Prologue

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Tous les matins pour aider sa mère Louis se rend au marché. La fraîcheur du matin, les couleurs flamboyantes du soleil qui se lève, l'odeur des produits locaux, la voix des commerçants qui s'élève pour promouvoir tel ou tel produit, les acheteurs qui défilent dans les allées, toutes ces petites choses qui rendent son petit village vivant le rendent d'humeur joyeuse. Définitivement c'est un endroit chaleureux que Louis affectionne particulièrement. Il ne se voit pas commencer une journée sans flâner dans cette foire à l'ambiance plus que joyeuse, observer chaque échoppe attentivement, découvrant les nouveautés du jour, les inventions qui pourraient lui faciliter la vie, repérant aussi les camelotes vendues par des escrocs. Louis a toujours pensé que le meilleur moyen de faire ses courses ici était de se perdre et de se laisser porter par cette ambiance et que ce dont il avait besoin finirait par se présenter sous ses yeux d'une façon ou d'une autre. Une étale attire son attention, la pêche du jour y est entreposée, Louis n'est pas trop fan du poisson mais il sait que sa mère adore ça. Un filet de lieu noir lui fait de l'œil. Ce n'est pas le meilleur des poissons mais Louis n'est pas de bonne famille et sait se contenter de peu. Cela fait un moment qu'il n'a pas mangé de poisson et plus il le regarde plus il en a envie. C'est pourquoi Louis en demande une livre au commerçant monnayant 10 francs. Le prix a encore augmenté, Louis soupire en réalisant que la vie se fait de plus en plus cher. On se demande ce que fait l'état avec toutes ces taxes. Louis n'en a aucune idée. Il essaie de comprendre parfois mais la politique est une pratique qui lui échappe. Tous ces hommes et toutes ces femmes qui votent des lois sans réellement connaître le peuple qu'ils gouvernent contrarient énormément le mécheux. Il n'arrive pas à comprendre leur fonctionnement. Il va falloir faire attention se dit-il. Il lui reste peu de monnaie et Louis doit encore effectuer quelques courses. Il se dirige alors vers les producteurs de légumes à la recherche de quelque chose qui pourrait accompagner le filet de poisson. Son choix se porte sur quelques tomates bien rouges. Elles semblent sucrées et juteuses à souhait. Cela fera l'affaire pour sûr. Il achète aussi une petite salade pour ce soir. Il lui en coûtera 5 francs cette fois-ci lui laissant ainsi 6 francs sur l'argent que sa mère lui a donné. Un immense sourire se forme sur son visage alors qu'il se dirige vers le fond du marché. Il s'approche d'une petite étale près d'une devanture. Le magasin semble en ruine et pourtant la petite étale est bien là, une planche rêche, usée par les années supportant quelques articles qui semblent être exposés depuis des lustres. Des passants traversent la rue sans même prêter attention à cette enseigne défraîchie. Pourtant Louis regarde attentivement chaque marchandise. C'est un véritable plaisir pour ses yeux bleus, des tissus de toutes sortes et de tous coloris sont exposés sous ses yeux experts. Là, une vieille dame sort de la petite boutique et sourit en le voyant. Elle l'enlace puis lui demande ce qui lui ferait plaisir aujourd'hui. Louis analyse encore chaque millimètre d'étoffes à la recherche de la perle rare. Il veut un tissu doux, soyeux, voyant mais pas trop et surtout quelque chose qui le mette en valeur. Finalement un tissus bleu pâle attire son attention, il distingue quelques paillettes prise dans l'étoffe qui semble douce comme la soie. Cela l'inspire. Il en prend donc un mètre carré avec le peu de sous qui lui reste. La vieille femme aux yeux noisette lui sourit en coupant le tissu.

« Excellent choix, comme toujours. En plus cette couleur s'accorde parfaitement avec tes yeux.

-C'est ce que je me disais justement. Merci Estelle. »

Un sourire se forme sur son visage. Louis hâte de voir ce qu'il peut en faire. Il récupère le tissu, salut l'adorable vieille femme puis rentre à la maison. Cela fait quelques années déjà qu'il achète divers tissus et outils à cette femme d'un certain âge. Elle a de suite été touché par la passion qui habite les yeux du jeune garçon, elle lui a d'ailleurs avoué qu'elle se désolait de voir son savoir-faire se perdre avec le temps et s'est montré patiente avec le jeune homme afin de lui transmettre quelques techniques. Aujourd'hui, le jeune homme s'est beaucoup amélioré, si bien qu'il en connaît plus que la vieille femme qui n'hésite pas à lui demander conseil à l'occasion. Une fois rentré, il pose son panier sur le comptoir et commence par faire un brin de ménage dans la maison. Sa mère est très fatiguée, en effet elle travaille de nuit dans une supérette, un boulot peu gratifiant et très fatigant mais cela reste néanmoins un travail. C'est assez compliqué pour elle, le labeur des femmes n'est pas toujours bien considéré mais Louis sait qu'elle fait de son mieux alors il met un point d'honneur à faire tout son possible pour aider. Le mécheux est très reconnaissant envers sa mère qui se démène au travail pour leur assurer un minimum de confort. Lorsqu'il a terminé, il donne quelques miettes de pain à leurs canaris. Deux magnifiques oiseaux d'un jaune incroyable dont Louis ne se lasse pas d'écouter le chant si musical. Après cela, il coupe les tomates et commence à faire cuire le poisson. Depuis sa plus tendre enfance il aide au repas. Sa mère, Johannah dit de lui qu'il est un véritable cordon bleu ce qui ne manque pas de rendre fier le mécheux. Il a hérité de ses yeux bleus et de ses magnifiques cheveux châtains ainsi que des traits fins de son visage. Louis a déjà vu des photos de son père mais au fond, il ne lui ressemble pas tant que cela. Une fois qu'il a terminé il va réveiller sa mère. La quarantenaire travaillant de nuit a beaucoup de mal à se lever le matin et Louis a pris l'habitude de ne venir la chercher qu'une fois que tout est prêt. Il ne se lasse jamais du sourire de sa mère lorsqu'elle met les pieds sous la table et découvre le menu du jour.

Who I Should BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant