Prologue.

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La masse se déplaçait à une vitesse vertigineuse en direction de la terre. A hauteur de la lune, elle ralentit. De forme ovoïde, elle n'a rien de solide. On dirait plutôt un nuage se déformant continûment. Translucide, silencieuse, elle n'en est pas moins réelle pourtant, rien ni personne ne la repère sur terre. Ni les 42 radiotélescopes, s'ils avaient encore été opérationnels, du SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) de Californie, ni celui d'Arecibo sur l'île de Porto Rico, ne sont arrivés à déceler une quelconque vibration ou bruit. Aucun des satellites d'observation évoluant en orbite autour de la terre, ne détectent quoi que ce soit. Non, rien ne s'affole. Elle n'émet aucune source d'énergie et arrive pourtant à se mouvoir. Même sa couleur bleuâtre n'étonne personne car sur tous les télescopes, elle n'apparaît pas. Une légère distorsion de l'image peut-être sera constatée par quelques astronomes de ci, de là. Déformation si infime pour l'œil qu'ils penseront certainement qu'elle est due à un reflet ou une poussière. Elle ne renvoie aucun écho, toutes les ondes la traversent.

Elle continue à se diriger droit vers la terre et même si elle a ralenti son allure, sa vitesse est telle qu'elle reste bien supérieure à tout ce que l'homme ne pourra jamais envisager. Si elle ne change pas de cap, qu'elle serait la force et la puissance de l'impact sur terre de ce corps étranger ?

Nul besoin de répondre à cette question, l'entité vient de s'arrêter net à 40 000 km. Elle reste immobile pendant plus d'une heure comme si la beauté de notre planète à cette distance l'avait paralysée. Soudain, comme sortit de sa torpeur, elle se mît en orbite autour de la terre comme pour mieux l'apprécier. Tournant à l'inverse de celle-ci, elle en fit plusieurs fois le tour avant de se placer en géostationnaire au niveau de la zone sombre, là où il fait actuellement nuit. Faisant face à l'obscurité de ce globe, des lumières éparses étincellent, se détachant du noir qu'offre la nuit. On aurait dit un ciel étoilé mais, sur terre.

Des ondes parcourent le pourtour de l'enveloppe transparente. Soudain, comme attirées en direction de la terre, les ondoiements grandissants se transforment en pics hirsutes seulement du côté lui faisant face, comme aimantés. D'abord petits, ils s'allongent rapidement, semblables à une chevelure. La multitude de filaments se dirigent vers la surface de la terre se multipliant à son approche. D'un seul, apparaît une centaine et de cette centaine autant se créent jusqu'à plusieurs milliards, filant droit, traversant l'atmosphère terrestre afin d'atteindre leur but.

Ne déviant pas de sa position, le nuage reste toujours ainsi placé dans l'ombre de la terre face au soleil. Au mouvement de rotation de la terre, il s'adapte, rétractant ses liens lorsque ceux-ci apparaissaient à la lumière du jour pour repartir à l'opposé vers de nouvelles proies situées dans la zone d'obscurité naissante.

Une semaine entière s'était écoulé depuis son premier scanne de la terre. Ses « cheveux d'ange » avaient passé l'entière population terrienne au crible aussi, lorsque la chose eut terminé, ceux-ci se rétractèrent aussi vite qu'ils s'étaient déployés. Tel des antennes télescopiques, ils s'étaient repliés jusqu'à disparaître dans l'enveloppe de la masse mystérieuse. Continuant son incessant ondoiement, le nuage ne bougeait toujours pas comme si sa mission n'était pas terminée.

Sa couleur bleutée diminuait d'intensité pour finalement laisser place à un rouge devenant de plus en plus vif au fil des heures suivantes. Puis ce fut au tour de ses vaguelettes de se figer. Cinq arêtes apparurent et pointèrent en direction de la terre mais cette fois ci, sans s'étendre ni se multiplier. On aurait dit des antennes à l'écoute de la planète ou des canons parés à ouvrir le feu.

Et c'est là que tout commença.

Sur la terre comme aux cieux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant