Eymoutiers

1 1 0
                                    

  C'était le début de l'après-midi quand il arriva à Eymoutiers, un village qui n'était pas loin de la Corrèze. La Volvo n'avait plus d'essence et il l'abandonna en plein milieu de la route. Le village était encore habité et un homme d'une cinquantaine d'année s'approcha de lui. Arthur sursauta et l'homme rigola un peu. 

-Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas armé. Je viens juste vous aider à dégager votre véhicule. On a un groupe de chasseur qui ne va pas tarder à revenir. Vous venez d'où ?-Je viens de Brive et j'ai eu droit à un petit comité d'accueil à Limoges, expliqua Arthur. Je voulais aller à Paris, mais je crois que ça sera impossible. 

Des hommes vinrent à leur aide pour déplacer le véhicule. 

-Vous avez besoin d'essence ? demanda un jeune homme d'une vingtaine d'année.
-Non, je crois que je vais continuer ma route.
Le quinquagénaire revint et lui dit.
-Restez avec nous quelque temps. Paris est une zone dangereuse et aura dans les prochaines heures une frappe nucléaire. Ne vous mettez pas en danger pour rien et d'ailleurs, pourquoi voulez-vous rejoindre cette ville ?
-Je voulais voir s'il y avait encore des habitants là-bas et si c'est le cas, je voudrais savoir comment ils font pour s'en sortir.
-A ce qu'on dit, il y a eu de violents affrontements qui ont fait pas mal de victimes. La police a tenté d'intervenir, mais eux aussi, ils se font massacrer par les gens et du coup, il y a de fortes chances pour que certaines zones soient plus armées que d'autres. En plus, on a aucune nouvelle des autres villes, on est coupés du monde à présent.
-Il y a eu une évacuation de Toulouse la semaine dernière et ça s'est relativement bien passé. On a tous été emmenés à l'aéroport, mais ma copine et moi n'avons pas pris d'avion. Elle est morte ce matin, expliqua Arthur la larme à l'oeil
-Oh, je suis vraiment désolé pour vous, s'excusa l'homme. Au fait, je m'appelle Michel et vous ? Ajouta-t-il en lui serrant la main.

Arthur lui répondit et Michel l'accompagna dans une maison où il lui servit un verre de Ricard, en lui disant « Ça vous remontera ». Il resta toute la journée dans la maison, allongé dans un lit et regardant le plafond de sa chambre. Il était en train de méditer et il pleurait de temps en temps. Des idées noires, il commençait à en avoir et il comptait se suicider. Tout s'était effondré autour de lui et son seul rayon de bonheur venait de mourir par sa faute, selon lui. Il n'avait plus aucune raison de vivre et ne voyait pas le bout du tunnel de cette crise. Oh, il n'était sans doute pas le seul dans cet état, malheureusement, il le savait très bien, mais il avait oublié ce genre de choses assez importantes depuis qu'il était dans son lit.

Les jours passèrent et il était encore dans le lit, avec des vêtements qui commençaient à puer. Son hôte failli s'énerver, mais d'un autre côté, il savait très bien que ça ne ferait qu'envenimer les choses et il avait pitié, pitié de ce jeune homme qui venait de perdre une personne avec qui il avait des projets et c'était ainsi une période de sa vie qui venait de s'écrouler lorsqu'elle venait de mourir. Son hôte failli s'énerver, mais d'un autre côté, il savait très bien que ça ne ferait qu'envenimer les choses et il avait pitié, pitié de ce jeune homme qui venait de perdre une personne avec qui il avait des projets et c'était ainsi une période de sa vie qui venait de s'écrouler lorsqu'elle venait de mourir. Mais même, d'une certaine façon, il était triste pour lui, car il voyait un jeune homme qui était en train de vivre une guerre, tout comme lui, mais la différence était qu'il avait sans doute déjà eu plus d'années heureuses que lui. Michel sortit de la chambre et descendit l'escalier. Il tomba sur sa femme et lui dit.
-Chérie, je me fais du souci pour le petit jeune qui est arrivé. Il est en train de faire une grosse déprime, et j'ai peur qu'il se suicide. Faut vraiment qu'on fasse un truc pour lui.
-Je ne sais pas non plus quoi faire, lui répondit-elle. Je pense qu'il faut qu'on laisse le temps faire les choses et peut être que ça ira mieux.
-Il a besoin de réconfort et je crois que c'est une mauvaise idée qu'on le laisse continuer de déprimer dans son coin, c'est pas comme ça qu'il ira mieux. Il a besoin d'aide et......
Michel n'avait pas le temps de finir sa phrase qu'il entendit un coup de retentir à l'étage. Il pâlit et alla rapidement dans la chambre d'Arthur. Quand il rentra dans la pièce, les murs étaient couverts de sang et l'on ne reconnaissait même plus le visage du jeune homme. Michel avait laissé inconsciemment son fusil dans sa chambre. Et il découvrit une lettre qui lui était destiné.
Fin 

Histoire et GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant