Policeman Fr T1.T2.T3

3.6

            J'ai discuté une bonne partie de la nuit avec SuHo. Je lui ai plus raconté ma vie que lui la sienne. Je ne regrette pas d'être sorti. Ça m'a fait du bien, il est vraiment sympas et il a même réussi à me faire rire. Et je suis un peu bourré. Un peu, légèrement. J'ai encore toute ma tête ou presque mais je ne marche pas vraiment droit. Mais ces quelques verres et cette charmante compagnie m'ont fait oublier mon affreuse situation amoureuse assez chaotique. Le bar a dû fermer vu l'heure tardive et son barman m'a gentiment mit à la porte. Alors j'arpente les rues de ma ville pour rentrer chez moi, pensant à combien ça fait du bien de rencontrer de nouvelles personnes sympathiques dans la vie, avec un grand sourire qui vient compléter ma démarche zigzagante et qui me donne un parfait look d'idiot heureux. Et c'est bien ce que je suis à ce moment là, un idiot heureux, qui a oublié que l'homme qu'il aime lui a brisé le cœur. Et qui a même oublié qu'il l'a harcelé d'appels et de messages ce soir. Qui a oublié qu'il a ignoré toute la soirée celui à qui il a dit de ce racheter. Mais ce qui est bien quand on est bourré, c'est qu'on oublie qu'on est idiot. Alors je marche dans les rues, profitant du calme à cette heure tardive, du légé vent sur ma peau et simplement de la nuit noire coupée par les lampadaires. J'arrive devant chez moi et souris à cette maison que j'aime tant, comme un idiot. Puis avec quelques difficultés, j'introduis la clef dans la serrure et me glisse à l'intérieur de l'habitacle. Je coince ma langue entre mes lèvres sous la concentration pour fermer la porte avec le moins de bruit possible. Je souris, trop fière de moi d'y être arrivé, et quand je me retourne mon sourire ce fige. J'ai l'impression de décuver d'un coup et que la réalité me tombe dessus. Le salon est magnifiquement décoré de bougies qui sont plus ou moins fondues voir éteintes d'être restées trop longtemps allumées. Je m'avance au milieu de la pièce et constate que la table y est dressé avec des chandeliers qui commencent doucement à rendre l'âme. En tournant autour de celle-ci je trouve mon plat préféré couvert d'un film plastique qui témoigne du temps qu'il a passé a attendre d'être mangé. Et alors que mon cœur commence sérieusement à me faire mal, je découvre Jungkook endormi dans le canapé, apprêté et son téléphone à côté de lui. Et cette vue me brise le cœur autant qu'elle le réchauffe. Je passe ma main dans ses cheveux pour les dégager de son visage, perdu dans mes pensées. Mais au final je n'ai même pas le temps de me battre avec mes émotions qu'il semble se réveiller. Il frotte ses yeux comme un enfant alors que je me recule de lui. Et quand il m'aperçoit il semble totalement réveillé.

« Tae ? Où t'étais passé ? Tu vas bien ? Pourquoi tu ne m'a pas donné de nouvelles, j'étais inquiet »

Je pose simplement mon doigt sur mes lèvres pour lui faire signe de ce taire puis je vais chercher une couverture dans la chambre et reviens vers lui. Je lui fais signe de s'allonger et je déplie le draps sur son corps. En vue global, ça me paraît logique que ce soit lui qui dorme sur le canapé, mais ce soir, je ne sais pas qui le mérite le plus. J'essaie de ne pas trop m'égarer dans mes pensées et je remarque qu'il suit chacun de mes gestes du regard. Je m'éloigne ensuite de lui pour aller mettre le repas dans le frigidaire et j'aperçois des moelleux au chocolat sur mon passage. Mon cœur ce serre un peu plus mais j'essaie de l'ignorer. Je retourne alors vers le noiraud qui lutte pour ne pas ce rendormir. Le pauvre doit maintenant encaisser le choc du voyage et les heures de décalage. Je m'abaisse vers son visage pour murmurer.

« Dors »

« Tu a bu ? »

Mon haleine doit me trahir, mais je ne comptais pas le lui cacher. Je caresse doucement sa joue en lui faisant un sourire fatigué pour confirmer sa question. Et puis j'embrasse son front alors qu'il arrête de lutter contre le sommeil et ce rendort doucement en soupirant. Une fois que j'ai remonté la couverture sur son corps, je me relève mais ma tête tourne un peu et mon équilibre me manque. Je suis toujours bourré. Mais malgré ça j'arrive quand même dans la chambre où je ferme la porte et me laisse tomber sur le lit. Je fixe le plafond blanc, en me disant qu'il m'attendait.