Chapitre 14 : Châtiment

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- Bouge pas je reviens. Me dit-il avec son sourire ravageur qui laissait paraître ses canines pointues.
En le voyant déambuler dans son salon, je réalisais à quel point je l'aimais cet homme. Il décrocha. Dit son nom. Et étrangement, parlait en anglais. Je pensais qu'il parlait par rapport au boulot avec Asia. Comme j'aurais aimé me croire. Il revint le visage pâle, creusé comme une fosse et tremblant et balbutiant :
- Ju... June est... décédée.
Je restais bouche bée, choquée, outrée.
- Mon chéri, je suis... je... je suis affreusement désolée.

Il n'eut pas honte de pleurer au creux de mes bras. C'est cela que j'appelais un homme. Toute la nuit nous avons parlé, de cette situation, de tout, jusqu'à déboucher sur des sujets philosophiques, la vie, la mort, l'amour, l'individu, j'avais l'impression de faire un flash back quand j'avais 17 ans et que la philo me barbait au lycée, et dont la dissert' au bac L n'était pas des plus fameuses. Ce qui m'a sauvé c'était l'anglais. God saves me. Voilà le plan que nous avions décidé. Nous partirons dans le Maryland dans deux jours, pour la cérémonie. Il voulait que je sois là. Tout de même, il avait passé 3 ans de sa vie avec June. C'était un choc de l'a savoir morte, je me posais donc la question, si Stéphane mourrait quels effets se produiraient sur moi ? J'irai sur sa tombe habillée en veuve noire et lui je jetterais rien que des pistils sur sa tombe, rien que pour lui faire bouffer les pissenlits par la racine. Deux jours. Deux jours d'une longueur de trente. Nicola était un fantôme. Son jardin de paix intérieur était fané. Il n'était que l'ombre de lui-même et moi je restais près de lui comme un ange gardien reste près de son protégé. Je m'occupais de lui comme une infirmière, je l'écoutais comme une psychologue, le rassurais comme une mère et l'aimais comme une femme. Dans le Maryland, qui bien tristement était mon premier déplacement aux États-Unis, nous logions dans un hôtel typique de la Nouvelle-Angleterre. La nuit qui précédait l'enterrement, nous avons encore beaucoup parlé. J'étais tremblante et des larmes roulaient sur mes joues. Il est clair que ce qui allait se produire allait bouleverser ma vie. Et l'enterrement eu lieu. Beaucoup de personnes y assistaient. Sa famille qui ne tardait pas à aller dans les bras de Nicola pour exprimer leur douleur insoutenable. Ses amis qui se sont cotisés pour offrir des fleurs majestueuses pour une femme d'exception. Ses élèves et collègues entièrement solidaires et larmoyants. Le service funèbre eu droit à un hommage national. Dans cette profonde et bouleversante épreuve, je pouvais en grattant un peu apercevoir une beauté flamboyante dans ces tristes circonstances. J'étais mal à l'aise, Nicola me présentait comme son assistante. Je présentais mes condoléances et en même temps j'avais honte car je ne savais pas ce que je faisais ici. Je soutenais l'homme que j'aimais. C'est probablement mon rôle. Nous avons repris l'avion dès l'après-midi. Puis nous sommes retournés chacun chez nous. Et, silence. Silence complet durant deux longs mois. Je ne le croisais plus. Je ne l'entendais plus. Comme si il avait disparu de la surface de la Terre. Et un jeudi soir, un message. Il était en bas de chez moi. Je descendis à toute hâte curieuse de savoir ce qu'il avait à me dire. J'étais en transe. Il regardait droit devant lui assit dans son siège noir comme les anges peuvent être assis au bord du ciel :
- Bonsoir ma douce

Je répondis froidement.

- Bonsoir
- Pardon pour ma longue absence.
- C'est vrai que ces deux mois où je me suis demandée si tu étais mort, ont été les plus stimulants de ma vie.
- J'ai déprimé. J'ai retrouvé mes enfants, mes potes. Je n'ai plus songé aux femmes.
- Très sympa pour la femme avec qui tu nourrissais de beaux projets...
- J'ai pas fini... Tu m'as énormément manqué mon amour.
- Arrête avec tes formules néo-romantiques à deux balles va droit au but et ensuite laisse moi mourir.
- Notre histoire a été la plus belle que j'ai connu tout au long de ma vie. Tu as été une source de joie, de bonheur, d'inspiration, d'amour et de sérénité. On a tout au long de ces dernières années, affrontés beaucoup d'épreuves pour arriver à atteindre le seuil de bonheur stable. Durant tes années d'absence, j'ai tenté de refaire ma vie...
- June.
- Oui, June. Elle m'a aidé à me reconstruire durant ces trois années d'inertie en Amérique. Elle aussi , à jouer un rôle majeur. Cependant, elle n'est plus de ce monde. La perte de quelqu'un brise les gens qui l'a subisse. Je suis brisé, Alice. Je ne vis plus. J'angoisse, je pleure, mes émotions me submerge, je suis incapable de trouver une bouée de rationalité. C'est pour cela que je fais le choix, pour notre bien, de mettre fin à notre histoire.

Les yeux flottants dans les larmes, je hoquetais et déversais des larmes à torrent. Je ne m'arrêtais plus.
Il me prit dans les bras et poursuivit.

- Je suis désolé, j'ai mal autant que toi, mais je renonce à l'amour. J'ai comprit que j'avais atteint la sagesse quand les souvenirs sont devenus plus importants que la réalité. Mais Alice, je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai.
Dans un sanglot violent, je criais :
- Non, non, non tu n'as pas le droit de dire ça, tu ne peux pas me laisser comme ça, m'abandonner et me dire que tu m'aimeras, si tu m'aimais vraiment, tu serais resté avec moi et on aurait tout reconstruit ensemble, avec de la patience, de la force, du courage et surtout de la volonté, mais c'est tout ce qui te manque, de la volonté. Alors laissons tout à l'abandon, je douterai toujours sur tes dernières paroles. Et je sortis de la voiture. Je marchais devant sans jamais me retourner, je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, lui, n'avait pas décampé de sa place. Il partit aux aurores.
Je passais les mois qui suivirent, à vivre comme un fantôme. J'arrivais à douter de ma propre existence. Mon boulot devenait médiocre et Morane était mécontent, de plus il était inquiet. Puis un jour le choc, dans ce cauchemar insupportable, j'avalais trois Xanax et plus rien. C'est Julie, qui miraculeusement m'avait trouvé, inconsciente sur le tapis du salon. Elle m'avait fait une visite surprise sachant qu'intérieurement j'étais morte. Qu'allait-il advenir de mon sort ?

L'amour en 7000 danses Où les histoires vivent. Découvrez maintenant