai pas de Louis ma prochaine victime, craché-je dégoûtée.

Alexander ricane. Je vais lui faire ravaler son rire, dit ma conscience en remontant ses manches. Il défroisse son costume et se passe une main dans ses cheveux. Il se tourne vers le prisonnier. Une personne est dans l'ombre de ce dernier et attend patiemment. Je plisse les yeux afin de deviner qui c'est. La silhouette me rappelle quelqu'un, mais j'espère me tromper.

- Abriel! Suspend le dans les airs pour qu'on puisse bien le voir, crie Alexander.

J'ai certainement mal entendu. Abriel ne peut pas être de mèche avec mon frère? C'est impossible. Je le vois s'activer auprès de Louis et tirer sur la chaine afin de le soulever. Je suis abasourdie. Comment a-t-il pu me faire ça? Je lui ai tout donné. Je n'en reviens pas, l'humain avait raison. Dire que je voulais en faire mon prochain repas... On n'a pas le temps pour tes excuses! On doit le sauver! Je suis prête, me dit ma conscience en position de combat.

Je vois Louis suspendu à 2 pouces du sol. Mon cœur veut arrêter de battre. Je ne comprends pas comment nous en sommes venus là. Il n'y a personne qui devrait toucher Louis... sauf moi! J'ai un droit acquis sur cette créature, dit ma conscience en colère. Ton frère va finir en brochette, je te le garantie!  Alexander me pousse jusqu'à lui. Eh doucement!, continue-t-elle. Je regarde le jeune homme, il a l'air fatigué. Il m'implore de l'épargner, il a peur. J'ai peur. J'aimerais lui dire que je ne lui ferai pas de mal, lui dire que je suis tellement désolée qu'il soit mêlé à tout ça. Je recherche rapidement du regard une issue pour le libérer.

- Tu connais l'endroit mieux que moi. Tu sais évidemment aussi qu'il n'y a aucune issue possible, me dit-il en souriant.

Je tremble de tout mon être. Le regard que Louis me porte me brûle intérieurement. Qu'est-ce que j'avais fait au ciel pour me retrouver dans cette situation. Dieu est d'accord avec tout ça? Je sais pas si ton père est d'accord avec ça, mais s'il l'est, c'est lui que je vais attacher à des chaines!, siffle ma petite guerrière. 

- Je sens ton cœur battre tellement fort grande sœur. Serais-tu en train de te parjurer? Toi qui disait que jamais au grand jamais tu ne veillerais sur les êtres humains, si écœurants soient-ils. Aurais-tu succombé au charme d'un de ces êtres affreux dont tu voulais tant t'éloigner?

Je ne réponds pas et j'offre un regard d'excuses à Louis. Je sais que ce n'est pas suffisant. Je suis un être ignoble. Ne te dénigre pas, je t'en supplie, me dit la voix de Louis. Je ne t'en veux pas. Saisie par cette intrusion, mon cœur s'accélère et je lui dis que je nous sortirais de là, coûte que coûte.

- J'ai quelque chose à vérifier.

Il se place entre Louis et moi. Il me regarde dans les yeux et murmure un truc dont je n'arrive pas à saisir. Petit à petit mon corps s'engourdit, je ne sais même pas par quelle force, j'arrive à me tenir debout. Le sourire de mon frère s'élargit et je suis incapable de me détacher de ses yeux. Il est en train de m'envoûter, il va me faire faire du mal à Louis. Intérieurement, c'est la panique totale. Ma plus grande peur est en train de se métamorphoser devant mes yeux. Je n'ai plus le contrôle de moi-même.