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Hussein sentait le corps de la petite Sarah tressaillir contre le sien, elle pleurait en silence et lui ne savait pas quoi dire pour la conforter, il la serra un peu plus contre.

- Monsieur ?

- Hussein, tu peux m'appeler Hussein tu sais ?

- Hussein ? Pourquoi c'est tout dur sous ta chemise ? T'as plein de petites bosses en dessous.

Il relâcha aussitôt l'étreinte sur l'enfant et se sentit gêné. Avec tous ces événements, il n'avait plus du tout pensé à la bombe qu'il portait ni d'ailleurs le pourquoi il la portait. Attendant une réponse de sa part, la petite fille s'était retournée vers lui et le regardait les yeux grands ouverts.

- C'est... Ce sont des pansements ma chérie !

Elle fronça les sourcils et fit la moue que tous les enfants du monde faisaient lorsqu'ils ne comprenaient pas quelque chose.

- Des pansements ?

Il sentit des grosses gouttes de sueur perlaient sur son front et dans le dos ce qui pouvait être étonnant dans un camion frigorifique avec sa veste en moins. « Génial ! Je suis en train d'être déstabilisé par une gosse de 6 ans et demi ! » Pensa-t-il. Ce qu'il savait assurément, c'est qu'il fallait qu'il persiste et non pas qu'il revienne sur une autre explication vaseuse.

- Tu vois, j'ai eu un petit accident de voiture la semaine dernière et j'ai eu plein de petites coupures sur tout le corps. Alors à l'hôpital, ils m'ont posé des nouveaux pansements. On dirait des petits morceaux de pâte à modelée.

Il la regardait d'un sourire qui ne pouvait bluffer qu'un enfant, en espérant qu'elle ne se lance pas dans une série de questions du genre : "et pourquoi ?"

Sarah le regarda dans les yeux puis, porta son attention sur la tunique et enfin se replaça contre lui.

- Ah !... Et t'as encore mal ?

- Non, non, ça va beaucoup mieux maintenant.

Il regarda le plafond du camion et soupira doucement. Il savait combien les enfants pouvaient être tenaces lorsqu'ils voulaient une réponse. Soudain, le moteur du camion s'arrêta de tourner et le froid cessa de sortir de la grille de ventilation. Vu la douceur de la température à l'extérieur, il ne tarderait pas à faire meilleur à l'intérieur en espérant que ça ne devienne pas non plus étouffant. Sans le ronronnement du moteur, le silence se faisait plus angoissant et d'ailleurs, il y avait même un petit peu trop de silence à son goût. Hussein tendit l'oreille pour essayer d'entendre un bruit quelconque mais... Plus rien. La cacophonie de la panique générale de tout à l'heure avait laissé place au silence qui pouvait régner dans une bibliothèque. Étaient-ils tous morts ou bien avaient-ils tous fuit ? Et ces choses monstrueuses ? Rodaient-elles encore dans le coin ou bien étaient-elles parties ailleurs ou rentrées chez elles ? Tant qu'il resterait à l'intérieur de ce camion, il n'en saurait rien mais il était trop tôt pour décider et il avait encore le temps.

- Tu es d'où Hussein ?

Perdu dans ses pensées, il sursauta à la question de Sarah.

- Oh euh... Je suis originaire de la bande de Gaza.

Après tout, pourquoi lui mentir se demanda-t-il.

- Ah ? T'es palestinien alors ?

Bien que venant de la bouche d'une petite fille, il n'aima pas trop qu'elle le questionne de cette façon mais avant qu'il ne la reprenne, elle enchaîna.

- Ma meilleur copine à l'école, elle aussi elle est palestinienne ! Elle est trop drôle tu sais, je l'adore mais... -son visage s'assombrit soudain et elle reprit sa conversation- tu crois qu'elle va bien ou est-ce que ces monstres noirs l'ont...

Sur la terre comme aux cieux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant