Quelqu'un m'a envoyé un mail, un jour. Quelqu'un que j'apprécie beaucoup, quelqu'un qui manque d'assurance, quelqu'un qui a besoin de soutien. Quelqu'un qui n'aimerait pas voir ces mots, ses mots, reportés ici, à vue de tous. Et moi, je les reporte, ses mots. À la virgule près. Parce que c'est important, et parce que ce quelqu'un n'est sans doute pas seul à douter ainsi.
« J'imagine tout le temps et des idées d'histoires me viennent de nulle part. Voilà peut-être une explication :
" En produit, comme le racontent Carolyn Gregoire et Scott Barry Kaufman de Quartz, une trouvaille scientifique importante : aucune corrélation entre le génie créatif et le quotient intellectuel. Le génie n'est pas--ou pas seulement--quelqu'un d'extrêmement intelligent. Il y a autre-chose.Quoi ? Les conclusions de Barron semblent troubler le portrait autant qu'elles clarifient la situation. Ce que les créatifs ont en commun, c'est : une préférence pour la complexité et l'ambigüité, une tolérance élevée pour le désordre mais une grande capacité à sortir l'ordre du chaos, l'indépendance d'esprit, la non-conventionnalité, et une volonté de prendre des risques. Il résume : ils sont à la fois "plus primitifs et plus cultivés" que les autres. Avec ça on est avancés...
Le génie créatif : un introspectif, à la fois fou et sain d'esprit
En fait, si, Barron trouve un autre trait commun : une très grande capacité à l'introspection. Barron et un de ses collègues, MacKinnon, font une autre trouvaille : les créatifs ont des scores très élevés... à la fois dans les mesures de psychopathologies et dans les mesures de santé d'esprit.
La conclusion qu'en tire Barron : c'est grâce à l'introspection des créatifs. En effet, cette introspection permet une plus grande connaissance de soi--y compris des côtés plus sombres et dérangeants de l'âme. La théorie serait que les créatifs jouent sur toute la gamme de la vie humaine, du plus ordonné au plus désordonné. C'est pour cela qu'on a le cliché du génie fou, mais qu'en même temps de nombreux génies semblent plus ancrés dans la nature humaine, et dans leur vie.
La neurologie du génie : le jonglage avec la fonction "imagination" et la fonction "exécutive"
Le neurologiste Marcus Raichle a identifié en 2001 un concept important en neurologie : le réseau à l'intérieur de notre cerveau qui gère notre comportement au jour le jour. Ce réseau active de nombreuses régions partout dans notre cerveau, et nous l'employons plus de la moitié du temps, surtout lorsque nous faisons ce que les chercheurs appellent de la "cognition auto-générée"--lorsqu'on rêvasse, qu'on réfléchit, qu'on rumine, qu'on laisse son esprit vagabonder.
Mais ce réseau imaginatif ne sert pas qu'à ça, nous l'employons tous les jours. En effet, dans chaque situation de la vie, nous extrayons du sens--ce que les psychiatres appellent nos représentations mentales, par lesquelles nous interprétons nos vies et ce qui nous entoure. A chaque fois que nous tirons du sens de nos expériences, que nous nous souvenons du passé, que nous pensons à l'avenir, que nous imaginons ce que pensent les autres, ou des scénarios alternatifs dans notre vie, que nous écoutons ou racontons des histoires, ou que nous réfléchissons sur nous-mêmes, nous utilisons ce "réseau imaginatif" au coeur de notre cerveau.
Mais le "réseau imaginatif" n'est évidemment pas le seul aspect de notre cerveau. En effet, une autre composante clé de notre cerveau est le réseau dit "exécutif", qui contrôle la prise de décision. C'est lui qui contrôle notre attention et notre mémoire, nous permet de nous concentrer.
Là où les génies créatifs sont particulièrement doués, c'est qu'ils arrivent beaucoup mieux à activer et désactiver ces réseaux et à les faire fonctionner ensemble, alors que chez la plupart des gens ils se chevauchent et se contredisent. En somme, ils sont capable de jongler avec des modes de pensée qui pour la plupart des gens sont contradictoires--la réflexion et l'émotion, la délibération et la spontanéité."
Mais, est-ce que tu penses que ça veut dire que je suis folle? Je sais faire la différence entre la réalité et l'imaginaire mais parfois, je songe à écrire des histoires tristes ou violentes. Et je déteste le stéréotype selon lequel tout le monde croit que les écrivains sont fous. Le nombre de fois où je me suis demandé: comment je peux imaginer des choses pareilles ?
Voilà. »
Eh bien voilà ce que moi je crois.
Alors pour toi ça sous-entend que ceux qui passent leur temps à créer sont fous ? Drôle d'interprétation.
Moi, je vois un message encourageant, qui met les artistes en avant et pointe du doigt leur capacité à s'analyser eux-même sous toutes les coutures, à analyser le monde qui les entoure, le temps qui les enferme. Je vois un article qui prouve que les artistes sont capable de tout exploiter autour d'eux, en eux, qu'il peuvent inventer et créer à partir d'un ressenti, d'une émotion, d'un désir, même le plus enfoui, même le plus inconscient.
Je ne vois pas cette folie dont tu parles. Le seul stéréotype dont j'ai entendu parler, c'est que les écrivains sont pauvres. Mais fous ?Écrire une histoire triste, c'est une manière d'extérioriser sa tristesse, sa nostalgie, de la manière dont on voudrait l'extérioriser. Écrire une histoire violente, c'est une manière de laisser libre cours à tous ces sentiments qu'on ne peut libérer en étant soi-même. Parce que c'est interdit, parce que ce n'est pas correct. Il n'y a pas de mal à écrire une histoire violente. Il n'y a pas de mal à écrire une histoire triste. Est-ce que ça ne serait pas ennuyeux, un récit où les personnages seraient toujours heureux et pacifiques ?
La personne de l'artiste est son premier matériau de création. Il partage un morceau de lui-même avec les autres, implicitement, fait passer son opinion, secrètement, au travers de personnages, de photos, de peintures.
L'artiste n'est pas fou ; l'artiste est un metteur en scène.
Ne dis plus jamais que tu es folle.
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Le piment de la vie (Ah, l'aventure...)
Short Story~ Comment un petit mensonge peut mener à l'aventure... ~ Sont à ce jour publiés... - Le Piment de la Vie - Histoire de poux - Du rouge et du noir (et du jus d'orange) - Le Manoir dans le noir - Firmament - Avenir - Mythologie, licornes et polyfictio...