Chapitre I.

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1.

Afghanistan.

Le 13 Janvier 2013. 14h51.

Le capitaine Jason Mac Ueda avait quitté la base de Kandahar depuis maintenant un peu plus d'une heure. Lui et ses hommes roulaient sur le Kandahar-Herat Highway en direction de leur destination finale, le FOB Delaram. 3 ans dans une semaine qu'il officiait dans ce poste d'opérations avancées (Forward Operating Base) sur les 13 ans qu'il appartenait au Corps des Marines. Il s'était engagé au lendemain du 11 septembre 2001 après les attentats du World Trade Center. Il y avait perdu son parrain qu'il adorait et avait depuis ce jour, eut soif de vengeance. Sur sa pièce d'identité, seul le « Mac » du nom de son père apparaissait. Il ne l'avait pas connu et lorsqu'on lui demandait son nom, il omettait sciemment cette « particule ». De sa mère, il avait hérité ses traits et son nom de famille d'origine japonaise. Il avait acquis ses grades grâce aux compétences et au dévouement qu'il avait montré sur le terrain.

Aujourd'hui, il avait trouvé ridicule qu'on le fasse venir à l'aéroport de Kandahar afin de venir récupérer des caisses de munitions ainsi que six jeunes recrues fraîchement débarquées du camp Pendleton de Californie. Pour la première fois de sa vie militaire, il avait l'impression de faire du baby-sitting. Il se rappela l'explication de son supérieur.

Une question mon commandant ! Plutôt que de me faire venir ici avec mes hommes, on ne pouvait pas nous envoyer le tout par hélicoptère ?

– Capitaine Ueda, je me doute bien que votre venue ici ne vous enchante guère et que vous avez l'impression de faire le taxi, mais nos supérieurs ont décidé qu'il serait plus judicieux pour nos jeunes arrivés d'avoir une approche directe du terrain.

« Approche direct du terrain »- les paroles du commandant résonnaient encore- Je t'en foutrais moi du contact direct du terrain !

Malgré le bruit incessant qui résonnait dans le Humvee, son chauffeur, le première classe Gomez, lui demanda.

– Pardon mon capitaine vous me parlez ?

–Non désolé Gomez, je pensais juste à voix haute.

Ils venaient de dépasser Yakhchal et se dirigeaient maintenant en direction de Girishk. Le véhicule blindé léger LAV.25, sorte de petit tank à 8 roues et surmonté d'une tourelle, était à la tête du convoi avec à son bord le premier lieutenant Paterson, que l'on surnommait « Bullet » à cause de la balle qu'il avait montée en collier autour de son cou et qu'il gardait précieusement au cas où, à court de munitions, il ait à s'en servir un jour contre lui.

Plutôt que de me faire prendre, je préfère me faire sauter la tête avec celle-ci ! Disait-il toujours à qui voulait bien l'écouter.

Un petit peu expéditif, pensait-il, mais lorsque l'on savait ce que l'on faisait subir aux militaires américains maintenus prisonniers, le capitaine Ueda le comprenait.

Dans le LAV.25, deux autres marines l'accompagnaient. Le soldat Pinassi, conducteur de l'engin et le soldat Bolten à la tourelle. Quatre des six recrues fraîchement arrivées avaient pris place dans le véhicule en tant que passager. Les deux autres avaient été dispatchés dans les deux Humvee cargo transportant les caisses de munitions pour le FOB. Le capitaine Ueda évitait de trop côtoyer les nouvelles recrues afin de s'empêcher à trop s'y attacher. En temps de guerre, ne sachant pas trop de quoi demain sera fait, c'était une façon pour lui de se protéger émotionnellement. Quelque part, il s'en voulait d'être aussi distant avec les nouveaux car lui aussi savait ce que c'était que d'arriver sur les lieux d'un conflit dont on ne connaissait rien sinon des images diffusées à la télévision. La peur au ventre, les mains moites, la gorge sèche, tout cela disparaîtrait au fil du temps et laisserait place à l'instinct de survie.

Sur la terre comme aux cieux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant