Chapitre 10

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À peine arrivées chez moi, la cubaine m'a poussé jusqu'à la salle de bain. "On va soigner tes bobos" disait-elle, pourtant c'est plus assimilable à une torture malgré le peu de blessures présentes sur mon visage. Il m'a bien amoché le légume. La cubaine pose une compresse imbibée de bétadine sur l'ouverture à mon arcade, ça pique. Un pansement et hop, le tour est joué.

-Bon, donne t'es mains maintenant, m'ordonne la plus jeune, son ordre est directement exécuté.

Lorsqu'elle voit l'état de mes mains, sa neutralité devient du choc. On va dire aussi qu'avec la branlée mise au brun, il était carrément peu probable que ma main reste intacte. La cubaine sort de la biafine du mini-placard à côté de mirroir et se met à m'en appliquer sur les mains. Elle ne s'attarde pas et finit par me mettre des bandages dont l'utilité est nulle mais bon, voir la brune aux petits soins envers moi me réjouis plus qu'autre chose, déjà que la douleur n'était pas très présente, là elle est très loin derrière. Mes yeux deviennent irrésistiblement attirés par son visage, pour y déceler l'endroit où le coup a été porté à la cubaine. Sur sa joue, un bleu attire mon regard. J'attrape son visage entre mes mains et approche lentement le mien du sien pour au final laisser un simple bisou sur sa joue. Lorsque je me recule, je la vois les yeux fermés, qu'elle ne tarde pas à ouvrir pour fixer son regard au mien.

-Bisou magique, je lui souris.

-Mais, boude-t-elle. Je suis pas une enfant!

-Pourtant en te regardant on pourrait croire le total opposé!

-Alors non, je t'arrêtes, je suis immature, c'est pas pareil.

-C'est pareil!

-C'est pas pareil, chuchote-t-elle.

C'est seulement à ce moment que je remarque la proximité entre nos visages. A quel moment elle s'est rapprochée? Nos regard se plantent l'un dans l'autre jusqu'à ce qu'elle brise ce contact visuel pour fixer mes lèvres. Petit à petit, la distance diminue, elle ferme les yeux. J'allais faire de même mais la porte de la salle de bain s'ouvre d'un coup, faisant nous écarter rapidement la cubaine et moi. A l'embrasure de la porte se trouve Dinah qui nous fixe avec un sourire en coin. Pitié, ne crie pas Camren.

-Camreeeeen! S'écrie-t-elle avant de partir en courant, se faisant entendre dans toute la maison qui, je l'espère, est vide.

Je tourne mon regard vers la cubaine qui est rouge tomate. C'est compréhensible aussi, surtout quand une certaine personne se met à crier dans une maison.

-C'est pareil, je conclus en souriant et sors de la salle de bain après lui avoir laissé un "smack" sur la joue.

Quelques pas plus tard, je suis dans mon salon où personne ne se trouve et ma porte d'entrée est ouverte. Bah sympa. Aucun signe de Dinah, donc elle est déjà sortie crier Camren à toutes les portes. Mais, en ce moment, je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Ça fait à peine une dizaine de jours que je suis ici, à Tahiti, et la cubaine arrive à me faire passer par beaucoup de sentiments qui me sont inconnus au jour d'aujourd'hui. Peut-être que c'est ça l'amour, non?

Bien sûr, je n'ai jamais été cette gamine qui rêvait au prince charmant qui la sauverait d'un dragon. Je n'ai jamais voulu être à la place des princesses Disney. Moi, j'étais plus Mulan à l'école, lorsqu'on jouait entre copines au primaire. Lorsqu'on jouait aux Winx, je voulais toujours être Techna alors que les autres la détestaient. Mes parents n'étaient jamais à la maison pour me lire des histoires qui offrent du rêve à toutes les petites filles, beaucoup trop occupés par le travail. À mes quatre ans, notre nourrice ne s'occupait ni de Chris, ni de moi, elle passait son temps avec ses amies qu'elle invitait souvent à la maison et nous faisait jurer de ne rien dire à nos parents lorsqu'ils rentraient le soir pour dîner. Si je n'étais pas allée à l'école, j'aurais certainement fini dyslexique. Je m'en rappellerais toute ma vie. Puis arriva Taylor. Lorsqu'elle est née, un parent sur deux était constamment à la maison, la nourrice changea et c'en devint une plus gentille avec laquelle je m'entendais très bien du haut de mes cinq ans. Elle était devenue comme m'a deuxième mère. Le soir, elle me abordait et me racontait des histoires. Elle avait même une fille qu'elle emmenait parfois à la maison, une brunette aux yeux chocolat, mais lorsque mes parents l'ont licenciée à mes sept ans, je n'ai plus jamais entendu parler d'elles. Le seul nom qui me reste en mémoire est le prénom de la nourrice : Sinuhe.

Beach House (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant