Histoire de poux (partie 2)

40 6 13
                                    

Après de nombreuses heures de réflexion, nous établissons tant bien que mal un plan.

Bancal.

Très bancal.



Je secoue la tête pour la énième fois.

– Ça ne marchera jamais ! C'est bien trop porté sur le hasard.

– Parfois, le hasard fait bien les choses, souligne Pétunia.

Je sais que je me heurte à un mur en tentant de la ramener à la raison, mais je ne peux vraiment pas risquer autant nos vies.

– Souvent, le hasard fait très mal les choses et se retourne contre nous. Qu'est-ce qu'on fait, si ça échoue ?

– On se replie pour élaborer un plan B.

– Hors de question qu'on sacrifie les nôtres pour rien.

– Le principe d'un plan B, c'est qu'il est préparé à l'avance en cas d'échec du plan A, ajoute Méphisto d'un ton acide.

Je crois qu'il a une dent contre elle depuis leur dernière altercation.

Elle choisit de l'ignorer et me porte toute son attention.

– Eh bien, tu as quelque chose de mieux, peut-être ?

– Non, mais enfin, Pétunia, on ne va pas laisser mourir nos poux juste par dépit, parce qu'on n'a rien trouvé de mieux !

– Les laisser mourir... en cas d'échec, rectifie l'ex commandante.

Je me passe une patte sur le visage. Ce n'est pas possible d'être aussi têtu.

– Écoutez, Pétunia, intervient Izanami qui est jusque-là restée silencieuse, je pense que vous et votre amie êtes bien placées pour savoir ce que cela fait que de perdre les siens, non ?

Le pou aux reflets roux lui jette un regard perçant.

– Oui. C'est pour ça que peu importe le prix à payer, il ne faut pas que cela se reproduise. Je préfère mourir en me battant plutôt qu'en restant les pattes croisées.

– Chef, je peux vous parler un instant en privé ? nous interrompt Lentille, les sourcils froncés.

Elle entraîne Pétunia à l'écart. Je tends l'oreille pour écouter la conversation, mais elle parle trop bas. Elle n'a pas l'air très contente, et accompagne son sermon de petits gestes agacés des pattes. Pétunia la regarde, impassible, attend patiemment qu'elle termine son discours, puis prend la parole. Elle semble calme, mais ses mouvements de bras deviennent de plus en plus amples, traduisant sa révolte. Lentille secoue résolument la tête. Le ton hausse.

– Sortez un peu de votre petite personne, et pensez un peu aux autres, chef. Mettez-vous à leur place. On devrait déjà s'estimer heureuses qu'ils nous acceptent chez eux pour un temps, n'allez pas tenter de donner des ordres à une colonie qui n'est pas la vôtre et qui fonctionne différemment !

– Tu dis ça parce que ces poux te correspondent plus que chez nous, tu as toujours répété que tu n'arrivais pas toujours à suivre nos raisonnement, que nous foncions trop tête baissée !

– Bien sûr, mais chacun a le droit à son propre caractère, ce n'est pas un crime, si ? J'adore... J'adorais la colonie, se reprend-elle, cette atmosphère détendue et toujours partante pour une bonne rigolade, toujours partante pour une petite colonisation ! Je ne veux pas que d'autres vivent ce qu'on a vécu, je veux que ces poux puissent continuer leur existence ensemble ! Regardez-les, est-ce qu'ils ont l'air d'être prêts à sacrifier des dizaines des leurs juste parce que deux poux de ville débarqués comme un cheveu sur la soupe le leur demandent ?

Le piment de la vie (Ah, l'aventure...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant