Pampelune

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  A vol d'oiseau, Pampelune se trouvait à soixante-deux kilomètres de San Sebastian. Par la route, il fallait compter vingt kilomètres supplémentaires et Arthur calcula qu'il lui faudra presque une journée complète pour y aller à pied, il décida donc de rejoindre la gare pour prendre un train. Par chance, la gare était ouverte et il acheta un billet pour rejoindre Pampelune. Le trajet dura une heure et demi et quand il arriva là-bas, c'était la fête. Les gens étaient heureux et courraient dans tous les sens. Il y avait une course avec des taureaux et des hommes allaient carrément sur la rue pour défier les bêtes qui étaient enragées. La foule était immense et tout le monde était habillé de vêtements blancs avec des foulards rouges. Arthur s'accouda à une barrière et observa le spectacle. C'était difficile pour lui d'imaginer que quelques kilomètres au nord, la situation était très tendue. Visiblement, les Espagnols semblaient en avoir rien à foutre de ce qui était en train de se passer. Il resta vingt minutes, commença à encourager les coureurs quand soudain, une explosion se fit entendre. Les spectateurs étaient tellement concentrés sur ce qu'ils étaient en train de voir qu'ils n'y prêtèrent aucune attention. Et puis une deuxième explosion retentit. La panique commença à se faire sentir, les policiers commencèrent à avoir l'air nerveux et une troisième, plus violente arriva. Et puis une quatrième. A la quatrième, ils poussèrent des hurlements de terreur et dans le gradin d'en face une bombe explosa sous les yeux d'Arthur. Il vit un homme se faire pulvériser tout comme les autres personnes à côté de lui, les autres eurent des bras et des jambes arrachés. Tout le monde évacua la zone et des policiers traînèrent des victimes qui étaient recouvertes de sang et qui hurlaient de frayeur. Arthur se mit à courir, comme tout le monde. Une dernière explosion se fit entendre et pulvérisa la façade d'un restaurant qui n'était pas occupé. De gros blocs de pierre tombèrent par terre et le jeune homme glissa et se protégea le visage. Quand il retira ses mains du visage, il y avait un nuage de poussière qui était en train de se dissiper et des gens étaient blessés ou étaient en train d'errer, le regard vide comme des zombies.

Il tituba en toussotant de temps en temps et quitta le quartier. Il entendit au loin des sirènes de polices et d'ambulances. Pendant plusieurs minutes, il se demanda s'il était en train de faire un cauchemar, mais en s'asseyant sur une marche d'escalier d'un perron, il se mit à pleurer et murmura « Non, ce n'est pas possible, je refuse de croire que je viens de voir des gens mourir sous mes yeux, c'est impossible ». Une heure plus tard, il chercha une épicerie et s'acheta une bouteille de whisky qu'il fourra dans son sac à dos. Il était 19 heures quand il se remit en marche. 

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