Toulouse

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  Il était bien content de retrouver son appartement et surtout sa ville natale. Il se déchaussa et se laissa tomber sur son lit et s'endormit. Arthur se réveilla dès les premières lueurs du jour et ouvrit la fenêtre. L'air était frais et agréable. Il descendit se balader le long de la Garonne et alla s'asseoir sur un banc. Il observait le jeu de lumière qui était en train de se faire sur les vieux immeubles et la chapelle de la Grave. C'était magnifique de voir la pâle lueur du soleil se projeter sur la brique rose et il esquissa un petit sourire. Elle était là sa fierté d'être toulousain, fier de vivre dans une belle ville qui était riche culturellement et qui avait un patrimoine exceptionnel. Toulouse était une de ses sources pour ses romans, car il y avait pas mal de lieux qui faisait qu'il y avait matière à écrire dessus, mais finalement, ses écrits devenaient de moins en moins originaux, car ils se passaient toujours au même endroit et surtout, ils se ressemblaient tous au niveau de l'histoire. Pourquoi tournait-il en rond ? La vérité, c'est que pour lui, il pensait que son style, inspiré des grands auteurs du XIXe siècle serait le bon moyen pour se faire connaître et donner envie aux gens de découvrir un peu plus sa région. Après tout, des cinéastes étaient bien arrivés à donner un certain attrait pour un paysage ou une ville parce que leur film avait cartonné. Il pensait qu'un livre pourrait tout autant, voir plus, toucher un public et lui donner envie de découvrir des endroits qu'ils ne connaissaient jamais ou qui ne les intéressaient pas. Certains de ses livres avaient été achetés, mais pas assez pour en faire un best-seller. Néanmoins, les critiques de son premier livre étaient très prometteuses et prédisaient un certain succès qui avait été présent, mais sans plus. Ce succès lui avait quand même permis d'être connu dans sa ville pendant quelque temps. Son dernier livre n'avait pas été publié et il le vivait très mal. Il l'avait tellement mal vécu qu'un jour, alors que sa copine tentait de le réconforter, il s'emporta contre elle, la gifla et elle rompue avec lui sur le coup. A maintes reprises, Arthur voulait se réconcilier avec elle et à chaque fois elle lui raccrochait au nez. Cette rupture l'avait profondément bouleversé.

Il sursauta quand une jeune femme qui devait avoir vingt-huit ans s'installa à côté de lui. Elle était jolie et elle portait une robe à fleurs et des escarpins noirs. Elle le regarda et lui dit.

-Je savais que je te retrouverais ici.
-Je ne m'attendais pas à ce que tu reviennes me voir, répondit froidement Arthur.
C'était son ex-petite amie et il avait abandonné tout espoir de pouvoir un jour la revoir. Limite, il ne voulait plus jamais en entendre parler.
-Je croyais que tu ne me voulais plus me parler, que t'avais tourné la page et que tu t'étais trouvé un nouveau mec, reprit-il. Le fait que tu ne me répondes plus m'a brisé le cœur.
-Ecoute, je suis désolée pour ce que j'ai pu te faire, Arthur, répondit-elle avec douceur. Je ne pensais pas que tu le prendrais aussi mal et puis, moi aussi, j'ai souffert de toujours te voir plongé sur ton ordi en train d'écrire ton livre. On a raté pas mal de moment ensemble alors que ça faisait cinq ans que nous étions ensemble.
-Tu as raison, mais tu savais très bien que c'était mon rêve d'écrire un livre dont je suis sûr que ç'aurait été un succès national. Il y avait toutes les raisons pour que ça marche, mais le problème, c'est que dans une société de cons, ça devient difficile d'essayer de relever le niveau intellectuel de la population.
Sa copine pouffa et se mit à sourire.
-Qu'ai-je donc dit ? Demanda Arthur
-Ce n'est pas en insultant de potentiel lecteurs de cons que t'arriveras à te faire, répondit-elle.
-Tu veux que je les appelle comment ?
-Je veux surtout que tu les respectes.
-Rien à voir avec du respect ou pas. Je pense surtout que les livres deviennent avant tout commerciaux et je n'ai pas envie justement que mes bouquins deviennent commerciaux avec un film et de produits dérivés derrière.
-Tu dis ça, mais je me souviens très bien qu'un réalisateur t'as contacté pour avoir le droit de faire une adaptation de ton premier livre. Je me souviens même que tu avais accepté, répliqua-t-elle d'un air malicieux.
Arthur ne savait pas quoi répondre, car il savait très bien qu'elle avait raison. D'ailleurs, il avait toujours gardé contact avec ce réalisateur et en était devenu même un de ses amis. Ils continuèrent de discuter pendant encore longtemps et ils renouèrent des liens qu'ils avaient rompus quelques années auparavant. Tous deux étaient heureux de se retrouver et il l'invita même à retourner dans son appartement. Chacun se raconta comment il avait fini par rejoindre Toulouse et Arthur lui expliqua qu'il avait abandonné sa Ford Mondeo à Biarritz avant d'ajouter tristement que probablement à l'heure qu'il est, elle devrait certainement être complètement détruite. Non pas par les potentielles bombes, mais plutôt par des pillards. Cette histoire l'a choquée quand même, mais fit un petit rire. En fait, ils avaient acheté tous les deux la voiture, mais Arthur l'avait gardée à son nom. 

Même s'il s'agissait que d'une voiture, ils y étaient quand même attachés, car ils avaient vécu ensemble des voyages et des déplacements qui les avaient profondément marqués comme par exemple quand Arthur avait fait la rencontre de ses futurs beaux-parents. A présent, c'était du passé. En revanche, ils s'étaient de nouveaux rapprochés durant cette soirée et sa copine, Sarah, décida de rentrer chez elle et lui promit de l'appeler dès qu'elle arriverait.Même s'il s'agissait que d'une voiture, ils y étaient quand même attachés, car ils avaient vécu ensemble des voyages et des déplacements qui les avaient profondément marqués comme par exemple quand Arthur avait fait la rencontre de ses futurs beaux-parents. Finalement, elle accepta et tous deux passèrent leur nuit à faire l'amour.
Le lendemain matin, vers neuf heures, Sarah reprit la route pour rentrer chez elle. Après l'avoir raccompagnée à sa voiture, Arthur s'allongea en travers de son lit et se demanda où il partirait. Il y avait toujours ces cordons de sécurité dans certaines rues, et même s'il était content d'être retourné dans son appartement de Toulouse, il avait encore cette folle envie de partir à l'aventure et son retour sur Toulouse n'était finalement qu'une escale dans son périple. Son départ n'était pas fixé et il avait prévu de partir quand bon lui semblerait. Cela pouvait être aussi bien dans la minute que le mois suivant. Mais il ne savait pas comment il partirait, car il n'avait plus de voitures ni aucun autre moyen de locomotion et serait donc obligé de marcher. Arthur passa alors des journées et des journées à la recherche de voitures, notamment dans les concessions automobiles, mais il n'y avait plus rien. Idem pour des motos et puis de toute façon, il ne savait pas en faire.
Il n'y avait que quelques trains ou des avions qui partaient de Toulouse, mais le prix des billets de train et d'avion s'envolait et les destinations étaient très limitées. En gros, ça ne valait pas le coup et la gare de Matabiau et l'aéroport tournaient au ralenti, de même que les autres moyens de transport de la ville qui avaient été réquisitionnés par l'Armée.
Une nuit, la même scène qu'il avait vécue à Biarritz se reproduisit. Une sirène se mit à retentir dans la ville, des coups feux eurent lieu et en se levant, Arthur entendit le bruit d'une explosion et une boule de feu s'élever. L'électricité était coupée et il descendit torse nu et en basket dans les rues bondées de gens qui étaient mal réveillés et qui se mirent à courir dans tous les sens, criant des mots inaudibles. Plusieurs hélicoptères survolaient la ville avec les projecteurs allumés, parfois braqués sur la foule. Des militaires étaient présents avec des camions et aidèrent les gens à monter à bord. Arthur monta à bord de l'un d'eux et vit des visages terrifiés. Des enfants ne comprenaient pas ce qui étaient en train de se passer et avaient les larmes aux yeux. Le camion avança et ils arrivèrent à l'aéroport vingt minutes plus tard, car de nombreuses personnes étaient dans leurs voitures en train de fuir la ville.






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