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Jérusalem, Israël.

Le 20 Mars 2013. 13 :21

– Sarah va moins vite s'il te plaît, je ne veux pas que tu t'éloignes de moi.

– Mais maman, dépêche-toi vite ! On va être en retard chez papi et Mamie !

Pour une fois que tes grands parents veulent bien te garder – Pensa-t-elle.

Depuis la mort de son mari, Rachel n'avait plus trop de contacts avec ses parents. Ils n'approuvaient pas sa façon de vivre et la façon dont elle élevait sa fille. Financièrement, elle avait pris Anna en colocation depuis quelque temps parce qu'autrement, elle n'aurait pas pu garder son appartement, les loyers étant bien trop chers. À 34 ans, non pratiquante (en tous cas pas assez pour ses parents), elle travaillait dans un restaurant branché de Shamai. De par ses horaires, elle faisait souvent appel à une baby-sitter lorsqu'Anna ne pouvait pas la dépanner. Mais ce qui devait arriver, arriva. Ce soir, ni sa colocataire, ni sa baby-sitter ne pouvaient garder Sarah et elle avait donc demandé aux grands-parents de la garder. Quelle affaire.

Sarah, petit bout de 6 ans et demi, était une petite fille curieuse de tout qui aimait tout le monde. Pour elle, le Mal n'existait que dans les fables. Ses rêves étaient parsemés de pétales de fleurs où le rose était la couleur prédominante. De « cauchemar », elle ne connaissait que le mot. À elle seule, elle était la raison de vivre de sa maman, son oxygène.

– Mais il faut d'abord que je passe au restaurant. Il faut que j'aille dire à Nathan que je serai en retard mon cœur.

Elles étaient sur Ben Yehuda au croisement de King George et n'étaient plus très loin de leur destination. Elle ne s'arrêterait que quelques minutes, juste le temps de mettre au point son planning avec son patron. Heureusement pour elle, Nathan était un ami d'enfance de feu son mari avec lequel elle entretenait d'excellentes relations et était comme un tonton pour Sarah. "Relations A-MI-CALES bien sûr" aimait-elle répéter à qui voulait bien l'entendre. Il est vrai qu'elle était particulièrement charmante avec son visage de femme/enfant, ses cheveux châtains et ses yeux noisette. Sans aucun doute, son employeur et ami n'aurait pas été contre une relation autre qu'amicale et professionnelle. Mais pour l'instant, seule Sarah comptait, de plus, cela aurait été un peu compliqué. Heureusement pour elles, aujourd'hui il ne pleuvait pas et la température était même assez douce pour cette fin d'hiver. Il devait faire au moins 25° et elles avaient opté toutes les deux pour une robe à fleur chacune. Dans les tons de violet pour Sarah et noir pour Rachel. La joie et la gaieté de Sarah, de ses grands yeux bleus rieurs qu'elle tenait de son papa, ne pouvaient que soustraire un sourire aux passants qui la croisaient. Elle ne pouvait pas marcher naturellement, elle sautillait tout le temps tel un cabri et ses cheveux blonds bouclés comme montés sur ressorts, remontaient à chacun de ses bonds. Pour Rachel par contre, ceux qui lui souriaient le plus appartenaient à la gente masculine, les femmes préférant, elles, faire semblant de l'ignorer par pure jalousie. Du haut de ses 1m74, elle avait la grâce et la finesse d'une danseuse étoile. Sa poitrine généreuse ne pouvait que ressortir et ce, même si elle évitait de la mettre trop en valeur.

– Attend moi Sarah ! Viens, on tourne à droite là.

Sarah attendit sa maman avant de prendre à droite sur Hahistadrut.

– Allez maman, dépêche-toi.

– Tu es trop pressée pour une petite fille de ton âge Mademoiselle Sarah, tu le sais ça ?

– Hihihi ! Et toi tu es trop vieille madame maman ?

– Oh tu vas voir ce que tu vas voir !

Rachel détacha la sangle de ses talons, les enleva et les prit à la main avant de se mettre à courir après sa fille. Sarah criait comme une hystérique en courant. Sa maman restait sciemment derrière elle sans la dépasser. À chaque fois qu'elles faisaient une course, Sarah gagnait toujours. Elles prirent de suite à gauche sur Shamai. Les promeneurs ou les gens à la terrasse des cafés se tournaient dans leur direction en entendant les cris de la petite fille. Rassurés que rien de mal ne lui arrivait, ils esquissaient un sourire.

Sur la terre comme aux cieux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant