Beach House (Camren)

Épilogue

Huit heures. Mon réveil sonne, son horrible son me sort du pays des rêves où je suis si bien. Ces cinq derniers jours ont été passés dans cette maison à tout nettoyer sans cesse, comme pour effacer chaque souvenir gravé entre ces murs. Le surplus de nourriture a fini a la poubelle, pour la plus grosse partie, le reste dans mon estomac malgré un appétit discret. Je ne suis pas dans le mood d'esquisser un seul mouvement ce matin, mais il le faut bien, ça serait malin de rater l'avion. Évidemment, il est cette après-midi donc j'ai tout mon temps. Je balance mes pieds en dehors du lit et mets les vêtements préparés la veille. Un sweat noir, un jean foncé, un tee-shirt lui aussi noir. Tout dans la dépression haha. Après m'être changée, sans pour autant enfiler le sweat vu la chaleur ici, j'hésite maintenant entre aller faire un tour et rester enfermée ici jusqu'à mon départ. Non, c'est décidé, je vais sortir. Marre d'être en noir dans le noir, un peu de lumière me fera le plus grand bien. J'enfile rapidement mes chaussures et sors énergiquement de cette fichue maison. La luminosité m'aveugle un instant avant que je puisse regarder autour, l'exact même paysage de tous les jours depuis une mois. Une grimace vient déformer mes lèvres, puis mes pas se dirigent vers le banc le plus proche, celui où j'étais assise le jour de mon arrivée. Je me revois encore au premier jour, assise à regarder les gens s'amuser lorsqu'une sosie de Beyoncé est venue me parler par pitié de me voir seule. Élément déclencheur des meilleures et des pires vacances que j'ai pu avoir.

Quelqu'un s'assoit à côté de moi, je n'y prête pas attention et continue de fixer au loin. Du coin de l'oeil je peux reconnaître Tyrone. Lui aussi a passé un séjour médiocre ici, je ne sais même pas s'il a réussi à récupérer sa barbie refaite.  Après tout, s'il l'a perdu c'est de ma faute, j'ai tout fait de travers ici. Il m'a presque totalement laissé vivre ma vie tranquille, ce qui est assez gentil de sa part, connaissant son caractère.

-Salut, dit-il faiblement.

-Salut.

-On va faire quoi en rentrant à Miami ?

-Rester très éloignés l'un de l'autre. Pas que je t'aime pas mais un peu quand même.

-Je comptais faire ça aussi. Tu sais, j'ai beaucoup réfléchi et honnêtement, on va vraiment pas ensembles, non mais rigole pas, c'est vrai. J'ai vu comment tu étais ici avec Camila, et je vois bien comment tu es avec moi. Tu me détestes et je ne t'aime pas le moins du monde, donc c'est mieux pour nous de ne pas continuer à faire croire aux gens qui nous ont foutu ensembles que l'on s'aime. Après tout, le courant ne passe pas et je vais demander à mes parents de continuer à aider les tiens parce que sans ce séjour, je n'aurais pas rencontré Kimberley. Tu sais, la fille qui est partie en me gifflant quand t'as fait ta salope ?

Il se met à rire, pendant que je reste sans voix. Donc au fond de cette montagne de cocaïne se cache une personne empathique ? Contrairement aux apparences, c'est un type bien. De toute façon, c'est trop tard, Camila ne veut plus me voir ni entendre parler de moi.

-Hum, merci, je suppose.

-T'inquiètes, c'est normal entre nous. Bon allez, j'ai d'autres chattes à fouetter, bye!

-Euh, salut.

Ce mec me surprendra toujours. C'est l'être le plus moche et gentil sur Terre.

-Ah au fait, j'ai baisé avec ta meuf hier soir et aussi la fois où elle t'a fait la gueule, je sais pas si tu étais au courant. Maintenant tu le sais, ricanne-t-il avant de partir en courant.

Espèce de sale porc! Si je ne demande pas confirmation à quelqu'un, je risque de casser des portes et enfoncer des murs. Du moins, l'inverse. Une idée me parcours l'esprit. Dinah ! Bon, bonne ou mauvaise idée ? Peu importe, j'ai plus rien à perdre.